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Le droit et la force ?

Publié le 11/02/2004

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La loi a la consistance de la réflexion, acceptée par le discours de Calliclès en tant que c'est un discours et non un pure violence.La cité, dit Aristote, exclut aussi bien ceux qui sont trop inférieurs (bestialité) que ceux qui sont trop supérieurs (les dieux, les héros), puisqu'il est impossible à l'individu moyen de se reconnaître en eux. Toute éducation a donc bien une dimension de dressage à la " semblance " (être le même que soi parce qu'on s'est soumis à ce qui rassemble les semblables) c'est-à-dire à la médiocrité. Cependant les dispositions exceptionnelles ne sont pas naturelles mais humaines (l'idée d'un gène de la musique, de la philosophie ou des mathématiques est absurde, puisque ce sont des réalités exclusivement culturelles) : les " dons " sont des attitudes envers le monde et surtout envers soi-même (une éthique) motivées par une situation en fin de compte toujours sociale. Dès lors si la vie commune peut parfois étouffer de grandes individualités potentielles, elle est cependant le seul lieu de leur possibilité. En réalité le danger reste très minime : être une personnalité d'exception étant une question d'éthique et non pas de nature, autrement dit la semblance étant une position subjective et non un état objectif, il faudrait des circonstances extrêmement particulières et rares pour qu'un individu ne soit pas totalement responsable de sa vie. Donc même si l'on admet cette absurdité que constitue l'idée d'un don naturel, l'argument de Calliclès qui attribue cette responsabilité à la société reste sans portée réelle.Calliclès confond le fait et le droit : la nature atteste de ce qui est, pas de ce qui doit être. Quand il s'agit des lois de la cité, son invocation est donc nulle par principe. D'autre part il confond l'universalité des lois de la nature qui est absolue ou a priori (si on ne la pose pas l'idée même de nature n'a aucun sens, et avec elle la simple éventualité du savoir) et celle des lois de la cité qui est relative ou réflexive (c'est le rapport du peuple à lui-même).
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« NOTE: Témoin de la victoire de Napoléon à Iéna, Hegel écrit dans une lettre: "Je vis l'empereur, cette âme du monde, traverser à cheval les rues de la ville." Ce que Hegel admire en Napoléon, c'est le fondateur de l'Etatmoderne.

Pour lui, l'Etat est une fin indispensable de l'organisation humaine, c'est grâce aux Institutions étatiquesque les hommes peuvent devenir des citoyens libres et rationnels. Pour Marx, le droit exprime la force en ce sens qu'il n'est rien d'autre quel'expression de la puissance de la classe sociale dominante dont il traduit lesvolontés.

C'est ainsi que les droits de l'homme proclamés en 1789n'exprimeraient rien d'autre que les besoins de la classe bourgeoise en pleineascension.

L'idée d'égalité exprimerait simplement l'ambition de la bourgeoisiequi, consciente de sa puissance économique grandissante, veut accéder auxmêmes privilèges que la noblesse.

L'idée de liberté est également liée auxintérêts de la bourgeoisie.

Ainsi, lorsqu'en 1791, au nom de la liberté, la loi LeChapelier supprime les corporations, cela voudrait dire tout simplement que lechef d'entreprise désire trouver devant lui des employés «libérés» de cessyndicats organisés qu'étaient les corporations, des ouvriers isolés et sansdéfense devant leurs maîtres bourgeois. « Au fur et à mesure que le progrès de l'industrie moderne développait,élargissait, intensifiait l'antagonisme de classe entre le capital et le travail, lepouvoir d'État prenait de plus en plus le caractère d'un pouvoir public organiséaux fins d'asservissement social d'un appareil de domination d'une classe.Après chaque révolution, qui marque un progrès de la lutte des classes, lecaractère purement répressif du pouvoir d'État apparaît de façon de plus enplus ouverte» [La Guerre civile en France, p.

60-61].

La conception marxistede l'État est ici résumée dans son principe essentiel : l'État capitaliste estl'appareil de domination de la classe ouvrière par la bourgeoisie, y compris par la violence comme ce fut le cas, par exemple, durant les journées de juin 1848.

Durant celles-ci, la républiquebourgeoise avait montré le despotisme absolu d'une classe sur les autres classes.Ainsi, l'État n'est pas extérieur ou au-dessus de la société.

« Il est bien plutôt un produit de la société à un stadedéterminé de son développement ; il est l'aveu que cette société s'empêtre dans une insoluble contradiction avecelle-même, s'étant scindée en oppositions inconciliables qu'elle est impuissante à conjurer.

Mais pour que lesantagonistes, les classes aux intérêts économiques opposés, ne se consument pas — elles et la société — en unelutte stérile, le besoin s'impose d'un pouvoir qui, placé en apparence au-dessus de la société, doit estomper leconflit, le maintenir dans les limites de l'"ordre" ; et ce pouvoir, né de la société, mais qui se place au-dessus d'elleet lui devient de plus en plus étranger, c'est l'État» [L'Origine de la famille, de la propriété privée et de l'État, p.156].Si l'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire des luttes des classes, pour les mêmes raisons,l'État ou les différents États qui se sont succédé dans l'histoire ont toujours été ceux de la domination d'une classesur les autres, dans le but de maintenir — souvent par la violence [Anti-Dühring, p.

208 sq.] — l'ordre social.

D'oùl'idée d'une disparition de l'État dans une société sans classe, le communisme, avec quelques difficultés sur lesmoyens d'y parvenir. Bien entendu, Marx ne s'indigne nullement de cette situation (il ne se fait jamais l'apôtre d'une justice absolue,indépendante des puissances de l'histoire).

Les bourgeois de 1789 avaient raison puisqu'ils étaient les forcesmontantes de l'histoire.

Et Marx ne manque pas de rendre hommage au grand capitalisme qui a modernisé les vieillessociétés agricoles.

Si, pour Marx, le droit bourgeois ne vaut plus rien aujourd'hui, c'est qu'il exprime l'égoïsme d'uneclasse sociale décadente qui, demain, n'aura plus aucune force.

Le droit authentique se confond avec les intérêtsde la classe ouvrière parce que c'est la classe qui est «dans le sens de l'histoire», c'est la classe quenécessairement l'évolution du monde portera au pouvoir demain.Remarquons cependant que de telles théories — développées par les marxistes en de savants ouvrages — sontd'ordinaire assez dissimulées par les orateurs politiques et les journalistes.

Ils savent que ces idées n'auront aucuneprise sur leurs lecteurs.

Le lecteur populaire, en effet, ne désire pas la révolution parce qu'elle est «dans le sens desforces de l'histoire», il la désire parce qu'il la croit juste.

Car la conscience distingue spontanément ce que toutesles théories précédentes s'ingénient à confondre : à savoir le fait et le droit.En effet, qu'il s'agisse de Hobbes, de Hegel, de Marx, le droit est confondu avec la force, la valeur avec l'être,l'ordre de ce qui doit être avec l'ordre de ce qui est.

Or, la conscience proteste contre cette confusion.

Tout lemonde conviendra (si l'on veut bien faire abstraction des théories) que je peux avoir raison et cependant êtrevaincu.

La distinction du plus valable et du moins valable est d'un tout autre ordre que la distinction du plus fort etdu moins fort.A quoi bon parler de droit si le droit se confond avec la force ? «Supposons, écrit Rousseau...

ce prétendu droit duplus fort, je dis qu'il n'en résulte qu'un galimatias inexplicable.

Car, sitôt que c'est la force qui fait le droit, l'effetchange avec la cause...

Sitôt qu'on peut désobéir impunément, on le peut légitimement.

Et puisque le plus fort atoujours raison, il ne s'agit que de faire en sorte qu'on soit le plus fort! Or, qu'est-ce qu'un droit qui périt quand laforce cesse? On voit donc que ce mot de droit n'ajoute rien à la force ; il ne signifie ici rien du tout ».Or, nous constatons que même le vainqueur injustifié et brutal parle de droit plus que quiconque.

Hitler et lesexterminateurs des camps nazis ne se prétendaient-ils pas «les champions du droit et de la civilisation»? Leur. »

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