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ENCYCLOPEDIE: Schiller, Friedrich von

Publié le 12/06/2006

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(Johann Christoph Friedrich von Schiller, 1759-1805) Grand poète, philosophe et dramaturge allemand, représentant du classicisme allemand avec Goethe. Sa vie et son oeuvre peuvent être divisées en trois grandes périodes : - les Brigands (1781), la Conjuration de Fiesque (1784), Intrigue et Amour (1784) ; - la période philosophique, esthétique et scientifique (Don Carlos, drame 1787) ; - la période classique, influencée par Goethe (la trilogie Wallenstein, 1798-1799).
Sturm und Drang Fils d'un médecin officier, il est confronté très tôt à l'arbitraire et à l'absolutisme. Après l'école militaire de Stuttgart, il étudie le droit et la médecine. Puis, médecin militaire à Stuttgart, il s'enfuit en 1782. Il connaît des difficultés financières suite à l'arrêt de son contrat au Théâtre national de Mannheim (1884). Il vit alors deux ans chez un admirateur, Körner, à Dresde. Dans son oeuvre de jeunesse, Schiller, attaché au Sturm und Drang, s'en prend à la réalité politique de son époque, opposant à l'arbitraire et au despotisme de la société, la sensibilité, l'amour et l'élan du coeur. Les Brigands (1781) mettent en scène deux frères : Franz, avide de pouvoir politique, et Karl, le rebelle, poussé par la haine et l'injustice que lui inspire la société.
Période philosophique et esthétique Après deux ans à Dresde, Schiller s'installe en 1789 à Weimar. D'abord rédacteur dans différentes revues, il obtient par l'intermédiaire de Goethe une chaire d'histoire et de philologie à Iéna. En 1790, il épouse Charlotte von Lengefeld, mais son état de santé se détériore bientôt. Il bénéficie alors d'une rente du prince du Danemark, auquel il dédiera en 1793 ses Lettres sur l'éducation esthétique de l'homme, et se confronte aux travaux d'Emmanuel Kant. Cette période philosophique, riche en réflexions théoriques, est marquée par la Révolution française. Face aux tensions entre une réalité sociale et des idéaux humanistes qui se perdent dans un combat révolutionnaire de plus en plus sanguinaire pour la liberté, l'égalité et la fraternité, Schiller prône une éducation esthétique de l'homme. Libéré des dogmes et ce, depuis l'avènement des Lumières, ce n'est que dans l'art que l'individu peut appréhender son rapport au monde. Schiller développe son postulat dans Don Carlos (1787), drame politique qui marque le passage de ses oeuvres de jeunesse à la période classique. Il rédige ses écrits théoriques (De la grâce et de la dignité, 1795-1796) ainsi que des études historiques (Histoire de la révolte qui détacha les Pays-Bas de la domination espagnole, 1788 ; Histoire de la guerre de Trente Ans, 1791-1793).
Période classique Cette période, marquée par l'amitié légendaire qui unit Schiller et Goethe, sera le fruit d'une collaboration artistique entre les deux hommes. Ils publient dans l'Almanach des muses leur oeuvre commune : Xenien. En 1799, Schiller s'établit à Weimar. Il y meurt en 1805, à l'apogée de sa création artistique. Les drames de la période classique reprennent le thème de la polarité entre l'individu et le déterminisme de la société, tout en le replaçant dans l'Allemagne du XVIIe siècle (Wallenstein, 1798-1799), l'Angleterre du XVIe siècle (Marie Stuart, 1800) ou la France du XVe siècle (la Pucelle d'Orléans, 1801). Ses pièces marquent une rupture avec les tragédies bourgeoises de Lessing et s'inscrivent dans une conception du classicisme dramaturgique. Le poète doit se démarquer de la réalité historique de son époque et atteindre une vision esthétique intemporelle. Guillaume Tell (1804), drame dans lequel Schiller met le combat pour l'indépendance du peuple suisse au XIVe siècle en regard des événements de son époque, constituera néanmoins une exception à cette conception du théâtre classique. Il y développe, tel Kleist dans la Bataille d'Arminius, le problème de l'identité nationale. L'oeuvre de Schiller influencera considérablement Georg Büchner.
 

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« Posa).

La conception du monde, telle qu'elle mûrit, à ce moment-là, dans l'esprit de Schiller, fait une place de plus en plus grande à l'homme considéré sous l'angle de ses attaches et ses devoirs.

Les études historiques feront naître deux chefs-d'œuvre : l'Histoire du soulèvement des Provinces- Unies ( 1 788) et l'Histoire de la Guerre de Trente Ans ( 1 790).

Là encore, le cours de l'histoire est conçu comme l'effet des lois morales de la raison divine.

La vivacité saisissante du récit trahit le dramaturge.

La leçon inaugurale de Schiller à Iéna : « Que signifie et pourquoi étudie-t-on l'histoire universelle? » développe une vraie théodicée de l'histoire, vue comme un perpétuel progrès vers les sommets de la raison.

Cette conception, proche de Kant, devait encore s'affirmer après la première lecture systématique de la « Critique du jugement », lecture que Schiller fit au moment de sa convalescence, après une grave maladie.

Il produira, au cours de son « époque philosophique» (1792-1794), son œuvre philosophique capitale, les Lettres sur l'éducation esthétique, qui est aussi le sommet de l'esthétique idéaliste et de la philosophie classique de la culture.

La mission de l'art y est définie, avec un pieux enthousiasme, de la manière la plus stricte et la plus concrète : l'art seul a le pouvoir, en harmonisant raison et imagination, de faire de l'homme un être complet.

Schiller s'insurge par là contre l'idéologie de la Révolution française et contre l'état « naturel » de Rousseau, auquel il oppose un état esthétique.

C'est en juillet 1794 que sera conclue l'alliance spirituelle avec Gœthe.

Schiller développera encore sa philosophie du tragique, conjointement avec son enseignement du sublime, dans une série d'écrits (Sur l'art tragique, Sur le sublime et d'autres), avant de revenir, en 1796, à la création poétique et d'écrire Wallenstein (1798-1799, paru en 18oo), le chef-d'œuvre de son époque classique et le prototype de la tragédie classique allemande.

Le ye acte de la Mort de Wallenstein représente le sommet de toute l'œuvre dramatique de Schiller.

Il prouve qu'au moment où il fut écrit, la foi de son auteur dans l'action perpétuelle d'une raison historique s'était troublée.

En opposant la tragédie du noble libertaire idéaliste Piccolomini à celle du grand réaliste Wallenstein - l'un broyant l'autre, dans la marche inexorable de la fatalité -Schiller illustre le double aspect de sa propre personnalité, partagée entre la pure vertu et l'amorale puissance de la volonté.

Suivront rapidement les autres chefs-d'œuvre de la deuxième époque principale : Marie Stuart (paru en 1 8o 1), la Pucelle d' Orléans ( 1 8o 1-1 802), la Fiancée de Mes sine ( 1 803) et Guillaume Tell ( 1 804) ; autant de sujets où s'affirment les forces de la raison éthique de l'histoire.

Seule, la Fiancée de Messine se passe à un moment historique indéterminé.

A deux reprises, l'architecture sévère de la forme dramatique classique se desserre : dans la « tragédie romantique )) de la Pucelle et dans Guillaume Tell, ici par des intermèdes musicaux lyriques, là par les moyens du théâtre épique.

Dans la Pucelle, Schiller est sous l'influence de l'idée nationale allemande, placée, elle aussi, sur un fondement éthico-religieux.

Dans ses pièces de pur style classique, il se rapproche de la forme des tragédies françaises, dont il a traduit Phèdre, en même temps qu'il écrivait une adaptation de Macbeth.

La poésie lyrique, très pénétrée de philosophie ·du Schiller classique, est apparue, pour la première fois, dans les Poésies (1801-1803); ses réussites les plus complètes sont : les Artistes, les Idéaux, l'Idéal et la Vie, la Promenade et, parmi les ballades, les Grues d' lbycos.

Emule du Gœthe épique, Schiller, poète lyrique, s'efforce de donner au monde des idées une réalité palpable dans l'expression poétique.

Mais il impose même au réalisme de ses évocations du quotidien bourgeois (Chant de la cloche) une architecture classique équilibrée.

Peu de mois avant sa mort, Schiller s'est attaqué à un thème dramatique russe, Demetrius, dont il ne put achever, à peu près, qu'un acte et demi.

Plus que jamais auparavant, la forme dramatique y tend vers l'épique.

Une nouvelle crise de l'idéalisme éthique s'y annonce, mais une conception radicalement nouvelle du tragique et de la forme théâtrale n'y sont pas encore perceptibles.

L'idéalisme éthique et un nouveau réalisme, qui présage Kleist, s'y opposent en un combat indécis.

Ainsi, peu avant la fatale maladie, dont, de longues années durant, il avait héroïquement combattu les progrès, le poète du Demetrius a fait à nouveau l'aveu de sa double nature, éthique et sensuelle, de même que de son insatiable besoin de développement moral, de sa capacité d'évolution, auxquels ne devait mettre fin que sa mort trop précoce.

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