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Doit-on tout attendre de l'Etat ?

Publié le 15/01/2004

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Est-ce à l'État de prendre en charge tout le projet politique ? Le sujet pose donc un problème de choix : qu'est-ce qui est souhaitable ? Il renvoie à l'opposition entre le collectif et l'individuel. Est-il souhaitable que l'État prenne en charge toutes les dimensions de notre existence ?

A - LE SPECTRE DU DÉSORDRE

La perspective du tout-politique ne prend son sens que par la hantise du désordre toujours possible des individus, cette préoccupation est sensible dans les philosophies qui problématisent l'État de nature. Selon Hobbes, sans Etat, "l'homme est un loup pour l'homme". En effet, l'individu recherche son intérêt et s'oppose ainsi aux autres. L'état de nature est logiquement et humainement insupportable, car il y règne la violence. Il entraîne l'insécurité pour l'homme. Il faut donc pour que l'humanité puisse vivre en société qu'elle se donne les moyens de créer les conditions de la paix.

« La violence étant toujours possible, il faut donner tout le pouvoir à l'État(Léviathan) dont la vertu est d'être au-dessus des parties, donc d'êtreimpartial et pacificateur.

Ainsi, pour conjurer "la guerre de tous contre tous",les individus doivent aliéner leurs pouvoirs et le remettre à un tiers, l'État. En dehors de l'Etat, les hommes jouissent d'une liberté absolue.

Mais chacundisposant de la même liberté absolue, tous sont exposés à subir des autres cequi leur plaît.

La constitution d'une société civile et d'un État oblige à unenécessaire limitation de la liberté : il n'en reste que ce qu'il faut pour vivrebien et vivre en paix.

Chacun perd de sa liberté cette part qui pouvait lerendre redoutable pour autrui.

Dans l'état de nature, chacun jouissait d'undroit illimité sur toutes choses, mais tous disposant du même droit, nul n'étaitassuré de ne rien posséder durablement.

L'État garantira la sécurité d'un droitde propriété limité.

Enfin, dans l'état de nature, chacun était exposé à lamenace d'autrui : il pouvait être à tout instant dépouillé de ses biens et tué.Dans une société civile, seul le pouvoir de l'État s'arroge ce droit.

Un Etatcapable de protéger tous les citoyens de la violence des uns et des autres,de garantir la sécurité de leurs corps et de leurs biens, de leur assurer lajouissance des fruits de leur travail, de faire régner la paix, la civilité, le savoiret la sociabilité ne peut être que despotique.

Pour sortir les hommes del'empire des passions, de la guerre, de la crainte, de la pauvreté, de la solitude, de l'ignorance et de la férocité,l'État est une puissance absolue, instituée en vue de la paix et de la sécurité.

"Quiconque a droit à la fin, a droit auxmoyens." Chaque homme ou assemblée investis de la souveraineté sont juges absolus de tous les moyensnécessaires pour protéger ou garantir cette fin.

"Une doctrine incompatible avec la paix ne peut pas davantage êtrevraie, que la paix et la concorde ne peuvent être contraires à la loi de nature." La seule manière d'ériger un État estque tous confient leur pouvoir et leur force à un seul souverain (homme ou assemblée).

Toutes les volontés doiventêtre réduites à une seule volonté.

L'État n'est pas un consensus ou une concorde, mais une unité réelle de tous enune seule et même personne. On retrouve cette notion d'aliénation chez Rousseau : dans la société civile non réglée par le contrat social, règnela loi du plus fort.

L'attribution de la propriété, par exemple, doit passer par la médiation collective de l'assemblée dupeuple et non pas résulter d'une prise de possession de fait.

Si l'État dit le droit, ma propriété est reconnue par lacollectivité.

La parole publique chasse donc le spectre de la violence privée. Ainsi, si l'État doit créer de la cohésion sociale, il faut tout en attendre du point de vue politique de la coexistencedes individus. B - FAUT-IL ÉCOUTER LA SOCIÉTÉ CIVILE ? La célèbre injonction du philosophe Michel Foucault nous amène cependant à la question suivante : la société civile(hors État) n'est-elle que la somme d'individus égoïstes ou n'est-elle pas déjà structurée selon des intérêts collectifspréexistant à l'État ? George Dumézil a mis en évidence la structuration de toutes les sociétés indo-européennestraditionnelles en trois classes : ceux qui prient (clergé), ceux qui défendent le peuple (la noblesse), les producteurs(paysans, artisans).

Marx distingue dans les sociétés modernes deux classes : ceux qui détiennent des capitaux("les capitalistes"), ceux qui n'ont que leur force de travail ("prolétaires"). L'histoire de toute société jusqu'à nos jours est l'histoire de la lutte desclasses.

Oppresseurs et opprimés, en perpétuelle opposition, ont mené unelutte ininterrompue, tantôt secrète, tantôt ouverte et qui finissait toujourssoit par une transformation révolutionnaire de toute société, soit par la ruinecommune des classes en lutte.

[ ...] Notre époque - l'époque de labourgeoisie - se distingue cependant par la simplification des antagonismes declasse.

La société tout entière se divise de plus en plus en deux vastescamps ennemis, en deux grandes classes diamétralement opposées : labourgeoisie et le prolétariat. Marx n'est pas le premier à poser l'existence de classes en lutte à l'intérieurd'une société.

Son originalité consiste plutôt à montrer que les classessociales ne sont déterminées que par le rôle qu'elles jouent dans les rapportsde production.

là se trouve la véritable origine des changements sociaux,politiques et juridiques. L'histoire de toute société se confond avec l'histoire de la lutte des classessociales qui la composent.

Les rapports de production déterminent entre lesclasses sociales des intérêts contradictoires, sources de luttes incessantes,ouvertes ou cachées.

Ces luttes permettent notamment d'expliquer lepassage de la société féodale à la société capitaliste.. »

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