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Eloge de la passion

Publié le 27/02/2004

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Cependant le texte principal sur la sublimation reste Un souvenir d'enfance de Léonard de Vinci (1910). Le souvenir est le suivant : « Je semble avoir été destiné à m'occuper tout spécialement du vautour, écrit Léonard, car un des premiers souvenir d'enfance est qu'étant au berceau, un vautour vint à moi, m'ouvrit la bouche avec sa queue et plusieurs fois me frappa avec sa queue entre les lèvres ». Bien entendu ce récit peut n'avoir aucune objectivité et être une reconstruction. Or Freud ne dispose que d'un matériel fort réduit pour interpréter cet unique souvenir d'enfance : quelques éléments biographiques peu sûrs, des textes et des dessins des fameux Carnets et enfin surtout l'oeuvre artistique. En fait Freud s'appuie sur la symbolique dégagée par l'expérience psychanalytique et sur la symbolique des légendes et des mythes (en particulier de l'Égypte ancienne concernant le vautour). D'emblée il compare le souvenir au moins en partie reconstruit, avec la préhistoire fabuleuse que s'attribuent les peuples. Il retrouve dans le souvenir d'enfance de Léonard, la théorie sexuelle infantile de la mère phallique que l'expérience psychanalytique met en rapport avec une relation érotique intense à la mère et avec un type d'homosexualité vraisemblable chez le peintre, même si elle n'est restée que platonique. Freud cite alors le fameux sourire énigmatique des figures féminines ou masculines dans les tableaux de Léonard, et même il reprend à son compte la « découverte » de son disciple O. Pfister qui voyait le contour d'un vautour, symbole de la maternité, dans l'enroulement compliqué du manteau de Marie penchée sur l'enfant Jésus, telle qu'elle est représentée dans l'admirable sainte Anne du Louvre. Toute cette partie de l'interprétation freudienne a été vivement contestée : la documentation historique est incomplète et surtout l'oiseau du souvenir n'est pas un vautour (Freud a été trompé par la traduction) mais un milan ; dès lors le rapprochement avec le symbolisme égyptien du vautour n'est plus tenable et il ne peut plus être question d'en retrouver l'image dans la sainte Anne du Louvre.

« en dehors des activités scientifiques ou artistiques.

Dans le Malaise dans lacivilisation il semble lui rattacher les activités professionnelles quand elles sontlibrement choisies.

D'autre part, il considère comme une forme de sublimation lesformations réactionnelles c'est-à-dire ces barrières élevées contre les pulsions,consolidées pendant la période de latence par l'éducation, mais qui tirent leursforces de la libido elle-même.

Ainsi se forment les traits de caractère : « Ainsil'entêtement, l'économie, le goût de l'ordre découlent-ils de l'utilisation del'érotisme anal.

L'orgueil est déterminé par une forte disposition à l'érotismeurinaire » (Trois essais, p.

190).

Le processus de la sublimation ne nous proposepas seulement une esquisse de caractérologie, mais plus généralement encorede la vie éthique : « C'est ainsi que la prédisposition perverse générale d el'enfance peut être considérée comme la source d'un certain 'nombre de nosvertus dans la mesure où, par formation réactionnelle, elle donne le branle à leurélaboration »(ibid., p.

190).Cependant le texte principal sur la sublimation reste Un souvenir d'enfance deLéonard de Vinci (1910).

Le souvenir est le suivant : « Je semble avoir étédestiné à m'occuper tout spécialement du vautour, écrit Léonard, car un despremiers souvenir d'enfance est qu'étant au berceau, un vautour vint à moi,m'ouvrit la bouche avec sa queue et plusieurs fois me frappa avec sa queueentre les lèvres ».

Bien entendu ce récit peut n'avoir aucune objectivité et êtreune reconstruction.

Or Freud ne dispose que d'un matériel fort réduit pourinterpréter cet unique souvenir d'enfance : quelques éléments biographiques peusûrs, des textes et des dessins des fameux Carnets et enfin surtout l'oeuvreartistique.

En fait Freud s'appuie sur la symbolique dégagée par l'expériencepsychanalytique et sur la symbolique des légendes et des mythes (en particulierde l'Égypte ancienne concernant le vautour).

D'emblée il compare le souvenir aumoins en partie reconstruit, avec la préhistoire fabuleuse que s'attribuent lespeuples.

Il retrouve dans le souvenir d'enfance de Léonard, la théorie sexuelleinfantile de la mère phallique que l'expérience psychanalytique met en rapportavec une relation érotique intense à la mère et avec un type d'homosexualitévraisemblable chez le peintre, même si elle n'est restée que platonique.

Freudcite alors le fameux sourire énigmatique des figures féminines ou masculinesdans les tableaux de Léonard, et même il reprend à son compte la « découverte» de son disciple O.

Pfister qui voyait le contour d'un vautour, symbole de lamaternité, dans l'enroulement compliqué du manteau de Marie penchée surl'enfant Jésus, telle qu'elle est représentée dans l'admirable sainte Anne duLouvre.Toute cette partie de l'interprétation freudienne a été vivement contestée : ladocumentation historique est incomplète et surtout l'oiseau du souvenir n'estpas un vautour (Freud a été trompé par la traduction) mais un milan ; dès lors lerapprochement avec le symbolisme égyptien du vautour n'est plus tenable et ilne peut plus être question d'en retrouver l'image dans la sainte Anne du Louvre.Plutôt que de s'attarder sur la discussion d'un cas individuel, dans des conditionstelles que l'interprétation ne peut qu'être hautement hypothétique, il est plusimportant de suivre le processus de la sublimation, quelle que soit la valeurhistorique de l'exemple.

Ce que Freud cherche à expliquer par l'analyse dufantasme d'enfance de l'oiseau (milan ou vautour) est la conjonctionexceptionnelle chez Léonard du refoulement et des inhibitions sexuelles d'unepart et d'autre part d'une extraordinaire capacité de sublimation.

Dès la premièreenfance, les pulsions de voir, de savoir se manifestent avec force dansl'investigation sexuelle.

Une autre personne que Léonard n'aurait sans doute pasréussi à soustraire la plus grande partie de ses pulsions sexuelles au refoulementpar la sublimation en soif de savoir.

Il aurait pu en résulter soit un dépérissementdu travail intellectuel soit une névrose de type obsessionnel dont quelques traitsse retrouvent d'ailleurs dans la biographie de Léonard.

Il semble que, dans soncas, la curiosité sexuelle infantile prédominante se sublima en productionsscientifiques et artistiques, cependant qu'une faible part de la libido resteorientée vers un but sexuel, et encore, par suite de la fixation à la mère, sousune forme homosexuelle.Freud reconnaît les limites d'une telle biographie psychanalytique.

Il se défendde vouloir expliquer le génie par la psychopathologie.

Au XIXe siècle unecertaine exaltation romantique conduisit à expliquer la supériorité du grandhomme par le trouble mental et des psychiatres en ont fait la théorie.

Maispenser que tous les génies sont fous n'est pas même rassurant pour lamédiocrité de l'homme ordinaire, car la réciproque n'est sûrement pas vraie !Récemment encore des tonnes de papier ont été consacrées aux aspects lesplus pathétiques de la vie de Vincent Van Gogh, sans rien nous apprendre surson art.

Selon une formule rapide mais juste, Van Gogh n'a pas peint des chefsd'oeuvre parce qu'il était fou mais contre sa folie.

Depuis Freud, de nombreuses. »

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