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Doit-on considérer que, dans la nature, les êtres vivants ne sont que des moyens pour l'homme ?

Publié le 08/02/2004

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C'est également au nom de ce principe que l'on pratique l'élevage intensif d'animaux qui souffrent de leurs conditions d'élevage durant toute leur existence.Ces dernières années ont vu se développer une réflexion sur ces pratiques : même si l'on manque de moyens fiables pour dire que les animaux ont conscience de souffrir, on peut se demander si leur exploitation sans limite peut vraiment être justifiée. Certains penseurs de la bioéthique proposent de choisir comme critère les conditions de vie naturelles d'une espèce : il faudrait alors s'abstenir d'élever ces animaux dans des conditions allant contre la nature de l'espèce. Certains penseurs vont plus loin et réclament la proclamation de droits des animaux, voire la possibilité de représenter des animaux lors de procès dans lesquels les animaux eux-mêmes seraient considérés comme les plaignants revendiquant un traitement digne.Le problème de toutes ces propositions est bien sûr le fait que nous manquons d'un moyen de communication fiable pour vérifier le bien-fondé de nos principes : que ce soit pour exploiter les animaux comme des moyens, ou pour leur conférer les mêmes droits qu'aux hommes, nous en sommes réduits à des analogies invérifiables.Sans savoir exactement ce que nous devons aux êtres vivants de la nature, un critère limitatif pourrait cependant être ce que nous devons à notre propre dignité. Il n'est peut-être pas conforme à notre dignité d'avoir une attitude d'exploitation, de destruction et de gâchis à l'égard de tout le reste de la création. Il est peut-être conforme à notre conscience de saisir le caractère de rareté et de préciosité qui caractérise le monde qui nous entoure. Ce critère est en question par exemple lorsqu'il s'agit de justifier le choix de maintenir autant que possible la biodiversité. Sujet : Doit-on considérer que, dans la nature, les être vivants ne sont que des moyens pour l'homme ?

Analyse du sujet : La formulation du sujet («doit-on«) présente une alternative : 1.    soit il faut considérer que les être vivants ne sont que des moyens pour l'homme ; 2.    soit il faut considérer qu'ils ne sont pas que des moyens pour l'homme, et, dans ce cas, il faut chercher ce qu'ils peuvent être d'autre.     Il faut noter que la deuxième solution ne nie pas que les être vivants (= animaux et végétaux) soient des moyens pour l'homme : «ne... que«, indique qu'ils sont des moyens, mais peut-être aussi autre chose, à déterminer. On pourra éventuellement remettre en cause cette idée selon laquelle les être vivants sont des moyens pour l'homme. Reste donc à définir deux points : 1.    si les êtres vivants sont des moyens pour l'homme --- ou dans la mesure où ils le sont ---, il faudra se demander des moyens en vue de quoi ; 2.    s'ils ne sont pas que cela, il faudra se demander ce qu'ils sont d'autre. Il faudra aussi se demander de quel droit les hommes peuvent considérer les êtres vivants comme des moyens ou ne peuvent pas le faire. Quelle est l'autorité qui en décide ? Que signifie «considérer« ? Pourquoi la question n'est-elle pas : «Les être vivants ne sont-ils que des moyens pour l'homme ?« ? Quelle est la différence entre une telle formulation et la formulation de notre sujet ? «Considérer« est du point de vue de l'homme. «Considérer« peut signifier «faire comme si« : on choisit, par exemple, parfois, en physique, de considérer que les frottements sont négligeables, ce qui veut dire que, de notre point de vue, ils sont insignifiants, bien qu'ils soient là. On peut également considérer que les être vivants ne sont que des moyens pour l'homme, parce que, de notre point de vue, ils ne sont que cela, même si, par ailleurs, ils peuvent être autre chose, mais que cela n'a pas d'importance pour nous. La question n'est pas «peut-on«, mais «doit-on«. Il peut s'agir d'une obligation de fait (il faut considérer que les être vivants ne sont que des moyens pour l'homme parce que, de fait, nous ne considérons que comme cela), ou de droit (nous devons considérer les être vivants uniquement comme des moyens pour l'homme, parce que c'est leur rôle sur la terre d'être des moyens pour nous). Problématisation : L'homme est capable de se servir des être vivants pour se nourrir (des vaches, par exemple), se déplacer (chevaux), se soigner (plantes), etc. Mais cette possibilité de fait est-elle légitimée par un droit ? D'où vient ce droit ? L'homme a-t-il le droit d'utiliser les être vivants à n'importe quelle fin, ou seulement pour sa survie ? Les être vivants ne sont-ils que des moyens en vue des fins que se proposent les hommes ou sont-ils également autre chose, doivent-ils être respectés parce qu'ils sont, comme nous, porteurs de vie, ou avons-nous le droit de les considérer comme de simples outils à notre disposition, comme n'importe quel objet ?

« l La question n'est pas «peut-on», mais «doit-on».

Il peut s'agir d'une obligation de fait (il faut considérer que lesêtre vivants ne sont que des moyens pour l'homme parce que, de fait, nous ne considérons que comme cela), oude droit (nous devons considérer les être vivants uniquement comme des moyens pour l'homme, parce que c'estleur rôle sur la terre d'être des moyens pour nous). Problématisation : L'homme est capable de se servir des être vivants pour se nourrir (des vaches, par exemple), se déplacer(chevaux), se soigner (plantes), etc.

Mais cette possibilité de fait est-elle légitimée par un droit ? D'où vient cedroit ? L'homme a-t-il le droit d'utiliser les être vivants à n'importe quelle fin, ou seulement pour sa survie ? Les êtrevivants ne sont-ils que des moyens en vue des fins que se proposent les hommes ou sont-ils également autrechose, doivent-ils être respectés parce qu'ils sont, comme nous, porteurs de vie, ou avons-nous le droit de lesconsidérer comme de simples outils à notre disposition, comme n'importe quel objet ? Proposition de plan : 1.

Les être vivants ont été placés sur la terre pour que nous les utilisions. a) Les être vivants font partie des ressources dont nous disposons. Texte : Genèse , 1, 26-28, traduction oecuménique. « Dieu dit : « Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance et qu'il soumette lespoissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toute la terre et totues les petites bêtes qui remuentsur la terre ! » Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il les créa ; mâle et femelle il les créa. Dieu les bénit et Dieu leur dit : « Soyez féconds et prolifiques, remplissez la terre et dominez-la.Soumettez les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et toute bête qui remue sur la terre ! » Texte : Locke, Traité du gouvernement civil , chapitre V, §25-27, traduction David Mazel. « 25.

Soit que nous considérions la raison naturelle, qui nous dit que les hommes ont droit de se conserver, et conséquemment de manger et de boire, et de faire d'autres choses de cette sorte, selon quela nature les fournit de biens pour leur subsistance ; soit que nous consultions la révélation, qui nousapprend ce que Dieu a accordé en ce monde à Adam , à Noé , et à ses fils ; il est toujours évident, que Dieu, dont David a dit, qu'il a donné la terre aux fils des hommes, a donné en commun la terre au genre humain. Mais cela étant, il semble qu'il est difficile de concevoir qu'une personne particulière puisse posséder rien enpropre.

Je ne veux pas me contenter de répondre, que s'il est difficile de sauver et d'établir la propriété desbiens, supposé que Dieu ait donné en commun la terre à Adam et à sa postérité, il s'ensuivrait qu'aucun homme, excepté un Monarque universel , ne pourrait posséder aucun bien propre : mais je tâcherai de montrer comment les hommes peuvent posséder en propre diverses portions de ce que Dieu leur a donné encommun, et peuvent en jouir sans aucun accord formel fait entre ceux qui y ont naturellement le même droit. 26.

Dieu, qui a donné la terre aux hommes en commun, leur a donné pareillement la raison , pour faire de l'un et de l'autre l'usage le plus avantageux à la vie et le plus commode.

La terre, avec tout ce qui y estcontenu, est donnée aux hommes pour leur subsistance et pour leur satisfaction.

Mais, quoique tous lesfruits qu'elle produit naturellement, et toutes les bêtes qu'elle nourrit, appartiennent en commun au genrehumain, en tant que ces fruits sont produits, et ces bêtes sont nourries par les soins de la nature seule , et que personne n'a originellement aucun droit particulier sur ces choses-là, considérée précisément dans l' état de nature ; néanmoins, ces choses étant accordées par le Maître de la nature pour l'usage des hommes, il faut nécessairement qu'avant qu'une personne particulière puisse en tirer queqlue utilité et quelqueavantage, elle puisse s'en approprier quelques-unes.

Le fruit ou le gibier qui nourrit un Sauvage des Indes,qui ne reconnaît point de bornes, qui possède les biens de la terre en commun, lui appartient en propre, et ilen est si bien le propriétaire, qu'aucun autre n'y peut avoir de droit, à moins que ce fruit ou ce gibier ne soitabsolument nécessaire pour la conservation de sa vie. 27.

Encore que la terre et toutes les créatures inférieures soient communes et appartiennent en général àtous les hommes, chacun pourtant a un droit particulier sur sa propre personne, sur laquelle nul autre nepeut avoir aucune prétention.

Le travail de son corps et l'ouvrage de ses mains, nous le pouvons dire, sontson bien propre.

Tout ce qu'il a tiré de l' état de nature , par sa peine et son industrie, appartient à lui seul : car cette peine et cette industrie étant sa peine et son industrie propre et seule , personne ne saurait avoir droit sur ce qui a été acquis par cette peine et cette industrie, surtout, s'il reste aux autres assez de. »

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