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Quel enseignement peut-on recevoir de l'expérience ?

Publié le 17/11/2004

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11. La méthode expérimentale. Prenons l'exemple de l'expérience du foie lavé, effectuée et décrite par Claude Bernard, qui a formalisé la méthode expérimentale. Jusqu'au XIX e, on pensait que les animaux absorbent le sucre que les végétaux produisent, et qu'il se dégrade dans l'organisme par l'intermédiaire des poumons. Claude Bernard se rend compte que des lapins possèdent du sucre dans le sang alors même qu'ils n'en ont pas absorbé. Pour comprendre d'où le sucre provient, il fait une hypothèse : un organe stocke le sucre et le renvoie dans l'organisme sous forme de glycogène. Le taux de sucre étant différent à l'entrée et à la sortie du foie, il suppose que ce dernier remplit cette fonction. L'expérience consistant à laver un foie afin de lui ôter tout sucre, puis à le replacer à la température de l'animal pendant 24 heures, vérifie l'hypothèse. L'expérimentation suit donc une méthode, c'est-à-dire un ensemble de règles qui permettent de conduire notre pensée. Elle comporte trois moments successifs : le repérage d'un fait qui constitue un problème parce qu'il contredit une théorie en vigueur, la formulation d'une hypothèse, la mise au point d'une expérience pour vérifier cette dernière.

« Introduction I.

On reçoit tout enseignement de l'expérience. 1.

L'expérience comme pratique : l'expérience enseigne le savoir-faire. 2.

L'expérience comme rencontre du « réel ». 3.

L'expérience, par opposition au discours, est la seule source d'un enseignement véritable. II.

L'enseignement n'est pas « reçu » de l'expérience, mais tiré d'elle. 1.

Il n'y a d'enseignement de l'expérience que par une activité de l'esprit. 2.

Premier aspect de cette activité : le langage. 3.

Second aspect : la construction de l'expérience scientifique. III.

Le paradoxe de l'expérience : l'esprit s'instruit auprès d'une expérience qu'il construit lui-même. 1.

L'esprit n'est pas produit par l'expérience : critique de Condillac. 2.

L'esprit précède l'expérience : existence d'un enseignement qui n'est pas reçu de l'expérience. 3.

La collaboration de l'esprit et de l'expérience : Kant. Conclusion [Introduction] Le sens commun valorise l'expérience : il oppose à la théorie abstraite, détachée du réel, l'expérience concrète,vécue.

Celle-ci serait donc la seule source d'un enseignement véritable : aux mots vides, elle substituerait lecontact plein et immédiat avec la réalité.

Quelle distance par exemple entre ce que les livres disent de l'amour ou dela souffrance, et l'expérience même de ces situations! Toutefois, cet enseignement est-il, à proprement parler, «reçu » de l'expérience? Suffit-il de tendre l'oreille pour entendre les leçons de l'expérience? L'expérience est-elle àce point « parlante »? N'est-ce pas plutôt à nous qu'il appartient de « tirer » des leçons de l'expérience?L'expérience n'enseigne qu'à celui qui sait l'interpréter.

Nous sommes dès lors placés devant un paradoxe : l'espritdevrait sa richesse à l'expérience, mais en retour, l'expérience ne devient enrichissante que par l'apport de l'esprit.C'est ce paradoxe que nous devons approfondir. [I.

On reçoit tout enseignement de l'expérience.] [1.

L'expérience comme pratique : l'expérience enseigne le savoir-faire. ] C'est un lieu commun de dire que l'expérience est riche en enseignements.

Analysons un premier exemple de cettevalorisation de l'expérience.

On dira d'un homme qui a de l'expérience dans un certain domaine, qu'il est supérieur àcelui qui n'en a pas.

L'expérience lui apporte quelque chose qu'il ne pouvait acquérir autrement.

Dans cet exemple,l'expérience désigne la pratique : à force de s'exercer à une activité, on obtient une maîtrise qui ne pourrait nous venir par aucune autre voie.

L'expérience est donc le seul maître qui enseigne le savoir-faire.

En effet, on peutconnaître parfaitement une chose — par exemple la technique du saut en hauteur — et être incapable de la réaliser.C'est donc que la réalisation d'une chose ne découle pas nécessairement de la connaissance de celle-ci : il y a unedifférence de nature entre le connaître et le faire.

C'est pourquoi aucun enseignement théorique n'est suffisant.

Latentative plusieurs fois répétée, l'entraînement sont requis pour acquérir de l'habileté dans un domaine.

Cela vaut pour les métiers manuels ou les exercices physiques, mais plus généralement pour tout type d'activité.

À cet égard,cela concerne aussi la connaissance dans la mesure où penser est une activité : à force d'exercer son esprit, celui-ci juge et raisonne avec plus de justesse et de promptitude.

L'expérience enseigne donc le savoir-faire, et enparticulier le savoir-penser, le bon usage de la raison.

Cette première indication n'est pas encore suffisante pourrendre compte de la valorisation commune de l'expérience.

Si le mécanicien apprend mieux son métier en démontantdes moteurs qu'en suivant des cours, il doit néanmoins posséder des connaissances en mécanique.

Le savoir-fairesuppose un savoir.

Ce savoir est-il alors à son tour quelque chose que nous recevons de l'expérience?. »

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