Devoir de Philosophie

EMMANUEL Pierre : sa vie et son oeuvre

Publié le 06/12/2018

Extrait du document

EMMANUEL Pierre, pseudonyme de Noël Matthieu, (1916-1984). Poète. Né à Gan, dans les Pyrénées-Atlantiques, le futur Pierre Emmanuel séjourne aux États-Unis, puis fait ses études comme pensionnaire à Lyon, dans un institut religieux dont l'enseignement l’influence fortement. C’est sa rencontre avec Jouve, en 1938, qui suscite chez lui la vocation poétique. Son itinéraire se fonde sur la nécessité absolue d’unir le réel historique et la foi chrétienne. L’intérêt de sa poésie réside alors dans ce passage du réel (car le réel est pris en compte) à la dimension mystique. Il était tentant pour le poète croyant de s’approprier le langage poétique dès l’instant que ce dernier constitue la forme la plus achevée du dire.
 
La qualité du langage poétique est double pour Pierre Emmanuel : il permet de sortir de l’événementiel pour atteindre la signification symbolique (en ce sens, la poésie de Pierre Emmanuel n’est jamais, malgré les apparences — et nous pensons à la période de la « poésie de la Résistance » —, une poésie de circonstance). Mais surtout, la grammaire de la condensation poétique, au sens mallar-méen, les contraintes de la mesure syllabique et de la rime, tout cela constitue la parole divine même, et non plus un simple support : cette conception se fait jour dès 1942 avec le recueil XX Cantos.


« _, sage du réel (car le réel est pris en compte) à la dimension mystique.

n était tentant pour le poète croyant de s'appro­ prier le langage poétique dès l'instant que ce dernier consti­ tue la forme la plus achevée du dire.

La qualité du langage poétique est double pour Pierre Emmanuel : il permet de sortir de l'événementiel pour atteindre la signification symbolique (en ce sens, la poésie de Pierre Emmanuel n'est jamais, malgré les apparences ­ et nous pensons à la période de la « poésie de la Résis­ tance » -, une poésie de circonstance).

Mais surtout, la grammaire de la condensation poétique, au sens mallar­ méen, les contraintes de la mesure syllabique et de la rime, tout cela constitue la parole divine même, et non plus un simple support : cette conception se fait jour dès 1942 avec le recueil XX Cantos.

Ce n'est pas un hasard si la pratique poétique s'accompa­ gne, chez Pierre Emmanuel, d'une œuvre importante de réflexion théorique.

Le poète aura toujours parfaitement conscience des moyens inouïs de son art.

Lorsque Pierre Emmanuel rencontre Pierre-Jean Jouve, il sait que la poésie prophétique et visionnaire, d'inspiration chrétienne, constituera désormais son projet.

Son premier poème s'intitule : «Christ au tombeau)>.

Les événements de 1939-1945 ne viendront pas contredire ce projet, même si toute l' in spi ration de cette période appartient au registre de la « poésie de la Résistance ».

Exilé à Dieulefit (Drôme) où il est professeur, Pierre Emmanuel, aux côtés de Pierre Seghers, mène une intense activité créatrice.

L'écriture poé­ tique établit le lien entre le réel historique O'épreuve de la guerre) et le symbolique (la destinée humaine telle qu'elle apparaît dans la Bible).

n faut voir dans cette poésie la continuation d'une tradition déjà représentée par Du Bartas, Agrippa d'Aubigné, Péguy.

Avec la réflexion théorique qu'il mène sur le langage poétique, Pierre Emma nuel se sépare nettement du projet mallarméen (construction du langage poétique pur en dehors de l'individu) ou des tentatives de destruction du langage (dadaïsme, surréalisme ...

), au profit d'une position existentielle, celle de l'unité absolue de l'existence et de la parole.

L'Homme existe parce qu'il parle, la parole est sa conscience.

La poésie devient la parole originelle avec pour cause première Dieu.

On assiste alors à une condensation de plus en plus grande de J'écriture poétique chez Pierre Emma­ nuel, depuis 1942, avec Jour de colère, puis XX Ca,ntos, jusqu'à la Nouvelle Naissance, 1963, en passant par Evan­ géliaire, 1960.

M algr é son activité à la radio (il dir ige les services ,de la Radiodiffusion française en Grande-Bretagne et aux Etats­ Unis de 1945 à 1958), Pierre Emmanuel publie de nom­ breux recueils : le Poète et son Christ (1947), Prière d'Abraham ( 1947), Poésie, raison ardente (1953), Visage nuage ( 1955), Orphiques, Tombeau d'Orphée et, en outre, un roman, Car enfin je vous aime ( 1950, rééd.

augmentée, 1983), des essais...

En 1968, il est élu à 1' Académie française puis préside la Commission de réforme de l'enseignement du français; cependant son ac tivité d'écrivain ne diminue pas : Autobiographies ( 1970), Jacob (1970), Pour une politique de la culture (1971 ), la Révolution parallèle ( 1975), la Vie terrestre (1976), Tu (1978), le Grand Œuvre (1984).

Critique, il publie des essais sur Éluard (le Je universel, 1967), sur Baudelaire.

Mais 1 'essen tiel est concentré sur une recher­ che de 1' absolu, c'est-à-dire de Dieu.

Cette recherche, Pierre Emmanuel ne l'accomplit pas un iqu� men t qans le langage poétique.

Le Dire le renvoie à l'Etre, l'Etre Je renvoie au réel his to riqu e, le réel historique le renvoie à l'absolu et l'absolu s'exprime dans le langage.

Ainsi la vérité absolue (Dieu) nous renvoie à la «vérité concrète du mot.

..

».

Selon Pierre Emmanuel, s'il fait surgir la parole, le poète ne l'invente pas.

Elle lui est donnée.

Ainsi, l'écri- ture poétique contient sa propre réponse, à 1' instant même où elle se formule.

Elle est possédée par le poète triomphant, qui ne sera pas un poète maudit mais celui qui formule, à travers l'ordre du langage poétique (condensation, transparence, brièveté, contraintes tech­ niques, symboles, loi rythmique du verbe ...

), l'unité du Spirituel, de l'Homme et du Monde.

BffiLIOGRAPHIE Alain Bosquet.

Pierre Emmanuel, coll.

Poètes d'aujourd'hui, Seghers, 1959.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles