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Les droits de l'homme : évidence ou problème ?

Publié le 10/11/2005

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Les droits de l'homme vont-ils de soi ? Ou sont-ils problématiques ?

Une première contraction apparaît de la notion même de "droits de l'homme": le droit s'applique, en règle générale, non à l'homme mais, par exemple, au citoyen.

  • Analyse du sujet: Les "droits de l'homme" sont-ils un fait ou une vérité qu'il suffit de constater et d'analyser, ou au contraire une construction idéologique dont il convient d'examiner les tenants et les aboutissants ?
  • Conseils pratiques: Ce thème est très à la mode aujourd'hui. Attention à ne pas tomber dans le manichéisme ou dans la louange unilatérale. Demandez-vous quelle est la genèse historique de cette notion.
  • Introduction

Aujourd'hui on assiste à un puissant mouvement pour les droits de l'homme. Pourtant l'idée qu'il existe réellement des droits de l'homme est loin d'être universellement reçue (des cultures entières l'ignorent), et nombre de philosophes les ont combattus, en y voyant soit des «sophismes politiques et anarchiques«, comme l'écrivait Bentham, soit des droits illusoires et «métaphysiques« . Il nous faut donc examiner si les droits de l'homme derrière leur évidence ne feraient pas en réalité problème.

« les droits positifs, variables selon les États, devraient en respecter les impératifs essentiels. Un droit naturel L'idée d'un droit qui transcende le droit des Cités est une idée très ancienne et foncièrement religieuse.

Ainsi, dansla tragédie grecque, au roi Créon qui lui reproche d'avoir désobéi aux lois de l'État, Antigone oppose « les loisdivines: lois non écrites, celles-là, mais intangibles.

Ce n'est pas d'aujourd'hui ni d'hier, c'est depuis l'origine qu'ellessont en vigueur, et personne ne les a vues naître» (Sophocle, Antigone, v.

455, trad.

Pignarre, G.F., p.

79).Mais si la proclamation des droits de l'homme en 1789 s'inscrit dans une longue tradition philosophique, née dansl'Antiquité, reprise au Moyen Age, elle prolonge plus spécifiquement les théories juridiques qui héritent au XVIIe etau XVIIIe siècle de cette idée : les théories de l'école du droit naturel de Grotius (Le Droit de la guerre et de la paix,1625), Pufendorf et leurs disciples.Selon ces juristes, le droit naturel est un droit commun à tous les hommes, et il est connu par les seules lumières dela droite raison.

D'après Grotius, «il consiste dans certains principes de la Droite Raison, qui nous font connaîtrequ'une Action est moralement honnête ou déshonnête, selon la convenance ou la disconvenance nécessaire qu'ellea avec une Nature Raisonnable et Sociable ».Ainsi, «l'homme » des droits de l'homme, ces droits naturels fondés sur la nature de l'homme, serait l'être humain entant qu'il est par nature raisonnable: capable de se diriger en soumettant ses désirs, ses passions égoïstes, à saraison, qui est à la fois sa raison et la raison universelle, une raison commune à tous les hommes, guide d'uneconduite véritablement humaine de l'individu et du citoyen.

Les droits de l'homme sont des droits que tout hommepeut revendiquer parce que tout homme en est, par nature, le législateur réel. Critique des droits de l'homme Critique de l'idée d'« individu singulier » C'est peut-être Marx qui a souligné avec le plus d'insistance que «l'homme est au sens le plus littéral un zoonpolitikon » (un animal politique), selon la formule d'Aristote; «il est non seulement un animal sociable, mais encore unanimal qui ne peut se singulariser que dans la société ».Autrement dit, c'est seulement dans une certaine société, « une société de libre concurrence », que « l'individuapparaît comme détaché », alors qu'il apparaît auparavant «comme un être dépendant, appartenant à un tout plusgrand », la famille, la tribu, etc.

« Ce n'est qu'au XVIIIe siècle, dans la «société bourgeoise », que les différentesformes des rapports sociaux se dressent devant l'individu comme un simple moyen de parvenir à ses finspersonnelles, comme une nécessité extérieure.

Mais l'époque qui voit naître cette conception, cette idée del'individu isolé, est justement l'époque où les conditions sociales – générales de ce point de vue – ont atteint le plushaut degré de développement » (Introduction à la critique de l'Économie politique, 1857). Droits de l'homme ou de certains hommes ? Dès lors, le droit n'est qu'en apparence, selon Marx, le droit de n'importe quel homme. "On fait une distinction entre les "droits de l'homme" et les "droits ducitoyen".

Quel est cet "homme" distinct du citoyen ? Personne d'autreque le membre de la société bourgeoise.

Pourquoi le membre de lasociété bourgeoise est-il appelé "homme" homme tout court, etpourquoi ses droits sont-ils appelés droits de l'homme ? Qu'est-ce quiexplique ce fait ? Par le rapport de l'État politique à la sociétébourgeoise, par l'essence de l'émancipation politique.

Constatonsavant tout le fait que les "droits de l'homme" distincts des 'droits ducitoyen" ne sont rien d'autre que les droits du membre de la sociétébourgeoise, c'est-à-dire de l'homme égoïste, de l'homme séparé del'homme et de la communauté.

La Constitution la plus radicale, celle de1793, a beau dire : Déclaration des droits de l'homme et du citoyen.'Art.

2.

Ces droits (les droits naturels et imprescriptibles) sont:l'égalité, la liberté, la' sûreté, la propriété.

" En quoi consiste la"liberté"? 'Art.

6.

La liberté est le pouvoir qui appartient à l'homme defaire tout ce qui ne nuit pas aux droits d'autrui." Ou encore, d'après laDéclaration des droits de l'homme de 1791 : "La liberté consiste àpouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui.

"La liberté est donc ledroit de faire tout ce qui ne nuit pas à autrui.

Les limites danslesquelles chacun peut se mouvoir sans nuire à autrui sont marquéespar la loi, de même que la limite de deux champs est déterminée par unpiquet.

Il s'agit de la liberté de l'homme considéré comme monade isolée, repliée sur elle-même.

[...] L'application pratique du droit de liberté, c'est le droit de propriétéprivée.

[...] C'est le droit de jouir de sa fortune et d'en disposer "à son gré ', sans se soucier des autreshommes, indépendamment de la société ; c'est le droit de l'égoïsme.

[...] Aucun des prétendus droits del'homme ne dépasse donc l'homme égoïste, l'homme en tant que membre de la société bourgeoise, c'est-à-dire un individu séparé de la communauté, replié sur lui-même, uniquement préoccupé de son intérêtpersonnel." MARX. »

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