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Doit-on tout attendre de l'État ?

Publié le 15/01/2004

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Le problème se pose donc ainsi : l'État doit-il mettre en forme la société, la réduisant à n'être qu'une matière informe en elle-même que l'on devrait ordonner du dehors ? Ou bien la société civile n'a-t-elle pas sa propre structure ainsi qu'une capacité à proposer des projets et des idées, l'État se contentant de traduire juridiquement des demandes sociales ?    De plus, le problème n'est pas seulement de savoir si l'on peut ("peut-on ?") imposer une norme froide au corps social, mais si on le doit, est-ce à l'État de prendre en charge tout le projet politique ? Le sujet pose donc un problème de choix : qu'est-ce qui est souhaitable ? Il renvoie à l'opposition entre le collectif et l'individuel.    Est-il souhaitable que l'État prenne en charge toutes les dimensions de notre existence ? Bref, doit-on tout attendre de l'État ?  

« peuple et non pas résulter d'une prise de possession de fait.

Si l'État dit le droit, ma propriété est reconnue par lacollectivité.

La parole publique chasse donc le spectre de la violence privée. Ainsi, si l'État doit créer de la cohésion sociale, il faut tout en attendre du point de vue politique de la coexistencedes individus. B - FAUT-IL ÉCOUTER LA SOCIÉTÉ CIVILE ? La célèbre injonction du philosophe Michel Foucault nous amène cependant à la question suivante : la société civile(hors État) n'est-elle que la somme d'individus égoïstes ou n'est-elle pas déjà structurée selon des intérêts collectifspréexistant à l'État ? George Dumézil a mis en évidence la structuration de toutes les sociétés indo-européennestraditionnelles en trois classes : ceux qui prient (clergé), ceux qui défendent le peuple (la noblesse), les producteurs(paysans, artisans).

Marx distingue dans les sociétés modernes deux classes : ceux qui détiennent des capitaux("les capitalistes"), ceux qui n'ont que leur force de travail ("prolétaires"). L'histoire de toute société jusqu'à nos jours est l'histoire de la lutte desclasses.

Oppresseurs et opprimés, en perpétuelle opposition, ont mené unelutte ininterrompue, tantôt secrète, tantôt ouverte et qui finissait toujourssoit par une transformation révolutionnaire de toute société, soit par la ruinecommune des classes en lutte.

[ ...] Notre époque - l'époque de labourgeoisie - se distingue cependant par la simplification des antagonismes declasse.

La société tout entière se divise de plus en plus en deux vastescamps ennemis, en deux grandes classes diamétralement opposées : labourgeoisie et le prolétariat. Marx n'est pas le premier à poser l'existence de classes en lutte à l'intérieurd'une société.

Son originalité consiste plutôt à montrer que les classessociales ne sont déterminées que par le rôle qu'elles jouent dans les rapportsde production.

là se trouve la véritable origine des changements sociaux,politiques et juridiques. L'histoire de toute société se confond avec l'histoire de la lutte des classessociales qui la composent.

Les rapports de production déterminent entre lesclasses sociales des intérêts contradictoires, sources de luttes incessantes,ouvertes ou cachées.

Ces luttes permettent notamment d'expliquer lepassage de la société féodale à la société capitaliste. Enfin les sociétés contemporaines sont structurées en syndicats, mouvements sociaux, nationaux ou internationauxqui participent au projet politique et à la cohésion sociale. Ces mouvements sociaux, visés par Foucault, semblent réduire l'Etat à n'être qu'un "monstre froid" pour reprendre laformule de Nietzsche.

Ou bien ce monstre érige des normes contre le corps social, et c'est le totalitarisme.

Ou bienl'Etat se contente de légaliser ce qui existe déjà dans les faits : on peut songer au problème de légalisation del'usage du cannabis ou celle du mariage homosexuel. Friedrich Nietzsche: « L'Etat est le plus froid de tous les monstresfroids, il ment froidement et voici le mensonge qui sort de sa bouche :moi l'Etat, je suis le peuple.

» Le fait que l'Etat veuille se présenter comme la manifestation de lasouveraineté populaire n'est pas suffisant pour en assurer la légitimité : il y atoujours un écart entre le discours et les faits, entre les projets et leursréalisations.

Nietzsche se livre ici à une critique de l'Etat sous formemétaphorique en insistant sur sa monstruosité et sa froideur et, à cet égard,il pressent les dérives totalitaires que le XXème siècle à pu connaître aussibien dans le système soviétique que dans le fascisme ou le nazisme parexemple.

Dans les deux cas, c'est au nom du peuple que l'on assiste à lacorruption de la politique qui se compromet avec le mal.

"Ein Reich, ein Volk,ein Führer" disaient les Nazis : un Etat, un peuple, un chef, comme si cestrois entités étaient effectivement confondues.

Les communistes visaient àétablir la "dictature du prolétariat" en U.R.S.S., et le résultat de ces deuxidéologies se réclamant de la volonté populaire a donné lieu aux plus grandestragédies de notre histoire.

L'Etat peut donc à tout moment êtreinstrumentalisé pour être mis au service du totalitarisme, et la perversion estd'autant plus efficace qu'elle passe pour l'expression de la volonté populaire.

Ilne faut donc pas perdre de vue le fait que l'Etat n'est pas le peuple et rester. »

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