Devoir de Philosophie

Doit-on préférer la beauté du geste créateur de l'artiste à celle de l'oeuvre ?

Publié le 26/01/2004

Extrait du document

En effet, lourd d'une tendance cartésienne, le classicisme prône la simplicité et la clarté, la production d'oeuvre selon une logique rationnelle seule capable de rendre compte de la rationalité du réel. Boileau, contre l'obscurité de la tendance baroque, affirmera ceci : « ce qui se conçoit simplement s'énonce clairement ». L'oeuvre doit s'efforcer, pour répondre à l'esprit cartésien de l'homme, de systématiser et de parfaire la nature, condition nécessaire du beau.      c. C'est à la Renaissance que s'affirmera d'abord une subjectivisation de l'art, en ce sens que l'artiste se libérera du joug de la raison logique, et considérera son art plus comme une activité libre que comme un travail contraignant. C'est cette libéralité de l'art qui va conduire à l'idée de l'art des Beaux-Arts. Le geste créateur de l'artiste sera pris en considération, l'artiste lui-même sera compris comme participant du divin. La Renaissance caractérise alors les débuts d'une esthétique au sens où l'oeuvre permet d'engendrer en l'homme une activité plus liée à sa sensibilité qu'à sa raison. Mais la connaissance de règles reste de mise. En effet, L.

« du beau que la raison.

Ce renouveau de l'esprit de finesse s'accorde en un sens à ce que disait Pascal : « Le cœur a ses raisons que la raison ignore ».

Ainsi par le jugement esthétique libre et désintéressé face à l'oeuvre doit êtrepromu le geste créateur, le génie.

Les Beaux-arts sont ainsi les arts du génie.

Par ce génie, l'art se lie avec lanature, la nature « donne ses règles à l'art » ( Critique de la faculté de juger , § 46).

La nature en effet donne de la beauté sans l'intention d'en donner.

L'œuvre du génie sera l'œuvre belle au sein de laquelle on ne verra pasl'intention de l'artiste.

Le génie marquera ainsi son œuvre par une forme d'originalité, originalité que les artistes desécoles auront peine à reproduire.

La création est œuvre de la liberté.

Le créateur, le grand artiste ne possède pas seulement un savoir-faire.

Il estcelui qui connaissant les règles antérieures en invente de nouvelles.

Le grand peintre, par exemple, n'est pas unpeintre d'École, un habile artisan qui applique scrupuleusement les règles esthétiques en vigueur à une époquedonnée.

Il ne suit pas les règles, il les transgresse, bref, il crée.

Le grand artiste, celui qui crée, est un génie.

« Le génie est la disposition innée de l'esprit par laquelle la nature donne ses règles à l'art » (« Critique de la faculté de juger »).

Pourquoi la nature ? Kant veut signifier par l'emploi du mot nature: · que la création ne s'apprend pas.

Un savoir-faire s'apprend et le grand artiste l'a acquis.

Mais il permet de re-fairece qui a été fait, d'imiter les grands, il ne permet pas de créer.

Le savoir-faire est une condition nécessaire mais passuffisante.

La création relève du don, de la nature définie comme ce qui est donné et n'est pas l'œuvre du savoir etdu travail.· puisque pouvoir créer est un don, celui-ci n'est pas intelligible.

Le génie invente les règles au fur et à mesure qu'ilcrée, sans avoir pensé ces règles et sans les avoir voulues.

L'artiste est inspiré au sens où il ne maîtrise pasentièrement ce qu'il est en train de faire, où, dans ces moments là, il n'a plus l'impression d'être l'auteur de sonœuvre.

La nature est ici ce qui est spontané, non pensé et ne dépend pas de notre pouvoir décisionnel ouintellectuel.Créer ce n'est pas seulement transgresser et nier.

Créer c'est produire quelque chose de nouveau.

Ce n'est pas fairen'importe quoi.

L'originalité ne suffit pas.

Créer c'est inventer de nouvelles règles esthétiques et l'artiste de génieinaugure ce qui deviendra une École.

III.

L'œuvre doit parler d'elle-même a.

La beauté doit s'entendre comme une expérience totale.

L'œuvre doit donner à penser, certes, mais aussi et surtout à voir.

L'œuvre fait sens d'elle-même, et sa présence suffit à imposer son essence même.

Le spectateur seconfond avec l'œuvre qui le transforme, qui lui donne une nouvelle possibilité de son être.

L'œuvre fait, par lagratuité de sa présence, une « libre faveur » à celui qui l'observe.

Elle se suffit à elle-même, et ne demande pasqu'on lui assigne une essence particulière.

Le langage de l'œuvre dépasse de loin celui de l'artiste, elle demande àêtre entendu.

La beauté doit, selon le terme de Cassirer , renouer l'homme avec son origine d'animal symbolique, et non d'animal rationnel.

La beauté de l'œuvre doit s'éprouver, non se prouver ; elle donne d'elle-même, sans besoinqu'on lui recherche une essence : « Ce dont on ne peut parler, il faut le taire » ( Wittgenstein , Tractacus ).

L'œuvre d'art montre et se montre enfin, mais ne se démontre pas.

La logique du sens est inépuisable au regard d'unconcept aussi ouvert qu'est celui de l'art.

b.

Si l'intention définit l'œuvre, avec Kant par exemple, elle peut se dissimuler derrière un acte subversif et ironique.

Mais l'intention ne se donne pas facilement à voir.

Ainsi pour M.

Duchamp , l'œuvre présente un concept, une proposition sur l'art.

Le concept doit s'incarner dans un objet physique par exemple (urinoir, porte-bouteille).

Le« ready made » de Duchamp peut être dit œuvre conceptuelle, puisque l'objet ne suffit pas à définir le concept.

Le« ready made » sera défini comme étant un « objet usuel promu à la dignité d'objet d'art par le simple choix del'artiste » ( Dictionnaire abrégé du surréalisme ).

La description pour Duchamp prime sur la perception (il n'y a rien à voir dans l'urinoir).

L'œuvre ne consiste pas dans l'objet, mais dans l'acte même.

L'objet n'est que l'occasion duconcept, et seul le geste de l'artiste (décision d'exposer un objet banal) rend compte du sens de l'œuvre.

La beautés'infiltre dès lors plus dans l'idée que dans l'objet.

Conclusion Le spectateur d'une œuvre d'art achève sa beauté.

L'artiste, ayant bouclé son œuvre, laisse le soin auspectateur de la contempler, et de la juger.

Mais on voit que le sentiment du beau est le produit d'une expérience(esthétique) totale, où sujet et objet s'inter réfléchissent dans le concept de beau.

Présence (ou grâce) suffisantede l'œuvre, et attention subjective et sensible du spectateur permettent le jeu du beau avec lui-même.

Toutefois,comme on l' vu avec Duchamp, il semble que le beau se soit enfuit vers de nouveaux modes d'appréhension duconcept de l'art, dont l'ouverture force le sens vers d'infinis horizons.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles