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Le don peut-il être gratuit ?

Publié le 14/07/2004

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don

L'échange Ce qui caractérise l'échange c'est la réciprocité. Échanger a pour fin l'acquisition de l'objet contre lequel on donne à l'autre ce que l'on possède déjà. En ce sens, on pourrait dire que l'échange s'inscrit essentiellement dans l'ordre du réel : ce que j'échange c'est le produit de mon travail, c'est ce que je possède, non ce que je suis. L'objet a non pas la valeur d'un signe mais une valeur identique à celle de l'objet échangé, une valeur « matérialisable« pour ainsi dire. Cependant, on sait que l'échange revêt également une dimension symbolique essentielle : la relation d'échange est une relation réciproque où des sujets se reconnaissent mutuellement (cf. la vie sur les marchés, le marchandage...). L'échange est cet acte humain où la liberté se révèle en se démarquant des objets échangés et donc relativisés. En ce sens, il y a quelque chose dans l'échange qui le rapproche du don. Le don Si le don n'est pas une notion du programme, c'est pourtant à son propos que la question posée nous invite à réfléchir : c'est la notion centrale du sujet. Le don est par essence libre, il n'appelle pas un acte en retour, ou du moins il n'est pas conditionné par l'attente d'un retour, il n'est pas calculé. Il a sa cause en lui-même et non dans la mise en rapport de deux objets, préalable et constitutive de tout échange. Ce qu'on donne, ce n'est pas quelque chose qui s'échange, ce n'est pas un objet, c'est soi-même, c'est quelque chose qui manifeste la liberté de celui qui donne, sa « grandeur d'âme «. On ne donne pas une chose parce qu'elle est chose mais parce qu'elle est signe. La chose que l'on donne est le signe d'un acte qui est sa propre fin. En ce sens, le don est essentiellement gratuit. Mais cette gratuité est l'expression d'une espérance : le donateur espère que son don sera reconnu comme étant le signe de sa libéralité, de sa «grandeur d'âme«. Il espère être reconnu comme un être libre, une personne échappant aux déterminismes et à la loi de l'échange. C'est ainsi que le don impose le respect, crée une dette et appelle une certaine forme de réciprocité.

don

« d'un objet contre l'acquisition de la propriété d'un autre objet (dans le cas du troc) ou sur l'équivalent d'un autreobjet (c'est-à-dire contre de l'argent) constitue un échange.

Cette non-réciprocité ne correspond pas seulement àun décalage temporel entre le moment où le donateur ferait un don et où le bénéficiaire du don devrait rendre ledon.

Ce décalage caractérise le prêt : un prêt est un échange où la réciprocité n'est pas immédiate. C.

Le don, par conséquent, n'est pas réciproque.

Il est par ailleurs fréquemment accompagné de plaisir.

Or un acteest gratuit à condition qu'il ne soit pas l'effet d'un quelconque intérêt.

Puisque le don n'est pas réciproque, il ne peutêtre motivé par un quelconque intérêt.

Le don semble donc, par essence, gratuit.Pourtant, n'est-ce pas là une vision idéalisée des motifs à l'origine du don ? Bien des actes apparemment gratuitsrépondent à des intérêts bien dissimulés. 2.

Le don est une forme particulière de l'échange. A.

Nous ignorons les motifs ultimes de nos actes.

La psychanalyse nous apprend en effet que nous ignorons le plussouvent les raisons de nos actes : nous nous masquons souvent les motifs qui nous font agir.

Même les actes quisont en apparence les plus généreux peuvent en fait cacher des motifs intéressés : le besoin de se valoriser peutêtre à l'origine de ces actes.

En outre, tous nos actes ont des causes : quelle raison aurions-nous d'agir, sinonnotre intérêt?B.

Surtout, les ethnologues ont montré que, dans certaines sociétés primitives, la distribution des biens dans lasociété ne repose ni sur le troc ni sur l'échangefaisant intervenir l'argent.

Mais ceux qui possèdent les biens, c'est-à-dire les chefs de famille ou de village, lesdistribuent régulièrement, dans des cérémonies ritualisées, en vertu de leur rang dans ces sociétés.

Dans cetteperspective, le don ne s'oppose pas à l'échange.

Notre caractérisation initiale de cette dernière notion était donctrop étroite : il y a échange chaque fois que l'attribution de la propriété sur un objet à autrui correspond à lamanière dont les biens sont normalement répartis entre les membres d'une société.Mais peut-on véritablement généraliser cette analyse à nos sociétés ? Et tous les dons correspondent-ils à cetteforme d'échange? 3.

Le plaisir du don, c'est le plaisir de la gratuité. A.

Le don possède une propriété sur laquelle il convient d'insister : le don est, par essence, accompagné de plaisir,et ce plaisir est dû au fait de donner et non au fait de recevoir, en retour, quelque chose venant satisfaire un désirparticulier.

Ce point distingue le don de l'échange : l'échange peut susciter un plaisir, car il permet d'acquérir unobjet désiré.

Le don, quant à lui, suscite un plaisir paradoxal, dû au fait même que le donateur n'a rien à gagner parce don : ainsi, la gratuité du don est une condition du plaisir pris au don. B.

Le don n'est donc pas nécessairement une figure de l'échange.

Certains dons sont bel et bien gratuits.. »

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