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Doit-on satisfaire tous ses désirs ?

Publié le 08/01/2004

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Et encore, ce sont là deux cas parmi des milliers d'autres à citer ! Eh bien, Xerxès et son père ont agi, j'en suis sûr, conformément à la nature du droit - c'est-à-dire conformément à la loi, oui, par Zeus, à la loi de la nature -, mais ils n'ont certainement pas agi en respectant la loi que nous établissons, nous !Chez nous, les êtres les meilleurs et les plus forts, nous commençons à les façonner, dès leur plus jeune âge, comme on fait pour dompter les lions ; avec nos formules magiques et nos tours de passe-passe, nous en faisons des esclaves, en leur répétant qu'il faut être égal aux autres et que l'égalité est ce qui est beau et juste. Mais, j'en suis sûr, s'il arrivait qu'un homme eût la nature qu'il faut pour secouer tout ce fatras, le réduire en miettes et s'en délivrer, si cet homme pouvait fouler aux pieds nos grimoires, nos tours de magie, nos enchantements, et aussi toutes nos lois qui sont contraires à la nature - si cet homme, qui était un esclave, se redressait et nous apparaissait comme un maître, alors, à ce moment-là, le droit de la nature brillerait de tout son éclat."PLATON, Gorgias, 483b-484a, trad. Canto, Garnier-Flammarion, 1987, pp. 212-213.(1) allusion à la seconde guerre médique conduite par Xerxès, roi des Perses, qui envahit la Grèce en 480 av. JCLe discours de Calliclès (Gorgias 483b - 484a)IntroductionCalliclès entend pratiquer une critique " généalogique " des lois en débusquant le type de vie qui se dissimule derrière leur apparente impartialité.Les arguments de CalliclèsFaite par la masse, la loi en exprime forcément les intérêts et les valeurs. Elle n'est donc universelle qu'en apparence.Cette loi est un instrument d'oppression non par la force mais par un mécanisme d'intériorisation.

« « Gorgias : Veux-tu savoir ce que sont le beau et le juste selon la nature ? Hé bien, je vais te le dire franchement !Voici, si on veut vivre comme il faut, on doit laisser aller sespropres passions, si grandes soient-elles, et ne pas les réprimer.Au contraire, il faut être capable de mettre son courage et sonintelligence au service de si grandes passions et de les assouviravec tout ce qu'elles peuvent désirer.

Seulement, tout lemonde n'est pas capable, j'imagine, de vivre comme cela.

C'estpourquoi la masse des gens blâme les hommes qui vivent ainsi,gênée qu'elle est de devoir dissimuler sa propre incapacité à lefaire.

La masse déclare donc bien haut que le dérèglement estune vilaine chose.

C'est ainsi qu'elle réduit à l'état d'esclavesles hommes dotés d'une plus forte nature que celle des hommesde la masse ; et ces derniers, qui sont eux-mêmes incapablesde se procurer les plaisirs qui les combleraient, font la louangede la tempérance et de la justice à cause du manque decourage de leur âme. Socrate : Mais, tout de même la vie dont tu parles, c'est une vie terrible ![...] En effet, regarde bien si ce que tuveux dire, quand tu parles de ces genres de vie, une vie d'ordreet une vie de dérèglement, ne ressemble pas à la situationsuivante.

Suppose qu'il y ait deux hommes qui possèdent,chacun, un grand nombre de tonneaux.

Les tonneaux de l'unsont sains, remplis de vin, de miel, de lait, et cet homme aencore bien d'autres tonneaux, remplis de toutes sortes dechoses.

Chaque tonneau est donc plein de ces denrées liquidesqui sont rares, difficiles à recueillir et qu'on obtient qu'au termede maints travaux pénibles.

Mais, au moins, une fois que cethomme a rempli ses tonneaux, il n'a plus à y reverser quoi quece soit ni à s'occuper d'eux ; au contraire, quand il pense à sestonneaux, il est tranquille.

L'autre homme, quant à lui, seraitaussi capable de se procurer ce genre de denrées, même sielles sont difficiles à recueillir, mais comme ses récipients sontpercés et fêlés, il serait forcé de les remplir sans cesse, jour etnuit, en s'infligeant les plus pénibles peines.

Alors, regarde bien,si ces deux hommes représentent chacun une manière de vivre,de laquelle des deux dis-tu qu'elle est la plus heureuse ? Est-cela vie de l'homme déréglé ou celle de l'homme tempérant ? En teracontant cela, est-ce que je te convaincs d'admettre que lavie tempérante vaut mieux que la vie déréglée ? [...] Gorgias : Tu ne me convaincs pas, Socrate.

Car l'homme dont tu parles, celui qui a fait le plein en lui-même et en ses tonneaux, n'a plus aucun plaisir, il a exactement le typed'existence dont je parlais tout à l'heure : il vit comme unepierre.

S'il a fait le plein, il n'éprouve plus ni joie ni peine.

Aucontraire, la vie de plaisirs est celle où on verse et reverseautant qu'on peut dans son tonneau ! » Platon , « Gorgias ». La nécessité de limiter ses désirs. Socrate esquisse là un idéal moral classique, que l'on retrouve dans toute l'histoire de la pensée occidentale.

Lebonheur est bien le fruit d'une satisfaction des désirs ; mais pour y parvenir, le Sage sait qu'il est plus sûr de limiterses désirs, puisque plusieurs sont nuisibles ou source d'inquiétude.

Ce thème est présent en particulier:- Chez les épicuriens: L'homme, en tant que vivant, est fortement incliné à poursuivre des buts premiers, ceux quisont induits par son corps : manger, boire, jouir de son corps sexué.

Tout le pousse à chercher son bien-être, àdésirer ce qui le favorise, à fuir ce qui lui apporte désagrément et douleur.

C'est ce que l'hédonisme antique, quiaffirmait que l'accès au bonheur passait nécessairement par le plaisir, avait compris.

Ainsi pour Epicure, le plaisir oula satisfaction du désir est un bien.

Mais s'il affirme que l'homme doit s'employer à rechercher le plaisir pour êtreheureux, il ne doit pas en faire la visée ultime ou le but de toutes ses actions.

Le plaisir ne doit pas être recherchépour lui-même, mais seulement pour éviter la souffrance et avoir la paix de l'âme.

Le bonheur n'est pas le fruit de laluxure : « Ce ne sont pas les beuveries et les orgies continuelles, les jouissances des jeunes garçons et desfemmes, les poissons et autres mets qu'offrent une table de luxueuse qui engendrent une vie heureuse, mais la. »

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