Devoir de Philosophie

La duplicité de la conscience rend-elle inutile l'hypothèse de l' inconscient ?

Publié le 27/09/2005

Extrait du document

conscience
On a peur de son inconscient; là se trouve logée la faute capitale. Un autre Moi me conduit qui me connaît et que je connais mal. L'hérédité est un fantôme du même genre. « Voilà mon père qui se réveille; voilà celui qui me conduit. Je suis par lui possédé. » [...] « Rien ne m'engage. » « Rien ne me force. » « Je pense donc je suis. » Cette démarche est un recommencement.

La remise en question de l'existence de l'inconscient remonte quasiment à l'invention de ce concept. En effet, Le substantif "conscience" vient du latin "conscientia", de "scire" : savoir. Le problème qu'on appelle "le problème de l'inconscient" est devenu un problème classique. Cette complication théorique naît lors du passage de l'adjectif au substantif. Le substantif postule, justement, l'existence d'une substance nommée "inconscient", c'est-à-dire l'existence d'une zone psychique spécifique. Celle-ci a été admise comme réellement existante par une majorité de philosophes.  Le problème se pose en ces termes :  si le psychisme a pour critère la conscience, alors la notion d'une "conscience inconsciente" semble paradoxale, voire même absurde.  Sigmund Freud n'ignorait pas cette difficulté théorique, mais il renouvèle entièrement la notion d'inconscient à la reliant à celle de conflit psychique et de refoulement. De plus, la théorie de l'inconscient pose problème philosophiquement, surtout aux existentialistes -comme Jean Paul Sartre- qui la rejettent, puisqu'il remet en question l'existence de la liberté et de la responsabilité humaine. Alain, par exemple, reproche la conception de l'inconscient comme un second moi, car cela déchargerait le moi de ses responsabilités morales (Eléments de philosophie, Livre Il, ch. XVI) :  « Le freudisme, si fameux, est un art d'inventer en chaque homme un animal redoutable, d'après des signes tout à fait ordinaires; les rêves sont de tels signes; les hommes ont toujours interprété leurs rêves, d'où un symbolisme facile. Freud se plaisait à montrer que ce symbolisme facile nous trompe et que nos symboles sont tout ce qu'il y a d'indirect. Les choses du sexe échappent évidemment à la volonté et à la prévision; ce sont des crimes de soi, auxquels on assiste. On devine par là que ce genre d'instinct offrait une riche interprétation. L'homme est obscur à lui-même ; cela est à savoir. Seulement il faut éviter ici plusieurs erreurs que fonde le terme d'inconscient. La plus grave de ces erreurs est de croire que l'inconscient est un autre Moi; un Moi qui a ses préjugés, ses passions et ses ruses ; une sorte de mauvais ange, diabolique conseiller. Contre quoi il faut comprendre qu'il n'y a point de pensées en nous sinon par l'unique sujet, Je ; cette remarque est d'ordre moral. [...]

L'inconscient est une méprise sur le Moi, c'est une idolâtrie du corps. On a peur de son inconscient; là se trouve logée la faute capitale. Un autre Moi me conduit qui me connaît et que je connais mal. L'hérédité est un fantôme du même genre. « Voilà mon père qui se réveille; voilà celui qui me conduit. Je suis par lui possédé. « [...]

« Rien ne m'engage. « « Rien ne me force. « « Je pense donc je suis. « Cette démarche est un recommencement. Je veux ce que je pense, et rien de plus. La plus ancienne forme d'idolâtrie, nous la tenons ici; c'est le culte de l'ancêtre, mais non purifié par l'amour. « Ce qu'il méritait d'être, moi je le serai.« Telle est la piété filiale.

En somme, il n'y a pas d'inconvénient à employer couramment le terme d'inconscient; c'est un abrégé du mécanisme. Mais, si on le grossit, alors commence l'erreur; et, bien pis, c'est une faute. « Qu'est-ce que l'inconscient ? Le terme "inconscient", en tant que substantif, est un néologisme datant du milieu du XIXe siècle fait par le fondateur de la psychanalyse : Sigmund Freud. "Inconscient" est à la fois adjectif et substantif. Le fondement de l'hypothèse de l'inconscient est qu'il existe des actes manqués indépendants de la volonté et de la conscience du sujet. Ils ne sont donc pas explicables à partir de l'étude de la conscience. Cette théorie remet en cause le conception d'un psychisme humain identique à la conscience, le psychisme humain n'est plus  réductible à la conscience, puisqu'il contient un inconscient. Alors on peut dire que ce qui rend possible l'hypothèse de l'inconscient c'est l'expérience d'actes incompréhensibles par le sujet lui même qui les pose. Qu'est-ce que la conscience ? La conscience psychologique, "bewusstein" en allemand, qualifie la totalité, dans leurs multiples manifestations, de toute "expérience interne". C'est en ce sens qu'Henri Ey (La conscience) écrit qu'"Être conscient c'est disposer d'un modèle personnel de son monde" Le foyer de la conscience est le lieu psychique de l'attention spontanée, immédiatement ou bien de l'attention volontaire.  On distingue conscience réflexive et conscience spontanée, la conscience réflexive qualifiant la conscience qui se connaît par retour sur elle-même.  Pourquoi la double nature de la conscience fait-elle problème lorsqu'on essaie de penser l'inconscient ?

 

conscience

« La conscience signifie pour un sujet à la fois la perception de soi même et du monde qui l'entoure.

Le psychisme(c'est à dire l'ensemble de tendances, d'impressions, de sentiments qui composent le moi) n'est pas entièrementréfléchi par la conscience.

On peut faire l'hypothèse d'un inconscient, c'est à dire d'une vie psychique inconscientequi a une part importante dans la vie du sujet.

L'hypothèse de l'inconscient permet d'expliquer des actes que lesujet semble faire contre sa volonté.

Mais ces mêmes actes pourraient être expliqués par une faiblesse consciente :on peut avoir conscience du caractère mauvais d'un acte et le faire par faiblesse.

Nous nous excusons ainsi denombreux actes par duplicité.

La duplicité peut être définie comme la mauvaise foi, la feinte ou l'hypocrisie.

On peutparler d'une duplicité de la conscience lorsqu'elle dissimule volontairement à elle même ou aux autres une part de cequ'elle perçoit.

La duplicité permet de décrire les contradictions de la conscience que l'on cherche à expliquer parl'hypothèse de l'inconscient.

Mais suffit-elle pour remplacer l'hypothèse de l'inconscient? D'une part le concept deduplicité est d'ordre moral et d'autre part il est descriptif (il sert à décrire un sentiment).

L'hypothèse del'inconscient est quant à elle scientifique et explicative.

L'idée de duplicité peut suffire à décrire les contradictionsde la conscience, mais elle ne les explique pas.

L'hypothèse de l'inconscient n'est-elle pas utile pour expliquer lescontradictions de la conscience? I : La mauvaise foi Un refus de la responsabilité 1. L'homme est libre, à la différence de la pierre ou de l'arbre, il décide lui même du sens de son existence.

La libertédonne une responsabilité vis à vis du monde : le sens de l'existence du sujet est indissociable du monde dans lequelil existe.

La liberté est donc en même temps responsabilité.

Mais cette liberté n'est pas choisie, elle est échue àl'homme sans qu'il l'ai demandée, c'est pourquoi Sartre dit que nous sommes condamnés à être libres.

Ceux quirefusent cette liberté font preuve de ce que Sartre appelle la « mauvaise foi ».

La mauvaise foi consiste à trouverdes excuses pour ne pas agir librement.

La mauvaise foi exprime une duplicité de la conscience : on se cachederrière de fausses raisons pour expliquer que l'on n'a pas agi librement. Inconscient et mauvaise foi 2. La mauvaise foi consiste à nier qu'il y a un choix : un homme qui a collaboré avec l'ennemi peut dire après la guerrequ'il n'avait pas le choix, qu'il avait une famille à nourrir, qu'il ne pensait pas collaborer jusqu'au bout...

L'hypothèsede l'inconscient selon laquelle il y a une part du psychisme qui échappe à la conscience nie elle aussi à sa façon qu'ily ait toujours à choix.

L'existence échappe pour une part au contrôle volontaire si l'inconscient a un rôle actif dansla vie du sujet.

L'inconscient est une hypothèse qui peut très bien s'allier avec la mauvaise foi : on peut toujoursalléguer qu'on a agi sous la pression de l'inconscient. Le meilleur allié de la duplicité 3. L'hypothèse de l'inconscient peut encourager la mauvaise ou la duplicité.

D'une part, par ce que de façon vulgaire,sous couvert d'objectivité, la notion d'inconscient peut servir d'excuse aux pires lâchetés.

Mais d'autre part par ceque l'idée d'inconscient est la négation logique de la liberté.

Si le sujet est déterminé par son inconscient, il existecomme la pierre ou l'arbre, sa vie est dirigée sous l'impulsion de forces qui lui sont extérieures.

L'hypothèse del'inconscient assimile le sujet à un objet et par là elle ruine la liberté. Transition : L'hypothèse de l'inconscient apparaît comme un outil au service de la duplicité de la conscience.

Mais nous avons tenu sur un même registre moral la duplicité et l'inconscient alors que l'inconscient est un conceptpsychologique.

Si l'hypothèse de l'inconscient peut être remplacée par l'idée de duplicité dans nos jugementsmoraux, en revanche, elle est pertinente dans le champ psychologique. II : Pertinence de l'hypothèse de l'inconscient Duplicité pathologique 1. On peut distinguer une duplicité consciente qui serait le fait d'une intelligence calculatrice d'une duplicitéinconsciente qui ne serait pas volontaire mais subie par le sujet.

Tandis que la première forme de duplicité peuts'expliquer par des motifs moraux comme le refus de la liberté, la seconde forme s'explique par des causespsychologiques.

Une pathologie comme un dédoublement de la personnalité est du ressort de la psychologie et nonde la morale.

La duplicité dont le sujet est victime dans la pathologie requiert l'hypothèse de l'inconscient commestratégie explicative. L'inconscient comme hypothèse 2. La duplicité pathologique de la conscience est un fait auquel sont confrontés les médecins, l'inconscient est unehypothèse qu'ils peuvent utiliser pour expliquer ce fait.

Freud cite par exemple le cas d'une patiente hystérique quiclaquait de la langue dans les moments où elle voulait le silence comme lorsqu'elle couchait son enfant.

Pourexpliquer ce fait, il est beaucoup plus utile pour le médecin de faire l'hypothèse de l'inconscient que de penser que. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles