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L'éducation sentimentale - Gustave FLAUBERT: « Tout à coup La Marseillaise retentit. Hussonnet et Frédéric se penchèrent sur la rampe. C'était le peuple »

Publié le 15/09/2006

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flaubert

sommaire

INTRODUCTION I. UN SPECTACLE ANCRE DANS UNE REALITE HISTORIQUE QUI REVET DES ACCENTS EPIQUES II. UNE FOULE EN MOUVEMENT, MUEE PAR UNE ENERGIE IMPERSONNELLE ET AMBIVALENTE, (…) III. (…) FACE A L'IMMOBILISME DE FREDERIC ET HUSSONNET, PERSONNAGES DAVANTAGE SPECTATEURS QU'ACTEURS DE LEUR DESTINEE Introduction: Tenu aujourd'hui pour un véritable chef d'œuvre de la littérature française, l'Éducation sentimentale de Flaubert essuya, au moment de sa parution (1869), les sarcasmes unanimes de la critique avant de disparaître dans le naufrage du Second Empire. Ce roman d'amour auquel il a intégré une vaste fresque historique, raconte l'histoire d'un jeune homme, Frédéric Moreau, qui combine à lui seul enthousiasmes de le jeunesse romantique et ambitions sociales. Alors que se déclenche la révolution de 1848, il séduit tour à tour la lorette Rosanette et l'aristocrate Mme Dambreuse, mais ne peut atteindre sa véritable passion, Mme Arnoux, rencontrée dès le début du roman sous la forme d'un véritable coup de foudre. Grâce à l'interaction entre histoire privée et Histoire publique, Flaubert fait dans son roman le procès d'une génération manquée. L'extrait que nous avons à commenter se situe dans le premier chapitre de la troisième partie. Frédéric, attiré par les bruits des fusillades, s'est rendu dans les rues de Paris et, poussé par la foule, assiste au sac des tuileries, d'où le roi Louis-Philippe vient de s'enfuir. On peut dès lors se demander si l'Histoire en tant que spectacle n'est pas le reflet d'une épopée impossible où Frédéric de par son immobilisme acquiert le statut d'anti-héros. Nous nous attacherons tout d'abord à voir en quoi ce spectacle, ancré dans une réalité historique, revêt une tonalité épique. Puis, nous soulignerons le mouvement d'une foule muée par une énergie impersonnelle et ambivalente face à l'immobilisme de Frédéric et Hussonnet, des personnages qui davantage spectateurs qu'acteurs de leur destinée. I. Un spectacle ancré dans une réalité historique et qui revêt des accents épiques. Le véritable spectacle historique Cet extrait se déroule véritablement comme un spectacle tant pour le lecteur que pour Frédéric et son compagnon Hussonnet et ce dès la première phrase de l'extrait: « Tout à coup La Marseillaise retentit. Hussonnet et Frédéric se penchèrent sur la rampe. C'était le peuple « Comme si ils avaient pris place au pigeonnier d'un théâtre,l'impression de hauteur étant donnée par le fait qu'il soient en haut de l'escalier nos deux protagonistes sont avertis du début de la représentation par une amorce musicale; en l'occurrence ici par un chant patriotique qui avait acquierit en 1795, à la suite de la révolution de 1789, le statut d'hymne national français. Dès lors, le décor est pour ainsi dire planté, l'histoire semble se répéter: On vit une seconde révolution. L'introduction des personnages se fait par l'entrée en scène de cette foule, de ce peuple qui semble tenir le rôle principal. S'en suit la phrase: « […]le chant tomba. On n'entendait plus que les piétinements de tous les souliers avec le clapotement des voix. « le chant s‘interrompt,et le bruit sourd des souliers n'est pas sans rappeler les trois coups de bâtons donnés avant la représentation. Le silence n'est troublée que par« le clapotement des voix « d'une  foule qui ne va pas tarder à passer du statut de figurante prenant possession des lieux: « La foule inoffensive se contentait de regarder « à actrice. C'est véritablement le passage dans l'appartement et surtout le dais de velours rouge qui surplombe le trône qui marque cette transition. Cette longue étoffe par sa couleur et la place qu'elle occupe dans le texte n'est pas sans rappeler les rideaux du théâtre qui s'ouvrent sur une scène symbolisée par l'estrade sur laquelle monte peu à peu les gens pour s'asseoir sur le trône. Le spectre épique La tonalité qui est suggérée par le caractère révolutionnaire de la scène est la tonalité épique. Cette dernière est confirmée par la description du peuple qui, par son entrée fracassante, laisse supposer au lecteur qu'elle va accomplir un exploit. Le mot épique venant du grec « épos « signifie: parole célébrant les exploits d'un héros. L'amplification des êtres qui est crée par l'utilisation du mot « peuple« , « masse « , se fait tout d'abord grâce à un rythme croissants et accumulatif « des têtes nues, des casques, des bonnets rouges, des baïonnettes et des épaules « qui forment des flots, puis une masse, puis un fleuve. Cette comparaison avec le « fleuve refoulé «, associé à la gradation des verbes précipiter, secouer et monter, souligne la progression, par degrés successif de ce peuple dans cet escalier, symbole de l'ascension vers le rétablissement d'une égalité sociale. Les hyperboles et les superlatifs qui servent la comparaison du fleuve avec « ses flots vertigineux « qui secouent « impétueusement « la foule et son « impulsion irrésistible « montre, exagère au sens positif l'étonnante force de détermination du peuple. Cette « masse grouillante « qui pousse un « long mugissement « renvoie au fracas, au grondement des flots, synonyme ici de la libération d'un mécontentement que le peuple a réprimé jusqu'alors. Toute cette description, tend à la simplification; en effet, en organisant cette dernière autour de la comparaison avec le fleuve, le peuple devient l'incarnation même des valeurs collectives qu'il défend. Ainsi « les héros « tels qu'ils sont nommés par Hussonnet, désigne chacune des personnes qui forme la foule. Mais qu'en est-il de Frédéric et Hussonet? La question reste à ce stade de l'extrait ouverte bien que le mouvement de la foule comme déjà à prendre le pas sur leur immobilisme. II. Une foule en mouvement, muée par une énergie impersonnelle et ambivalente La foule en mouvement On la vu, la foule tel un « fleuve refoulé « aux « flots vertigineux « est en mouvement dès le début du texte, mais cette impression se perpétue tout au long de l'extrait à travers le sac du palais des tuileries. On note tout d'abord l'omniprésente de cette foule, aussi qualifiée de « populace «, qui s‘impose tant sur le plan réel (au niveau du palais), que sur le plan symbolique en réduisant à néant le symbole pouvoir en place). Ainsi que ce soit par groupe (la canaille, des galériens, des petites bourgeoises, des blessés, des forgerons, des prostituées) ou de manière individuelle (un polytechnicien, un prolétaire, une fille publique), tous , y compris les anonymes (une femme, un individu) évoluent au sein de ce palais qui « regorgeait de monde «. Ce peuple qui en s'immissant partout ,en investissant chaque pièce (salle du trône, jardin, escaliers, chambre, antichambre, appartements, cour , galeries, balcon, cabinet, et recoins )en prenant possession de chaque chose, se rend maîtresse du Palais-Royal: « le peuple moins par vengeance que pour affirmer sa possession brisa, lacéra les glaces et les rideaux, les lustres, les flambeaux, les tables, les chaises, les tabourets, tous les meubles, jusqu'à des albums de dessins, jusqu'à des corbeilles à tapisseries. « « on lançait par la fenêtre pianos, commodes, pendules « La destruction des symboles physiques de la souveraineté permet au peuple d'affirmer la sienne. C'est d'ailleurs l'adjectif qu'emploiera Hussonet: « quel mythe! Voilà le peuple souverain « En se saisissant du tône, dernier symbole d'une époque que l'on veut révolu, le peuple en agissant de manière collective (valeur élargie marquée par l'occurrence à la 3ème personne du singulier « on «) est de nouveau assimilé à une figure de style se référant à la mer: « Saprelotte! Comme il chaloupe! Le vaisseau de l'Etat est ballotté sur une mer orageuse! Cancane-t'il! Cancane-t'il! « Cette métaphore qui associe le vaisseau de l'Etat et la mer orageuse illustrer la correspondance qui s'établit symboliquement la royauté en passe de s'éteindre et le peuple responsable de sa chute. En faisant prenant le trône en le malmenant, le peuple fait vaciller le pouvoir en place, en fait son prisonnier et tel un condamné à mort le promène à travers la ville jusqu'à ce lieu symbolique qu'est la bastille où il sera symboliquement détruit. Comme on avait commencé à l'entrevoir cette cessation du pouvoir décrite par le champs lexical de la mer renvoie à la notion de mouvement. Qu'il s'agisse du terme « impétueux « , « orageuse « (temps changeant) ou « mugissement « (cri sourd de l‘espèce bovine), on devine la violence, le trouble et la bestialité qui vont accompagner le sac du palais. Ambivalence d'une description qui oscille entre grotesque et vulgarité On remarque dans un premier temps une description qui mêle ironie et grotesque au point qu'on pourrait presque assimiler cette scène au théâtre de l'absurde. Comme au théâtre, on remarque que la foule est déguisée; les costumes, qui ont une valeur symbolique nous renseignent d'une manière générale sur le statut social des personnages qui les portent; or, ici, ils contrastent totalement leur nature avérée; cela commence avec le prolétaire et se poursuit un peu plus loin: « Sur le trône était assis un prolétaire à barbe noire, la chemise entr'ouverte, l'air hilare et stupide comme un magot « (un magot étant une figure chinoise de porcelaine, grotesque) « La canaille s'affubla ironiquement de dentelles et de cachemires. Des crépines d'or s'enroulèrent aux manches des blouses, des chapeaux à plumes d'autruche ornaient la tête des forgerons, des rubans de la légion d'honneur firent des ceintures aux prostituées. « Ces antinomies flagrantes , révélatrices de l'ironie de la situation, sont associée à des attitudes qui elles aussi contrastent avec le côté solennel qu'on attendrait de voir transparaître d'un tel évènement. Après avoir fait danser le trône (verbe cancaner qui renvoie à une danse excentrique), « Chacun satisfaisait son caprice; les uns dansaient, d'autres buvaient. « On fume, on se recoiffe on joue aux cartes. Les gestes les plus banals revêtent ici un caractère excentrique. Ainsi si l'un des buts premiers du spectacle est de divertir, les individus qui composent le peuple cherchent chacun à leur manière à «s'amuser «.  Ironie, « joie frénétique « et « délire « se mêlent au son d'une musique qui est celle de la destruction: « le délire redoublait au tintamarre continu des porcelaines brisées et des morceaux de cristal qui sonnaient, en rebondissant comme des lames d'harmonica. « Dès lors s'amorce un glissement qui plonge cette foule du grotesque ridicule vers la bassesse et la vulgarité. Ce changement est marqué par la phrase : « Puis la fureur s'assombrit « L'excentricité, le grotesque prennent alors une connotation qui fait peur, rebute. Comme en témoigne la fille publique qui se tient « en statue de la liberté, immobile les yeux grands ouverts, effrayante. « La victoire qui avait générée la joie, l'amusement, puis le délire, se transforme et prend une connotation négative. La bestialité suggérée par le mugissement s‘affirme, mettant au jour les aspects les plus vils de l'espèce humaine, comme des animaux: « les voyous buvaient dans les culs de bouteilles « « Des galériens enfoncèrent leurs bras dans la couche des princesses, et se roulaient dessus par consolation de ne pouvoir les violer «. La luxure se mêle à l‘envie: « D'autres à figures plus sinistres, erraient silencieusement, cherchant à voler quelque chose. « Le peuple passe de « masse grouillante qui montait toujours « à « sombre masse du peuple « qui est arrivée à son but et révèle ici son caractère obscur et menaçant (« impétueux « ) Au climat léger qui précédait, succède une atmosphère lourde et « suffocante « qui est renforcée par la plongée qu'on fait jusque dans les caves , comme on la ferait un degré de plus vers l'horreur et la vulgarité, avec l'évocation des beuveries (« horrible godaille «)auxquelles s'adonne le peuple qualifié de « populace, maîtresse des caves « L'abondance du « vin qui coulait en ruisseau mouillait les pieds « contraste avec celle des blessés qui gisent à terre. Face à ce spectacle, on est en droit de s'interroger sur l'immobilisme persistant de Frédéric et Hussonnet. III (…)Face à l'immobilisme de Frédéric et Hussonnet, des personnages davantage spectateurs qu'acteurs de leur destinée Des spectateurs bourgeois entre fascination et horreur Hussonnet et Frederik sont comme nous avons commencer à le voir dans la première partie des spectateurs de cette scène révolutionnaire. Leur implication et leur présence n'est marquée que par les remarques qui jalonnent cet extrait; en tout et pour tout, cinq répliques pour Hussonnet qui sont réparties tout au long de l'extrait et trois pour Frédéric: les deux, qui sont rapportées par l'auteur au style direct encadrent l'extrait puisqu'elle sont situées au début et à la fin; la troisième étant rapporté au dans le style du discours indirect libre. On peut d'ores et déjà faire une différence entre les deux personnages. Un Hussonnet plus présent et réactif que ne l'est son ami, qui commente la comme on commente un spectacle notamment lorsque celle-ci revêt un caractère ironique et grotesque qui semble l'amuser: On note l'interjection « Saperlotte! « qu'il pousse sous la forme exclamative, témoignage de la violence de la scène et de l'émotion soulevée. Les jugements de valeurs émis « Les héros ne sentent pas bon « « Pauvre vieux! «, « Quel mythe !« montrent que, ne serait-ce que sur le plan moral, Hussonet est impliqué dans la scène qui se joue. Frédéric quant à lui demeure on ne peut plus passif. Les traits d'esprit de son ami le laisse de marbre et l'exaspère au moment même où pourrait s'entamer un échange Hussonnet lance d‘ailleurs. En lui intimant à demi mots l'ordre de se taire: « Ah! Vous êtes agaçant « Frédéric amorce plus précocement sa mise en retrait comme pour mieux contempler le spectacle qui s'offre à lui. Mais c'est véritablement l'affirmation de leur deux points de vue qui les distingue l‘un de l‘autre: Là où Hussonnet finit par être dégoûté d'un spectacle qui au départ avait pu l'intriguer voire l‘amuser puisque sujet à railleries, Frédéric lui en souligne le côté « sublime «: « Sortons de là, […] ce peuple me dégoûte « « N'importe, […] moi je trouve le peuple sublime « Un point commun cependant les réunit c‘est leur inaction, leur passivité autrement dit leur Immobilisme face à ce pan de leur histoire qui s'effondre Une immobilité révélatrice Tous deux sont, comme on a commencé à le dire des personnages passifs. Dès le départ Frédéric et Hussonnet sont embarqués pour ainsi dire dans cette indépendamment de leur volonté: « Et poussés malgré eux, ils entrèrent dans un appartement… « Ils se laissent guider par le cours des choses par la foule. En tant que spectateurs ils ne sont là que pour voir et entendre comme le montre les verbes de perceptions. Leurs unique déambulations sont guidées non pas par la curiosité, la répulsion (sauf pour Hussonnet la fin) mais par des besoins physiologiques comme respirer quans la chaleur devient étouffante et suffocante. Leurs déplacements sont donc réduit au minimum. Il en commencent un qui n'a pas de but précis et les ramène donc à leur point de départ. Parallèlement à ce on peut dire qu'ils n'agissent pas d'eux même et ne prennent pas d'initiatives: « une ardeur les animait. Ils s'en retournèrent au Palais-Royal. « Bien qu'il n'y ai pas de rapport de causalité entre ces deux phrases, c'est l'ardeur qui les gagne, qui provoque ce retour; ardeur qui sur le plan syntaxique est sujet de cette phrase qui fait d'autant plus d'eux des sujets passifs relégués au rang de compléments d'agent. En terme d'initiative, la seule, prise par Frédéric (empêcher des « chenapans « de couper des tuyaux des lances à incendie avec leur sabres)ne pourra d'ailleurs pas être mise en application ni menée par ce dernier; il faudra qu'il ai recours à une tierce personne, un polytechnicien, comme si le fait qu‘autrui s'en charge était garant du succès de cette dernière. Malheureusement l'incompréhension dont fera preuve le polytechnicien qui « semblait imbécile « sera responsable de l'échec de l'entreprise suggérée par Frédéric. « Impassibles « face « aux cadavres de soldats entassés sur la paille « on lit qu'ils se sentent fiers de leur bonne contenance. Mais cette contenance n'est suscitée que par leur lâcheté d'homme ayant fui l'affrontement. Ainsi en refusant de prendre part à cet évènement collectif, Hussonnet et Frédéric en ne s'affirmant pas, laissent quelque part leur échapper leur destin individuel.

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« bonnets rouges, des baïonnettes et des épaules » qui forment des flots, puis une masse, puis un fleuve.

Cette comparaison avec le« fleuve refoulé », associé à la gradation des verbes précipiter, secouer et monter, souligne la progression, par degrés successifde ce peuple dans cet escalier, symbole de l'ascension vers le rétablissement d'une égalité sociale.

Les hyperboles et lessuperlatifs qui servent la comparaison du fleuve avec « ses flots vertigineux » qui secouent « impétueusement » la foule et son« impulsion irrésistible » montre, exagère au sens positif l'étonnante force de détermination du peuple.

Cette « masse grouillante »qui pousse un « long mugissement » renvoie au fracas, au grondement des flots, synonyme ici de la libération d'unmécontentement que le peuple a réprimé jusqu'alors.

Toute cette description, tend à la simplification; en effet, en organisant cettedernière autour de la comparaison avec le fleuve, le peuple devient l'incarnation même des valeurs collectives qu'il défend.

Ainsi« les héros » tels qu'ils sont nommés par Hussonnet, désigne chacune des personnes qui forme la foule.

Mais qu'en est-il deFrédéric et Hussonet? La question reste à ce stade de l'extrait ouverte bien que le mouvement de la foule comme déjà à prendrele pas sur leur immobilisme. II.

Une foule en mouvement, muée par une énergie impersonnelle et ambivalente La foule en mouvementOn la vu, la foule tel un « fleuve refoulé » aux « flots vertigineux » est en mouvement dès le début du texte, mais cette impressionse perpétue tout au long de l'extrait à travers le sac du palais des tuileries.

On note tout d'abord l'omniprésente de cette foule,aussi qualifiée de « populace », qui s‘impose tant sur le plan réel (au niveau du palais), que sur le plan symbolique en réduisant ànéant le symbole pouvoir en place).

Ainsi que ce soit par groupe (la canaille, des galériens, des petites bourgeoises, des blessés,des forgerons, des prostituées) ou de manière individuelle (un polytechnicien, un prolétaire, une fille publique), tous , y compris lesanonymes (une femme, un individu) évoluent au sein de ce palais qui « regorgeait de monde ».

Ce peuple qui en s'immissantpartout ,en investissant chaque pièce (salle du trône, jardin, escaliers, chambre, antichambre, appartements, cour , galeries,balcon, cabinet, et recoins )en prenant possession de chaque chose, se rend maîtresse du Palais-Royal:« le peuple moins par vengeance que pour affirmer sa possession brisa, lacéra les glaces et les rideaux, les lustres, les flambeaux,les tables, les chaises, les tabourets, tous les meubles, jusqu'à des albums de dessins, jusqu'à des corbeilles à tapisseries.

»« on lançait par la fenêtre pianos, commodes, pendules »La destruction des symboles physiques de la souveraineté permet au peuple d'affirmer la sienne.

C'est d'ailleurs l'adjectifqu'emploiera Hussonet:« quel mythe! Voilà le peuple souverain »En se saisissant du tône, dernier symbole d'une époque que l'on veut révolu, le peuple en agissant de manière collective (valeurélargie marquée par l'occurrence à la 3ème personne du singulier « on ») est de nouveau assimilé à une figure de style se référantà la mer:« Saprelotte! Comme il chaloupe! Le vaisseau de l'Etat est ballotté sur une mer orageuse! Cancane-t'il! Cancane-t'il! » Cette métaphore qui associe le vaisseau de l'Etat et la mer orageuse illustrer la correspondance qui s'établit symboliquement laroyauté en passe de s'éteindre et le peuple responsable de sa chute.

En faisant prenant le trône en le malmenant, le peuple faitvaciller le pouvoir en place, en fait son prisonnier et tel un condamné à mort le promène à travers la ville jusqu'à ce lieusymbolique qu'est la bastille où il sera symboliquement détruit.

Comme on avait commencé à l'entrevoir cette cessation dupouvoir décrite par le champs lexical de la mer renvoie à la notion de mouvement.

Qu'il s'agisse du terme « impétueux » ,« orageuse » (temps changeant) ou « mugissement » (cri sourd de l‘espèce bovine), on devine la violence, le trouble et labestialité qui vont accompagner le sac du palais. Ambivalence d'une description qui oscille entre grotesque et vulgaritéOn remarque dans un premier temps une description qui mêle ironie et grotesque au point qu'on pourrait presque assimiler cettescène au théâtre de l'absurde.

Comme au théâtre, on remarque que la foule est déguisée; les costumes, qui ont une valeursymbolique nous renseignent d'une manière générale sur le statut social des personnages qui les portent; or, ici, ils contrastenttotalement leur nature avérée; cela commence avec le prolétaire et se poursuit un peu plus loin:« Sur le trône était assis un prolétaire à barbe noire, la chemise entr'ouverte, l'air hilare et stupide comme un magot » (un magotétant une figure chinoise de porcelaine, grotesque)« La canaille s'affubla ironiquement de dentelles et de cachemires.

Des crépines d'or s'enroulèrent aux manches des blouses, deschapeaux à plumes d'autruche ornaient la tête des forgerons, des rubans de la légion d'honneur firent des ceintures auxprostituées.

»Ces antinomies flagrantes , révélatrices de l'ironie de la situation, sont associée à des attitudes qui elles aussi contrastent avec lecôté solennel qu'on attendrait de voir transparaître d'un tel évènement.

Après avoir fait danser le trône (verbe cancaner quirenvoie à une danse excentrique),. »

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