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A-t-on le droit de juger les cultures qui sont différentes de la notre ?

Publié le 27/02/2005

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droit
Cette double approche permet de mettre en évidence le fait que dans les deux cas le barbare c'est l'autre. Les indiens, cannibales, sont des sauvages sans foi ni loi pour les portugais et réciproquement les indiens considèrent que les européens vont beaucoup plus loin qu'eux dans la cruauté et la barbarie. ·                    Pour Montaigne c'est la preuve que notre culture est incapable de reconnaître sa propre barbarie : « Or, je trouve, pour revenir à mon propos qu'il n'y a rien de barbare et de sauvage dans cette nation, sinon que chacun appelle barbare ce qui n'est pas de son propos. » Cette relativité des jugements montre la difficulté à penser sa culture comme un ensemble de signes qui fait système c'est-à-dire à dépasser le monde immédiatement signifié qu'est notre culture. Juger l'autre ne peut se faire que si l'on adopte son point de vue.   II- Faut-il alors opposer au jugement sur les cultures un relativisme théorique et pratique ? ·                    Le relativisme c'est la considération, par l'individu d'une culture particulière, que toutes les cultures se valent parce qu'il existe quelque chose de primitivement plus profond : l'universalité humaine. Alors que la différence des cultures est ce dont on ne peut plus douter après l'avoir admis, on pose une universalité qui reste à prouver. Il s'agit de se détourner de ce qui est, empiriquement, pour mettre en pratique ce qui doit être. ·                    Pour Kant, l'universalité humaine n'existe pas mais elle doit exister et il faut tout faire pour cela.

Des peuples dits primitifs à l’individu « inculte « les jugements sur les cultures semblent souvent hâtifs. On oppose alors couramment à cette attitude, qui relève plus de la constitution d’opinion que du savoir, le relativisme culturel comme seul rempart face à l’ethnocentrisme. Dans cette perspective on considère facilement que la pluralité des cultures est évidente et première. Pourtant la querelle de Valladolid au moment de la découverte de l’Amérique témoigne d’une difficulté à penser cette diversité. Le problème de Valladolid est de savoir s’il faut considérer les autochtones américains comme des hommes d’une autre culture ou des sous hommes. A-t-on, dès lors, le droit de juger les cultures qui sont différentes de la notre ? Cette question appelle à une interrogation sur le rapport que nous entretenons à notre culture et que celle-ci entretient avec les autres. Chaque culture est un ensemble de représentations et d’évaluations qui permet à un groupe de s’identifier comme tel. Toute culture se définirait donc selon des critères propres. Selon quels critères peut-on juger les cultures qui sont différentes de la notre ? Et faut-il opposer au jugement sur les cultures un relativisme fondé sur une universalité humaine  situé au-delà des cultures ? Si le relativisme est une attitude pratique nécessaire au cosmopolitisme, est-ce réellement une posture théorique valide ? Peut-on comprendre sa propre culture et refuser l’ethnocentrisme sans juger les autres cultures ?

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