Devoir de Philosophie

Qu'échange-t-on par un baiser ?

Publié le 29/03/2004

Extrait du document

●         La question de la réciprocité, abordée plus haut, nous permet de creuser ce problème de la constitution d'un sens au baiser. Il apparaît en effet que cette  constitution est double : un sens surgit d'abord pour soi - c'est-à-dire que celui qui embrasse donne à son geste un sens - tandis qu'un autre surgit pour autrui - c'est-à-dire que celui qui est embrassé voit dans le geste d'autrui un sens qu'il reçoit de lui. Ces constitutions ne sont pas entièrement spontanées : elles s'appuient sur des habitudes et des représentations culturelles, c'est même en un sens à partir d'elles qu'il peut y avoir quelque chose comme un baiser. Elles ne sont pas cependant totalement prédéterminées : le baiser répond souvent à un désir immédiat d'embrasser, exprimant par là dans sa spécificité la vérité du désir de l'amant. ●         Le baiser peut-il, dès lors, donner lieu à un échange véritable? Ou ce qu'il y a d'échange dans le baiser n'en est-il pas que le niveau minimal, celui où rien du désir propre des amants ne transparaît, où seul un ensemble de significations toujours valables pour une culture donnée est une fois de plus réactivé? Avons-nous ainsi, dans le baiser, affaire à deux dons et deux réceptions simultanés, mais que l'union des chairs ne parviendrait pas à unifier en un échange réel? Dire, cependant, que le baiser n'ouvre pas un espace d'échange de significations, c'est lui nier un contenu discursif, mais non la possibilité absolue d'être échange. Comment peut-on, alors, élargir la conception du baiser comme échange ? ●         Il nous faut alors, pour répondre à ces questions, revenir sur la nature charnelle du baiser.

Liens utiles