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LES OEUVRES D'ART NOUS ENSEIGNENT-ELLES QUELQUE CHOSE ?

Publié le 13/03/2004

Extrait du document

En principe, c'est pourtant le concept qui est universel, et c'est bien de son côté que peut s'élaborer la connaissance authentique. Mais l'oeuvre d'art propose, en guise d'universalité, un plaisir - c'est-à-dire une relation aux formes sensibles qui n'a rien de commun avec la connaissance, le savoir ou l'enseignement. ·         « Est beau ce qui plaît universellement sans concept «. Ø  « Ce qui plait universellement «: Le fait que cette satisfaction soit universelle, valable pour tous découle de la première définition.  En effet nous avons vu qu'être sensible à la beauté relève d'une sensibilité purifiée de la convoitise, de la crainte, du désir, du confort ... bref de tous les intérêts particuliers. Ce plaisir éprouvé n'est donc pas celui d'un sujet enfermé dans sa particularité et ce dernier peut à juste titre dire: « c'est beau «, comme si la beauté était dans l'objet. Il peut légitimement s'attendre à ce que tout autre éprouve la même satisfaction. Ø  « sans concept «: « L'assentiment universel est seulement une Idée «. Il n'y a pas de preuve pratique ou conceptuelle de la beauté.

  • Parties du programme abordées :

- L'imagination. - Le jugement. - L'art.

  • Analyse du Sujet : Les œuvres d'art ont-elles parmi leurs fonctions celle de véhiculer un savoir ou une expérience ? Ou se proposent-elles comme simple objet de jouissance esthétique ?
  • Conseils pratiques : Chaque mot compte dans cet énoncé. Attachez-vous à leur donner un sens précis. Par exemple, qui est le nous à qui les œuvres d'art peuvent enseigner quelque chose ? Pourquoi ? Quel type particulier d'enseignement est-il alors à l'œuvre ? Comme pour tous les sujets d'esthétique, appuyez-vous sur des exemples concrets que vous analyserez avec rigueur.
  • Bibliographie :

Kant, Critique de la faculté déjuger, Ve partie, Vrin. Hegel, Esthétique, textes choisis, PUF. Nietzsche, La volonté de puissance, Trident. Heidegger, Chemins qui ne mènent nulle part, 1" texte, Gallimard. Malraux, Les Voix du silence, Gallimard.

  • Difficulté du sujet : **
  • Nature du sujet : classique

« Dans ses Leçons d'Esthétique, Hegel va au-delà de l'approche kantienne: sil'art est bien « manifestation sensible d'une idée », cela lui interditévidemment d'être confondu avec une idée pure — le sensible venantempêcher l'idée de se manifester de manière totalement abstraite.

L'oeuvred'art appartient ainsi à un univers préconceptuel, elle est, si l'on veut, sur lavoie d'un concept, mais elle n'accède pas à ce dernier. Hegel (1770-1831) a donné des leçons sur l'art à Berlin, pendant le semestre d'hiver 1820-1821, au cours des étés 1823-1826 et de l'hiver 1828-1829.

Peu de temps après sa mort, ses disciples les plus proches publient letexte de ces leçons dans l'édition allemande de 1835.

Ce n'est qu'à partir de1944 que ces leçons ont commencé à être publiées en France.

La traductionla plus récente est celle de S.

Jankélévitch, sous le titre d'Esthétique(Flammarion, 1979). On peut y lire : « L'art occupe le milieu entre le sensible pur et la pensée pure. » Autrement dit, Hegel définit l'art comme la mise en forme sensible d'un contenu spirituel.

Toute œuvre d'art est une totalité finie conciliantl'idée ou le message qui s'adresse à l'esprit avec la matière sensible qui enconstitue l'expression nécessaire et qui s'adresse extérieurement à la vue ouà l'êtiie : « Elle (l'oeuvre d'art) doit être activité spirituelle, mais comporter en même temps un côté sensible et direct..

La productivité artistique exige l'indivision du spirituel et du sensible.

Nous disons des produits de cette activité qu'ilssont des créations de la fantaisie.

En eux s'expriment l'esprit, le rationnel, la spiritualité qui rend son contenuconscient à l'aide d'éléments sensibles. » Hegel s'oppose ainsi à l'art purement visuel évoqué par Lessing .

En le rapportant à des périodes de l'histoire spirituelle de l'humanité, il est amené à considérer que l'art, comme réalisationde l'absolu, est dépassé par la religion et la philosophie : « L'art reste pour nous, quant à sa suprême destination, une chose du passé. » L'art n'adoucit-il pas notre vie ? Ne charme-t-il pas agréablement nos loisirs ? En tant que création sans cesserenouvelée de l'imagination, l'art ne défie-t-il pas toute définition et tout traitement philosophique ou scientifique ? Hegel réfute ces objections.

L'art ne se réduit pas à un simple jeu fugitif, au service de nos plaisirs et distractions. Il ne se réduit pas à l'exaltation du sentiment, ni même à l'expression personnelle.

S'il est vrai que l'art agit sur notresensibilité, il n'en a pas moins une valeur intellectuelle.

Il nous fait pénétrer dans le domaine spirituel ; il révèle,sous forme sensible, l'absolu, et touche ainsi, comme la philosophie et la religion, aux plus hauts intérêts del'humanité : « La plus haute destination de l'art est celle qui lui est commune avec la religion et la philosophie.

Comme celles-ci,il est un mode d'expression du divin, des besoins et des exigences les plus élevés de l'esprit. » Cependant l'art « diffère de la religion et de la philosophie par le fait qu'il possède le pouvoir de donner de ces idées élevées une représentation sensible qui nous les rend accessibles ». Si, dans toute œuvre d'art, l'esprit se matérialise et la matière se spiritualise, alors le but de l'art n'est pas d'imiter lanature.

Hegel s'oppose à ceux qui prétendent que, la beauté naturelle étant supérieure à la beauté artistique, l'artiste doit reproduire ce qu'il y a de beau dans la nature.

A quoi bon refaire une seconde fois ce qui existe dans lemonde extérieur? Une telle répétition est superflue.

De plus, l'art ainsi conçu restera toujours inférieur à la nature,car « Limité dans ses moyens d'expression, il ne peut produire que des illusions unilatérales, offrir l'apparence de laréalité à un seul de nos sens; et, en fait, lorsqu'il ne va pas au-delà de la simple imitation, il est incapable de nousdonner l'impression d'une réalité vivante ou d'une vie réelle: tout ce qu'il peut nous offrir c'est une caricature de lavie. » C'est précisément parce que l'art est un produit de l'esprit humain qu'il est supérieur à la nature.

Loin de n'être qu'unpur jeu d'apparences et d'illusions, l'art présente sur la réalité extérieure la même supériorité que la pensée : « Ce que nous recherchons dans l'art, comme dans la pensée, c'est la vérité.

Dans son apparence même, l'art nousfait entrevoir quelque chose qui dépasse l'apparence: la pensée. » Contrairement aux événements et phénomènes qui dissimulent la pensée sous un amas d'impuretés et nous fontcroire qu'eux seuls représentent le réel et le vrai, l'art débarrasse la réalité extérieure de tout ce qui n'est quecontingence ou fatras de détails, pour en dévoiler l'essence et la vérité « L'art creuse un abîme entre l'apparence et l'illusion de ce monde mauvais et périssable, d'une part, et le contenuvrai des événements, de l'autre, pour revêtir ces événements et phénomènes d'une réalité plus haute, née del'esprit. » Il en résulte que si l'art peut être traité d'apparence, son apparence n'est pas de l'ordre de l'illusion et du mensonge,. »

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