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Qu'entend-on par le mot vérité ?

Publié le 10/05/2012

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C. Ayant précisé les divers sens du mot réalité, il nous sera facile de répondre à la question qui se pose maintenant: avec quelle réalité doit s'accorder notre pensée pour être vraie ? La réalité peut être d'abord la pensée elle-même; il y a une certaine vérité dans la pensée lorsque ses divers éléments s'accordent entre eux et forment un tout capable d'exister ensemble. Ainsi, il n'y a aucune difficulté dans l'idée d'un polygone de mille côtés. C'est l'accord des divers traits de caractère d'un personnage de roman qui nous fait parler de sa vérité...

« 252 PROBLÈMES MÉTAPHYSIQUES jugement.

La vérité peut-elle être une propriété de ces idées ou de ces termes ? Il semblerait tout d'abord qu'il peut y avoir des idées faus­ ses, et, par suite, des idées vraies.

Par exemple, l'idée de triangle rectangle équilatéral serait une idée fausse, un tel triangle étant impossible.

Mais, en réalité, je n'ai pas l'idée d'un triangle rectangle équilatéral : si je puis accoupler ces termes, je ne puis pas penser la figure qu'ils désignent et qui reste impensable.

Dans le même sens ou pourrait dire encore que l'idée de myriagone est une idée fausse, puisqu'il n'y a pas de myriagone dans le monde.

Mais, tant que j'en reste à l'idée de myriagone, je n'affirme pas l'existence réelle de cette figure ; cette idée n'est que la représentation d'une figure pos­ sible.

Ici non plus, il n'y a pas d'erreur.

On peut donc affirmer, si l'on veut, que toutes les véritables idées sont vraies.

Tou­ tefois on préfère dire qu'elles ne sont ni vraies ni fausses et réserver le qualificatif de vrai et de faux au jugement.

Il y a vérité lorsque l'affirmation portée dans le jugement est conforme à la réalité ; erreur, quand il n'y a pas conformité entre l'affirmation et la réalité.

Ainsi, il est vrai de dire que le myriagone est possible ; il serait faux de dire qu'il est réel.

B.

Mais cet exemple même nous montre qu'il serait utile de préciser ce qu'il faut entendre par réalité.

Pour le sens commun, les objets matériels (cette feuille sur laquelle j'écris, la fenêtre que je vois ouverte ...

) sont les vrais objets réels : tout le reste est facilement conçu comme irréel.

La réflexion philosophique, et même la réflexion ordinaire, distingue une bien plus grande variété de réalités.

Ainsi, quand je pense au tunnel sous le Pas-de-Calais (qui n'est pas encore réalisé), ma pensée a un objet réel.

Des ingénieurs ont passé de longues journées à l'étude de ce tun­ nel projeté, et de leurs travaux il reste d'importants dossiers dans les archives de je ne sais quel ministère.

En moi-même, quand je pense à ce tunnel, il y a bien quelque chose de plus que lorsque je n'y pense pas.

De même, la représentation de la promenade que je me suis promise quand j'aurai fini cette dissertation a bien une certaine réalité, puisqu'elle m'excite au travail et provoque une certaine impatience devant les diffi­ cultés imprévues qui surviennent et me retardent.

Pour l'homme réfléchi, la pensée elle-même est une réalité.

Bien plus, indépendamment de la pensée que j'en ai, le tunnel sous le Pas·de-Calais, comme le kiliogone ou le myria-. »

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