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Les enfants ne réagissent-ils pas, souvent, d'une manière inattendue et salutaire en faisant appel aux immenses ressources de leur imagination ?

Publié le 14/10/2011

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1. L'influence du choix des jouets sur la mentalité enfantine

Il est facile de constater le phénomène incriminé par Roland Barthes, en particulier pendant la période« privilégiée «de Noël. Les journalistes qui présentent alors les jouets nouveaux, insistent longuement sur les fusées, les jouets téléguidés, les poupées qui parlent grâce au disque placé dans leur corps....

« sont essentiellement un microcosme adulte; ils sont tous reproduc­ tions amoindries d'objets humains, comme si aux yeux du public l'enfant n'était en somme qu'un homme plus petit, un homunculus à qui il faut fournir des objets à sa taille.

Les formes inventées sont très rares : quelques jeux de construc­ tion, fondés sur le génie de la bricole, proposent seuls des formes dynamiques.

Pour le reste, le jouet français signifie toujours quelque chose, et ce quelque chose est toujours entièrement socialisé, consti­ tué par les mythes ou les techniques de la vie moderne adulte : l'Armée, la Radio, les Postes, la Médecine (trousses miniatures de médecin, salles d'opération pour poupées).

l'École, la Coiffure d'Art (casques à onduler).

l'Aviation (parachutistes), les Transports (trains, Citroëns, Vedettes, Vespas, stations-services).

la Science (jouets martiens).

Que les jouets français préfigurent littéralement l'univers des fonc­ tions adultes ne peut évidemment que préparer l'enfant à les accepter toutes, en lui constituant avant même qu'il réfléchisse l'alibi d'une nature qui a créé de tout temps des soldats, des postiers et des ves­ pas.

Le jouet livre ici le catalogue de tout ce dont l'adulte ne s'étonne pas : la guerre, la bureaucratie, la laideur, les Martiens, etc.

Ce n'est pas tant, d'ailleurs, l'imitation qui est signe d'abdication, que sa litté­ ralité : le jouet français est comme une tête réduite de Jivaro ( 1 ) où l'on retrouve à la taille d'une pomme les rides et les cheveux de l'adulte.

Il existe par exemple des poupées qui urinent; elles ont un œsophage, on leur donne le biberon, elles mouillent leurs langes; bien­ tôt, sans nul doute, le lait dans leur ventre se transformera en eau.

On peut par là préparer la petite fille à la causalité ménagère, la « condi­ tionner » à son futur rôle de mère.

Seulement devant cet univers d'objets fidèles et compliqués l'enfant ne peut se constituer qu'en propriétaire, en usager, jamais en créateur; il n'invente pas le monde, il l'utilise :on lui prépare des gestes sans aventure, sans étonnement et sans joie.

On fait de lui un petit propriétaire pantouflard qui n'a même pas à inventer les ressorts de la causalité adulte; on les lui four­ nit tout prêts : il n'a qu'à se servir, on ne lui donne jamais rien à par­ courir.

Le moindre jeu de construction, pourvu qu'il ne soit pas trop (1) Indiens de l'Amérique du Sud qui conservaient comme trophées les têtes désossées el desséchées de leurs ennemis.. »

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