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L'indifférence est-elle immorale ?

Publié le 10/01/2004

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Ce sont encore des impératifs de l'habileté. Ils disent comment atteindre telle fin. Ils ne s'occupent que des moyens, pas des fins. Ces impératifs sont non moraux au sens où ils n'appartiennent pas au domaine de la morale (on emploie alors le terme d' « amoral »), mais non pas au sens où ils seraient contraires à la morale (on emploie alors le terme d' « immoral »). Toutefois, ils peuvent très bien glisser de l'amoralité vers l'immoralité, et c'est pour cela qu'ils sont disqualifiés par Kant. Exemple : « Les prescriptions que doit suivre le médecin pour guérir radicalement son homme, celles que doit suivre un empoisonneur pour le tuer à coup sûr, sont d'égale valeur, en tant qu'elles leur servent les unes et les autres à accomplir parfaitement leurs desseins. » (Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs). Dans cet exemple, se présentent deux sortes de fins opposées : dans un cas, il s'agit d'une fin positive, la santé, dans l'autre, d'une fin négative, et cela, doublement, puisque cette fin est la mort, et même, le meurtre. L'impératif hypothétique commande comment il faut faire pour tuer quelqu'un, donc, pour atteindre une fin moralement négative : il est donc explicitement immoral. Le premier indique comment il faut guérir un malade, donc, comment atteindre une fin bonne (mais pas, pour autant, moralement bonne : la santé n'a rien à voir avec la morale, au sens où elle n'appartient pas de son domaine).

Quelle est la nature morale de l’indifférence ? L’indifférence, en tant qu’on la définit en un sens générique comme absence d’affection, est-elle systématiquement immorale, c’est-à-dire à la fois dépourvue de toute moralité, mais encore contraire à la morale ? Est-il légitime de situer l’indifférence dans un discours moral, ou, à l’inverse, ne relève-t-elle pas d’un « au-delà « de la moralité qui fait que tout jugement de valeur moral sur l’indifférence ne serait pas fonder en droit ? C’est donc bien la nature même de l’indifférence qui est ici mise à la question, mais aussi la portée d’un discours moral et son champ d’extension légitime.

« · Ne rien ressentir devant la misère d'autrui, misère que j'ai pourtant devant les yeux correspond, de fait, à un sentiment tout à fait immoral, et ce à travers deux dimensions :déjà parce que je nie, en ne la reconnaissant pas comme telle, la souffrance éprouvée parautrui, mais aussi parce que je suis moi-même aliéné puisque aucun sentiment ne m'anime. · En effet, on pourrait dans cette perspective l'analyse que fait Rousseau à propre de la pitié : « Je ne crois pas avoir aucune contradiction àcraindre, en accordant à l'homme la seule vertunaturelle, qu'ait été forcé de reconnaître leDétracteur le plus outré des vertus humaines.

Jeparle de la pitié, disposition convenable à des êtresaussi faibles, et sujets à autant de maux que nous lesommes; vertu d'autant plus universelle et d'autantplus utile à l'homme qu'elle précède en lui l'usage detoute réflexion[...] Il est donc bien certain que lapitié est un sentiment naturel qui, modérant danschaque individu l'activité de l'amour de soi-même,concourt à la conservation de toute l'espèce.

»(Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalitéparmi les hommes).

Si la pitié est une vertu naturellede l'homme, alors ce qui ne ressent rien, c'est-à-direcelui qui se trouve dans l'état d'indifférence la plustotale, est un être aliéné quant à sa propre nature. · En réalité, l'indifférence est, dans une seconde perspective (à savoir non plus seulement envers soi-même mais dans la relation à autrui), immorale voiredangereuse, puisqu'elle peut tout à fait s'incarner àtravers des actes de barbaries intolérables : prenons ainsi l'exemple de la torture, le bourreau (s'il veut tenir) doit bien rester indifférent à lasouffrance qu'il inflige ainsi à celui qu'il torture.

L'indifférence est immorale précisémentparce qu'elle a pour conséquence des pratiques tout à fait immorales qui consiste à refuserde votre en l'autre un être humain digne de pitié. · Mais niant ainsi l'autre, le bourreau se nie lui-même dans sa qualité d'homme : c'est en ce double sens qu'il faut comprendre que l'indifférence est immorale. II- L'indifférence ou l'amoralité · Pourtant, d'un point de vue purement objectif, ce n'est pas tant l'indifférence en elle- même qui est immorale que les conséquences qu'elle peut engendrer. · En effet, on peut être tout à fait indifférent à la souffrance d'un homme et pour autant lui apporter la charité.

En ce sens, l'indifférence est par nature non pas immorale maisamorale, c'est-à-dire qu'elle n'a pas de rapport direct au discours sur la morale. · Ainsi, Kant appelle les impératifs non moraux, des impératifs conditionnels.

Ces derniers stipulent : « si tu veux… alors tu dois… ».

Ce sont encore des impératifs de l'habileté.

Ilsdisent comment atteindre telle fin.

Ils ne s'occupent que des moyens, pas des fins.

Cesimpératifs sont non moraux au sens où ils n'appartiennent pas au domaine de la morale (onemploie alors le terme d' « amoral »), mais non pas au sens où ils seraient contraires à lamorale (on emploie alors le terme d' « immoral »).

Toutefois, ils peuvent très bien glisser del'amoralité vers l'immoralité, et c'est pour cela qu'ils sont disqualifiés par Kant.. »

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