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ENCYCLOPEDIE: Dreyfus (affaire)

Publié le 30/06/2012

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Affaire d'espionnage qui se transforma en l'une des crises les plus importantes de la IIIe République et divisa la France tout entière. Elle connut plusieurs rebondissements. Le premier jugement Nous sommes en 1894. Depuis quelques mois, le Haut Etat-Major de l'armée française s'émeut des nombreuses informations secrètes et stratégiques qui parviennent illégalement en Allemagne. Un coupable est alors trouvé : le capitaine Dreyfus, officier juif de 35 ans, est accusé d'avoir livré des secrets militaires. Le capitaine Dreyfus La preuve en serait un bordereau retrouvé dans la corbeille de l'attaché militaire allemand, et qui porterait l'écriture même de Dreyfus. Une expertise confirme alors l'accusation. Le capitaine Dreyfus est dégradé, et condamné à la déportation (1894) en Guyane. Mais un officier de l'armée française, le colonel Picquart, est convaincu de la culpabilité d'une autre personne, le commandant Esterhazy. Picquart fait passer celui-ci devant le conseil de guerre, mais Esterhazy est acquitté. La révision du procès: Le 13 janvier 1898, Emile Zola publie dans l'Aurore une lettre destinée au président de la République. Dans ce texte intitulé J'accuse, l'écrivain met en cause les preuves fournies, dénonce l'illégalité du procès et montre du doigt le parti pris de l'état-major. Zola sera condamné à un an de prison et à une amende. J'accuse: Mais affiché sur les murs de Paris, vendu à 300 000 exemplaires, son article, telle une bombe, relance cette affaire délicate en voie d'être étouffée. Dreyfus est alors érigé en symbole-martyr. La nouvelle étude du dossier révèle qu'une des plus importantes pièces à conviction est fausse. Le lieutenant-colonel Henry avoue la supercherie, puis se suicide. Le procès de 1894 est annulé. Le conseil de guerre de Rennes se penche à nouveau sur l'accusation, mais déclare tout de même Dreyfus coupable en septembre 1899. Les circonstances atténuantes lui seront toutefois accordées. La France partagée: L'affaire Dreyfus dépasse largement le cadre de l'erreur judiciaire appliquée à l'armée. Dans un débat passionnel, elle divise la France en deux camps irréconciliables. Plus encore, elle offre deux conceptions opposées de l'individu et de la société, conceptions qui marqueront durablement le débat politique au XXe siècle. Les "antidreyfusards" approuvent les jugements. Ce camp, constitué des conservateurs, des antisémites et d'une bonne partie de l'armée, défend l'ordre établi contre la liberté individuelle. Les "antidreyfusards" sont regroupés au sein de la "ligue des patriotes" par Paul Déroulède. Les "dreyfusards" sont, quant à eux, constitués de l'aile gauche et d'une bonne partie des intellectuels (Anatole France, André Gide, Marcel Proust ou encore Charles Péguy). Inspirés par l'esprit des Lumières, ils s'appuient sur une conception de l'individu, de la liberté et de la justice héritée de 1789. C'est dans cet esprit qu'ils fondent la ligue de l'homme et du citoyen pendant le procès Zola. Une reconnaissance tardive: L'innocence du capitaine Dreyfus ne sera reconnue qu'en 1906. Le président de la République Emile Loubet gracie Dreyfus qui peut réintégrer l'armée. Caricature d'Emile Loubet Ce n'est qu'au mois de septembre 1995 que le chef du service historique des armées a reconnu que l'accusation contre le capitaine Dreyfus "avait été en partie fondée sur des documents truqués". Chronologie des faits réels: En juillet 1894, le commandant Esterhazy propose ses services à l'attaché militaire allemand, le lieutenant-colonel von Schwartzkoppen. En octobre 1894, les fuites d'informations de l'état-major sont attribuées au capitaine stagiaire Dreyfus. Celui-ci est condamné en décembre 1894 par le conseil de guerre à la déportation en Guyane. Le capitaine Dreyfus est dégradé en janvier 1895. En mars 1896, le colonel Picquart, chef du bureau des renseignements, identifie Esterhazy comme étant un espion à la solde de l'Allemagne. Mais une enquête, menée par le général de Pellieux, conclut en novembre 1897 à l'innocence d'Esterhazy. Ce dernier est acquitté en janvier 1898 par le conseil de guerre. Le 13 janvier 1898, l'Aurore publie la lettre d'Emile Zola au président de la République, ce qui pousse le Conseil des ministres à accepter la révision du procès de Dreyfus. En décembre 1899, Dreyfus est à nouveau condamné, mais avec des "circonstances atténuantes". Jean Jaurès tient alors un discours retentissant à la Chambre contre cette décision, et une nouvelle enquête est ouverte. Le 12 juillet 1906, Dreyfus est réhabilité, puis réintégré dans l'armée en tant que chef d'escadron.

« -Le procès de Zola a fait assez de bruit pour que soit engagée la procé­ dure de révision: l'objectif est atteint.

Le 3 juin 1899, est annulé le jugement de 1894 qui condamnait Dreyfus.

Ramené en France, celui-ci est à nouveau jugé, puis grâcié.

Il ne retrouvera son honneur qu'en 1906, date de sa réha­ bilitation et de sa réintégration dans l'armée.

• Les deux camps Il s'agit d'un combat idéologique qui va opposer: - les antidreyfusards, défenseurs des valeurs traditionnelles : France, armée, patrie.

A leur tête, quatre intellectuels : Drumont, auteur de La France juive (1886), Maurras, Barrès, Daudet; -les dreyfusards : ils se battent pour un idéal de droit de justice et de vérité, et se font les hérauts d'une morale laïque et républicaine.

A leur tête, outre Zola, Anatole France et Péguy.

• Les arrière-plans -Le "J'accuse" a joué le rôle d'un catalyseur.

Le texte a démontré la force des mots, leur capacité à structurer le débat et à élever la réflexion.

-L'affaire Dreyfus a enclenché un processus qui perdurera pendant tout le )()(ème siècle : celui de l'engagement des intellectuels.

-Tout cela a incité à réfléchir sur la place des intellectuels et des artistes dans la société, sur leur capacité de mettre leurs compétences au service de la démocratie, de faire circuler les idées.

• Bibliographie Parmi bien d'autres textes littéraires, nous retiendrons ...

d'Anatole France : l'Anneau d'améthyste (1899), M.

Bergeret à Paris (1901), L'Ile des Pingouins; de C.

Péguy: Notre Jeunesse (1910) ; de R.

Martin du Gard :Jean Barois (1913); d'E.

Zola, Vérité (1902).

On notera aussi les fréquentes allusions que fait Proust à l'Affaire Dreyfus dans A la Recherche du temps perdu.

• Le mot de la fin "L'antisémitisme, maintenant.

Il est le coupable.

J'ai déjà dit com­ bien cette campagne barbare, qui nous ramène de mille ans en ar­ rière, indigne mon besoin de fraternité, ma passion de tolérance et d'émancipation humaine.

Retourner aux guerres de religion, recommencer les persécutions religieuses, vouloir qu'on s'exter­ mine de race à race, cela est d'un tel non-sens, dans notre siècle d'affranchissement, qu'une pareille tentative me semble surtout imbécile." (Zola :La Vérité en marche, 1901).

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