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La diversité des opinions rend elle vaine la recherche de la vérité ?

Publié le 15/02/2005

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Refuser l'opinion des autres revient à supposer que l'on dispose soi-même de l'unique vérité : est-ce réellement toujours le cas ? De plus, peut-on faire taire les voix divergentes au nom de la Vérité ? Le problème moral et politique est sous-jacent.   Proposition de plan : 1) Partons de cette tradition philosophique qui fait que la vérité est une et donc universelle. Aristote relevait déjà le principe de non-contradiction ; alors la diversité d'opinions ne peut être que le signe d'une errance ou tout du moins cela implique qu'une seule idée est dans le vrai et le reste se trompe. En creusant l'idée, on peut aboutir à la thèse extrême, celle d'un Protagoras qui prône un relativisme absolu. En effet, la vérité universelle n'existe pas et « l'homme est la mesure de toute chose », telle qu'elle lui apparaît à ses sens. L'être, la vérité est multiple et est ce qui se donne aux sens selon les individus et les circonstances. Aussi ne peut-on pas parler de LA vérité mais de vérités subjectives. Chacun établit sa norme.

Dans le « mythe de la caverne «, Platon montre comment les hommes, complaisamment enchaînés à leurs opinions, tournent le dos à la vérité. Seul contre tous et au péril de sa vie, le philosophe parvient à gravir la pente escarpée et à contempler le soleil du bien. Seul contre tous, il atteint la vérité universelle.  Pourtant, Socrate est toujours descendu sur l'agora afin de consulter chacun. Comme si la vérité ne pouvait être atteinte que par un échange, voire une confrontation entre différentes opinions.  Comment concilier cette double exigence d'enraciner la vérité dans un cheminement personnel et de la confronter, pour la partager, avec autrui ? Comment éviter à la fois l'aristocratisme, tellement persuadé d'avoir raison et méprisant d'autrui qu'il risque de devenir totalitaire, et la démagogie, voire le relativisme, qui donnent tellement raison à chacun que tout critère finit par disparaître ?

« pensée.

C'est donc l'être qui est mesure et condition du vrai, et non l'opinion singulière.

« Ce n'est pas parce que nous pensons d'une manière vraie que tu es blanc que tu es blanc, mais c'est parce que tu es blanc qu'en disantque tu l'es nous disons la vérité » (Aristote ). Puisque, s'il est vrai que tout est vrai, le contraire de cette affirmation ne saurait être faux, le relativisme trouve savérité dans le scepticisme.

Dire que tout est vrai, c'est dire tout aussi bien que tout est incertain et que rien nepeut être dit vrai. Il apparaît que le scepticisme comme le relativisme est une position intenable.

Dès qu'il se dit il se contredit. Ainsi, il s'agit de combattre cette diversité des opinions.

Car après tout, comme le souligne Platon en réponse àProtagoras, s'il y a bien du relativisme (ce plat peut me paraître, à moi, tout juste salé alors qu'il l'est énormémentpour un autre), la vérité universelle doit exister car 4 et 3 feront toujours 7 ; cela échappe au relativisme desphénomènes.

Il s'agit donc de trouver des critères de vérité, une méthode pour parvenir au vrai.

La philosophieclassique est riche de références et on peut citer en autres Descartes avec ses fameuses règles dans Le discours de la méthode . Transition : Seulement, un autre problème se pose : qui détient la vérité ? Comment est-on sûr de déceler le vrai du faux et qui peut se permettre d'imposer aux autres la vérité ? N'y a-t-il rien à tirer de la diversité des opinions ? 2) Les régimes dictatoriaux et surtout totalitaires, profite du principe de vérité universelle pour imposer leurs dogmes.

Parce qu'ils décrètent leurs idéaux comme véridiques et universels, ils interdisent la diversité des opinions.A sa manière, Tocqueville dans De la démocratie en Amérique montre qu'un despotisme nouveau (rejeton de la démocratie) est possible au travers l'uniformisation des esprits.

Uniformisation d'autant plus dangereuse qu'elle estdouce et voulue par le peuple car il délaisse au pouvoir ses droits et ses devoirs.

Un étatisme, un pouvoirpaternaliste et bienveillant moule les esprits afin de mieux les contrôler et dépossède les citoyens de leur liberté depenser.

Dans ces régimes, nul n'est enfermé pour leurs idées car on leur a ôté l'envie de débattre, de s'opposer oude se révolter.

Plus personne ne prend part à la vie politique et tous veulent la même chose : consommer sans sedemander si tel est notre bonheur.

Ainsi, la diversité des opinions peut légitimer l'autorité politique. La tendance des démocraties au despotisme chez TOCQUEVILLELa « tyrannie de la majorité » (Tome I, 11, 7 et 8) : la majorité est censée incarner la volonté du peuple et peutdonc légitimement imposer ses décisions à la minorité.

Elle risque d'abuser de son pouvoir, en opprimant la minorité.Dans une société égalitaire, l'opinion publique toute-puissante exerce un « empire moral » sur les hommes : par peurde ne pas ressembler aux autres et convaincus que il y a beaucoup plus de sagesse dans beaucoup d'hommes quedans un seul », ils se rallient à la pensée dominante.Le despotisme tutélaire : l'égalisation des conditions engendre l'atomisation du corps social et l'individualisme*.

Lescitoyens désertent l'espace public et ne se soucient que de leur bien-être.

Ils abandonnent l'exercice de leur libre-arbitre, en confiant à un pouvoir unique et central le soin d'administrer leur vie, de réglementer leur pensée et leuraction pour garantir leur bonheur et leur sécurité.

Considérablement étendu et renforcé, l'État exerce une tutelleabsolue sur des citoyens complices. En outre, c'est de la confrontation des idées que peut jaillir la vérité.

Les dialogues de Platon illustrent cettepensée.

C'est par un échange d'opinions que ressort le vrai (à condition de vouloir laisser de coté ses préjugés).C'est ce qui continue de se faire aujourd'hui en épistémologie.

Les scientifiques se réunissent en des colloques et nulne peut nier l'importance de la communauté scientifique. Transition : Cependant, parler d'une communauté d'esprit scientifique, souhaitable afin d'atteindre la vérité, c'est oublier le véritable sens du terme « opinion ».

Le débat constructif et fructueux, ne suppose-t-il pas la raison, l'idéeconstruite et démontrée plutôt qu'une simple opinion ? 3) En effet, les dialogues de Platon présupposent une confrontation d'idées et non d'opinions ; la communauté scientifique méconnaît l'opinion car elle repose sur le savoir véritable, c'est à dire des idées argumentées, desthéories cohérentes et logiques s'appuyant sur des démonstrations.

Il s'agit donc de définir rigoureusement l'opinion.C'est une idée préconçue, une idée reçue qui tient pour vrai ce qui se dit dans l'air du temps sans pour autant avoir. »

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