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Entre l'inanimé et le vivant, la différence est-elle de nature ou de degré ?

Publié le 27/02/2008

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Entre l'inanimé et le vivant, la différence est-elle de nature ou de degré

On dit d’une chose qu’elle est inanimée lorsqu’elle est privée de mouvement. En effet, le terme vient du latin « anima « qui signifie âme : une chose inanimée est une chose sans âme, c'est-à-dire privée de tout principe de mouvement. Par la confrontation avec le terme vivant, le sujet nous invite à penser l’inanimé comme une chose qui n’est pas inanimée temporairement (comme un homme évanoui) mais qui est constitutivement inanimée, c'est-à-dire non vivant. On dit d’une chose qu’elle est vivante lorsqu’elle est inscrite dans le temps et manifeste une résistance contre les puissances de la mort (le vieillissement, la fatigue, la maladie…) jusqu’au moment où elle n’en est plus capable et sombre dans l’inanimé définitif : le corps vivant devient alors cadavre, c'est-à-dire chose sans vie, inanimée. Une différence de nature est une différence radicale : si je dis que l’inanimé et le vivant entretiennent une différence de nature, j’entends par là qu’il s’agit de deux types d’être distincts, de deux substances dans un rapport d’altérité. A l’inverse, si je dis qu’inanimé et vivant entretiennent un rapport de différence de degré, je veux dire par là qu’ils ont la même nature, mais que l’un réalise les mêmes capacités à un degré supérieur vis-à-vis de l’autre, comme s’il était davantage en acte et l’autre davantage en puissance. Nous nous demanderons donc si inanimé et vivant entretiennent une différence de nature ou simplement de degré, avant de questionner le présupposé de la question qui est précisément la différenciation de l’inanimé et du vivant, qui n’est peut-être pas si certaine.

« végétal et de l'organique.

Le minéral est totalement inanimé : nous ne saurions lui prêter la moindre vie, à moins dele faire métaphoriquement.

Le végétal est du vivant pour nous, mais un vivant avec des capacités moindres, moinsétendues que celles de l'organique.

Et au sein de l'organique, nous distinguons encore entre les êtres pour faire del'homme le vivant organique le plus évolué. b.

Une différence qui se cristallise autour de la sensibilité et de la raison Si nous opérons une telle distinction entre les trois ordres, c'est parce qu'elle se cristallise autour de deux notionsmajeures : la sensibilité et la raison.

En effet, le minéral est pour nous ce qui n'a ni vie, ni sensibilité, ni raison.

Levégétal est quant à lui pourvu de la vie et de la sensibilité (à la lumière, par exemple) mais non de la raison, alorsque l'organique réunit les trois.

C'est donc en fonction de cette différence essentielle que nous distinguons entrel'inanimé et le vivant : le premier est d'une autre nature que le second, car il ne réunit pas les qualités et lescapacités qui singularisent le vivant.

II.

La différence entre l'inanimé et le vivat est une différence de degré a.

L'évolution dans le temps de l'inanimé et du vivant interdit une distinction de nature Cependant, nous ne pouvons en rester là : il semble en effet que ce que nous pouvons prendre pour une différencede nature n'est en vérité qu'une différence de degré.

En effet, qu'est-ce qu'un cadavre, sinon de l'inanimé qui futvivant ? Une table, inerte, n'est-elle pas un quelque chose inanimé qui fut du vivant végétal ? Parce qu'il existe unpassage du vivant à l'inanimé (et de l'inanimé au vivant : la nourriture que j'ingère devient ma chair vivante) nous nepouvons dire que la différence de l'inanimé et du vivant est une différence de nature. b.

Des facultés latentes dans l'inanimé, exprimées dans le vivant Nous avancerons donc que la différence entre l'inanimé et le vivant est peut-être une différence de degré.

PourDiderot, l'émergence du vivant s'inscrit dans la continuité des processus organiques.

Le matérialisme du XVIIIerenoue en effet avec le postulat de Lucrèce (exprimé dans son De la nature ) : « ex nihilo nihil », rien ne peut sortir de rien.

Puisque rien ne saurait venir de rien, l'inorganique connait déjà la sensibilité et la vie.

Il y a donc unesensibilité, une subjectivité de l'inanimé, qui est affaiblie par rapport à celle de l'organique, mais qui n'en est pasmoins réelle.

Pour Diderot, la vie, la sensation, les traits de la sensibilité, sont déjà présents dans l'inorganique avecun degré différent selon les êtres, inanimés ou vivants, mais ils sont néanmoins communs à tous. III.

Il n'y a pas de différence réelle entre l'inanimé et le vivant a.

La distinction entre le potentiel et le virtuel Nous commencerons par opérer une distinction entre le potentiel et le virtuel, afin d'introduire l'idée d'uneidentification totale de l'inanimé et du vivant.

Le concept de potentialité comprend l'idée d'un possible inhérent à ununivers actuel, régi par des constantes déterminées.

La chute d'un crayon est par exemple une potentialité dans lecadre de la pensée de Newton.

La potentialité, c'est le possible soumis à la nécessité, elle advient sur un réseau depréexistence et elle émerge comme un cas possible d'un ensemble de cas.

A l'inverse, le virtuel est le domaine d'uneproduction d'effet qui ne s'inscrit pas dans une totalisation a priori des possibles : elle est le surgissement d'unévènement qui bouscule et contredit les lois à l'œuvre dans le monde. b.

L'indistinction de l'inanimé et du vivant et le surgissement ex nihilo C'est Quentin Meillassoux dans un ouvrage intitulé « Par delà la finitude » (2006) qui défend cette thèse de l'indistinction entre l'inanimé et le vivant.

En effet, pour ce philosophe contemporain, il est faux de penser qu'il existeune différence, qu'elle soit de nature ou de degré, entre l'inanimé et le vivant.

Si l'on fait une distinction entre lepotentiel et le virtuel, alors nous pouvons dire que ce qui entraine le passage de l'inanimé au vivant est unsurgissement ex nihilo, un pur surgissement sans cause identifiée dans la légalité de notre monde, qui cause cettemodification de deux objets non distincts ni en terme de nature, ni de degré.

L'acceptation de la thèse d'unepossibilité d'évènements sans causes permet donc de comprendre le passage de l'inanimé au vivant, non comme unchangement de nature ou de degré, mais comme une modification de substances non essentiellement distinctes. Conclusion A première vue, il n'est pas douteux que l'inanimé et le vivant entretiennent une différence de nature, puisqu'ilscorrespondent à des ordres différents.

Mais la possibilité d'un passage réciproque de l'un à l'autre nous conduit àpenser leur différence en termes de degrés.

En définitive, l'inanimé et le vivant ne sont peut être pasintrinsèquement différents, mais susceptibles de varier en fonction de surgissements ex nihilo, de l'introduction d'unevirtualité au sein de la légalité d'un monde donné.. »

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