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La division du travail. Le « comment » du travail ?

Publié le 15/02/2004

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Il devient en général aussi ignorant et aussi stupide qu'il soit possible à une créature humaine de le devenir. » Au début du XX ième, Taylor invente « l'organisation scientifique du travail », qui vise à augmenter la productivité en rationalisant le travail. Le travail est divisé de telle sorte que chacun n'effectue plus qu'une parcelle de l'objet. Le travailleur répète toujours les mêmes gestes. Aucune habilité de métier n'est plus nécessaire, les tâches simplifiées peuvent être exécutées sans formation. Ce qui entraîne pour l'ouvrier une activité dénuée de sens et ennuyeuse, simple moyen de gagner sa vie. L'idée d'aliénation semble particulièrement adéquate pour désigner ces phénomènes. La « rationalisation » du travail, est critiquée comme déraisonnable d'un point de vue humain.D'autre part, au nom de l'égalité entre les hommes, il est possible de reprocher à la rationalisation du travail d'accentuer la division entre travail intellectuel et travail manuel et entre tâches de commandement et tâches d'exécution. En effet, l'organisation de la fabrication du produit doit être pensée entièrement à l'avance et la production décomposée en un certain nombre de gestes : ce travail préalable de conception n'est pas le fait de ceux qui exécuteront le travail.

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« A la fin du XVIII ième siècle, l'économiste Smith souligne l'accroissement de productivité apporté par la division du travail, telle qu'elle se développe dans lesmanufactures lors de la première révolution industrielle. « Prenons un exemple dans ne manufacture de la plus petite importance, mais oùla division du travail s'est fait souvent remarquer : une manufacture d'épingles. Un homme qui ne serait pas façonné à ce genre d'ouvrage, dont la division dutravail a fait un métier particulier, ni accoutumé à se servir des instruments qui ysont en usage, dont l'invention est probablement due encore à la division du travail–cet ouvrier, quelque adroit qu'il fût, pourrait peut-être à peine faire une épingledans toute sa journée, et certainement il n'en ferait pas une vingtaine.

Mais de lamanière dont cette industrie et maintenant conduite, non seulement l'ouvrageentier forme un métier particulier, mais même cet ouvrage est divisé en un grandnombre de branches, dont la plupart constituent autant de métiers particuliers.Un ouvrier tire le fil à la bobine, un autre le dresse, un troisième coupe la dressée,un quatrième empointe, un cinquième est employé à émoudre le bout qui doitrecevoir la tête.

Cette tête est elle-même l'objet de deux ou trois opérationsséparées : la frapper est une besogne particulière ; blanchir les épingles en estune autre ; c'est même un métier distinct et séparé que de piquer les papiers etd'y bouter les épingles ; enfin l'important travail de faire une épingle est divisé endix-huit opérations distinctes ou à peu près qui, dans certaines fabriques sontremplies par autant de mains différentes, quoique dans d'autres le même ouvrier enremplisse deux ou trois.

J'ai vu une petite manufacture de ce genre qui n'employaitque dix ouvriers, et où , par conséquent, quelqu'uns d'eux étaient chargés dedeux ou trois opérations.

Mais quoique la fabrique fût fort pauvre et pour cetteraison, mal outillée, cependant quand ils se mettaient en train, ils mettaient à boutde faire entre eux environ douze livres d'épingles par jour ; or, chaque livrecontient au-delà de quatre mille épingles de taille moyenne [...].

Mais s'ils avaienttous travaillé à part et indépendamment les uns des autres, et s'ils n'avaient pasété façonnés à cette besogne particulière, chacun d'eux assurément n'eût pas faitvingt épingles, peut-être pas une seule, dans sa journée, cad pas, à coup sûr, ladeux cent quarantième partie, et pas peut-être la quatre mille huit centième partiede ce qu'ils sont maintenant en état de faire, en conséquence d'une division etd'une combinaison convenables de leurs différentes opérations.

» SMITH , « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations ». Pour montrer l'efficacité de la division du travail, Smith prend comme exemple une fabrique qui produit des « objets de peu de valeur » et qu'il est donc utile de produire en grand quantité. Dans cet exemple, la division du travail possède deux aspects : d'une part,« fabriquer des épingles » devient un métier particulier alors qu'auparavant le forgeron fabriquait des épingles et aussi d'autres produits.

D'autre part ce métierlui-même est divisé en autant de métiers qu'il y a d'opérations à effectuer. L'habitude accroît l'habileté pour chacune de ces opérations, permettant ainsi uneplus grande rapidité dans le travail.

Mais la spécialisation a pour contrepartiel'incapacité à exercer le métier de forgeron dans toute sa diversité.

Et plus ladivision du travail augmente, plus chaque opération est simplifiée.

La dextéritéacquise par la répétition d'une tâche particulière n'est pas équivalente à l'habiletéde métier. Si Smith souligne ici l'utilité économique de la division du travail, à un autre endroit de son livre il en montrera la nocivité pour le travailleur : « Un homme dont toute la vie se passe à exécuter un petit nombre d'opérations simples [...] n'aaucune occasion de développer son intelligence ni d'exercer son imagination [...] Ildevient en général aussi ignorant et aussi stupide qu'il soit possible à une créaturehumaine de le devenir. ». »

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