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Les échanges sont-ils fondateurs du lien social ?

Publié le 13/02/2004

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Ce n'est pas à l'humanité d'autrui et à la noble notion de partage que nous faisons allusion dans les échanges, mais bien à l'égoïsme de chacun, à son avantage. Ainsi, vendre un produit par exemple consistera à faire la publicité de tous les avantages que ce produit peut procurer. S'il y a donc partage, ce n'est que de façon indirecte puisque ce n'est pas ici le but recherché, qui est la satisfaction de nos besoins. De la même façon, comme les différents travaux ne sont pas estimés à la même valeur, la société risque de se diviser au moins en deux parties : ceux qui sont les plus avantagés et ceux qui sont désavantagés. Parties, qui, évidemment, finissent par rentrer en conflit l'une avec l'autre puisque leurs intérêts eux aussi se sont divisés.  L'Etat ne peut donc espérer des échanges qu'ils régulent toute la vie sociale. C'est ce que rappelle Durkheim dans De la division du travail social. « Si l'intérêt rapproche les hommes ce n'est jamais que pour quelques instants ; il ne peut créer entre eux qu'un lien extérieur. Dans le fait de l'échange, les divers agents restent en dehors les uns des autres, et l'opération terminée, chacun se retrouve et se reprend tout entier. Les consciences ne sont que superficiellement en contact...si même on regarde au fond des choses, on verra que toute cette harmonie des intérêts recèle un conflit latent ou simplement ajourné.

« toujours qu'à des besoins éphémères ne peuvent donc pas assurer la stabilité nécessaire au lien social. III/ Les échanges doivent être encadrés par un lien social Si les échanges ne peuvent avoir lieu que lorsque les hommes ont quelque chose de commun à partager, ilsne sont pas pour autant créateurs de liens sociaux.

Ainsi, les échanges économiques instituent la libre circulationdes biens et des personnes afin de les mettre en concurrence. Or, cette concurrence peut-elle véritablement satisfaire tout le monde ? Il va de soi, qu'à son issue nous aurons toujours des gagnants et des perdants.

Mais, en plus, cette concurrence pourra être utilisée pour faire taire toute revendication de la part de ceux qui doiventvendre leur travail pour survivre.

Par exemple, un employeur peut tout à fait faire jouer la concurrence entre lesemployés pour refuser toute réclamation.

Ainsi, cette « liberté » de circulation ne donne pas à tous la liberténécessaire pour pouvoir réunir les conditions d'un échange authentique.

De même, la valeur de l'échange se modifielorsqu'il ne s'agit plus d'échanger un bien contre un autre bien dont nous avons besoin mais de faire fructifier uncapital financier.

La spéculation engendre alors des inégalités financières qui avantagent grandement une partie dela population au détriment de tout le reste.

A quel problème, l'Etat va-t-il alors devoir se confronter pour intervenirdans ses conditions ? S'il veut permettre la continuation d'un système d'échanges qui conserve une certaineconcurrence, il doit d'abord se soucier que cette concurrence soit appliquée partout, y compris dans les milieuxfinanciers où l'entente est plutôt de rigueur.

Il doit ensuite se soucier de ce lien social, lorsque les échangessemblent lui nuire.

C‘est alors en faveur d'une politique de protection des défavorisés par ces échanges que l'Etatpeut questionner ses moyens d'interventions.

Tocqueville , en bon observateur, donne quelques remarques sur cette situation, dans De l'esprit de conquête et de l'usurpation : « L'existence individuelle est moins englobée dans l'existence politique.

Les individus transplantent au loin leurs trésors ; ils portent avec eux toutes les jouissances dela vie privée ; le commerce a rapproché les nations, et leur a donné des mœurs et des habitudes à peu près pareilles(…) l'expatriation, qui, chez les anciens, était un supplice, est facile aux modernes.

» Devant un tel pouvoir deséchanges, l'Etat doit alors mettre en place une politique qui vise à réparer les dégâts que pourraient causer desrelations sociales qui ne seraient plus qu'économiques.

CONCLUSION : -Les échanges sont nécessaires pour faire naître le lien social. -Mais ils n'en sont que la condition sine qua non, non le véritable fondement. -Ce fondement doit être reposé par l'Etat qui encadre et structure ces échanges. Les échanges ne sont pas fondateurs du lien social, ils permettent un lien économique, qui doit resterinterdépendant du lien social.. »

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