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Essence et existence

Publié le 26/02/2004

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Étymologiquement, le mot existence (qui vient du latin existentia) se compose d'un dérivé du participe présent sistens, « se tenant « et du préfixe ex, « hors de «. Cette étymologie suggère que l'existence surgit à partir de quelque chose. Mais est-il possible de déduire l'existence, de poser un principe dont l'existence dériverait nécessairement ? L'existence peut-elle se déduire de l'essence ? * Certains philosophes ont tenté de rendre compte de l'existence à partir de l'essence. Ainsi, au XVII siècle, Leibniz pense que le réel existant se déduit du possible. Il existe certes une infinité de mondes possibles, mais Dieu, dans sa perfection, n'a pu créer que le meilleur (le nôtre), c'est-à-dire celui qui réalise le maximum de diversité pour un minimum de désordre. La création des existants par Dieu serait alors un choix rationnel, guidé par le souci de l'harmonie. Les théologiens chrétiens rejettent, il faut le souligner, cette théorie rationaliste de la création des êtres. Pour eux, la création n'a rien à voir avec une déduction.

« cent euros en pensée et cent euros réels ; mais dans un cas cette fortune existe, dans l'autre elle n'existe pas ! Del'idée de Dieu comme de tout autre idée, je peux déduire d'autres idées, mais je ne peux déduire aucune existence. • Dans sa critique de l'argument ontologique, Kant souligne avec force ce qu'il y a d'original, d'irréductible et de nonrationnel dans l'existence proprement dite.

L'existence – qu'il s'agisse de l'existence de Dieu ou de celle de n'importequel être – ne peut jamais être déduite. Pour Kant , les preuves de l'existence de Dieu sont des niaiseries.

Il n'est pas possible de prouver l'existence d'un être transcendant.

Il est impossible de connaître un être qui nous dépasse.

Dansl'argument ontologique, le premier concept, ce n'est pas Dieu mais l'idée de Dieu .

Si nous disons Dieu , nous supposons qu'il existe avant même de le démontrer.

L'idée de Dieu est l'idée d'un être qui possède toutes les perfections.

Or, un être parfait est un être qui existe, donc l'idée de Dieu existe.

Il s'agit pour Kant d'un jugement analytique du type : un tri-angle a trois angles.

Un tel jugement n'ajoute rien à l'idée de triangle.

Le prédicat est contenu dans le sujet.

Les propriétés dutriangle sont contenues dans le concept même de triangle.

L'argumentation de Descartes reste donc au niveau des idées.

La preuve ontologique n'est qu'une misérable tautologie.

Pour Kant le concept n'est qu'une possibilité logique mais on ne peut pas conclure de la possibilité logique desconcepts à la possibilité réelles des choses.

Autrement dit, de l'idée d'un Etre parfait, j'ai bien ledroit de conclure à l'idée que l'existence doit lui appartenir, mais nullement à son existence elle-même.

Dans la preuve cartésienne, le passage à l'existence, du Logique à l'Ontologique est indu.Le concept est toujours possible quand il n'est pas contradictoire.

Ainsi, par exemple, le conceptde carré est possible si je ne lui attribue pas deux prédicats contradictoires.

A contrario, « poser un triangle en en supprimant les trois angles est contradictoire », mais si je fais disparaître à la fois le triangle et les trois angles, « il n'y a plus là de contradiction ».

Il en est exactement de même du concept d'un être absolument nécessaire.

Si vous lui ôtez l'existence, vous supprimez la choseavec tous ses prédicats : « Si je supprime le prédicat d'un jugement en même temps que le sujet, il ne peut jamais en résulter une contradiction interne ».

Ainsi , pour Kant , l'existence ne peut se constater que par la voie empirique et non par la Raison.

Il faut distinguer le niveau des idées decelui de la vie.

Existe-t-il un Dieu réel ? Nous ne pouvons pas répondre en nous appuyant sur les principes de la Raison. Avec le grand rationalisme classique inauguré par Descartes , la raison apparaissait comme l'instrument infaillible d'une critique des illusions, généralement imputées aux sens ou à l'imagination. Or, avec Kant , l'illusion est portée au coeur même de la raison.

Le rationalisme fait place au criticisme, cad à une critique permanente des moyens de la connaissance, et à un incessant procès de la raison contre elle-même et ses prétentions abusives.

C'est le sens de l'illusion transcendantale :la raison prétend connaître au-delà des limites de l'expérience et déterminer des choses en soi, cad des objets qui ne sont pas donnés dans unphénomène sensible (le Moi, le monde, Dieu ). « Etre n'est évidemment pas un prédicat réel, c'est-à-dire un concept de quelque chose qui puisse s'ajouter auconcept d'une chose.

C'est simplement la position d'une chose ou de certaines déterminations en soi.

[...] Le réelne contient rien de plus que le simple possible.

Cent thalers réels ne contiennent rien de plus que cent thalerspossibles.

Car, comme les thalers possibles expriment le concept, et les thalers réels l'objet et sa position en lui-même, si celui-ci contenait plus que celui-là, mon concept n'exprimerait plus l'objet tout entier, et par conséquentil n'y serait plus conforme.

Mais je suis plus riche avec cent thalers réels qu'avec leur simple concept (c'est-à-direqu'avec leur possibilité).

En effet, l'objet en réalité n'est pas simplement contenu d'une manière analytique dansmon concept, mais il s'ajoute synthétiquement à mon concept [...], sans que les cents thalers conçus soient eux-mêmes le moins du monde augmentés par cette existence placée en dehors de mon concept. Quand donc je conçois une chose, quels que soient et si nombreux que soient les prédicats au moyen desquels jela conçois (même en la déterminant complètement), par cela seul que j'ajoute que cette chose existe, je n'ajouteabsolument rien à la chose.

[...] Cette preuve ontologique (cartésienne) si célèbre, qui prétend démontrer par des concepts l'existence d'un Etresuprême, fait dépenser en vain toute la peine qu'on se donne et tout le labeur consacré, et l'on ne deviendra pasplus riche en connaissances avec de simples idées qu'un marchand ne le deviendrait en argent si, dans la penséed'augmenter sa fortune, il ajoutait quelques zéros à son livre de caisse.

» KANT , « Critique de la raison pure ». L'illusion n'est plus seulement un déchet à éliminer ( Platon , Descartes ), mais elle est consubstantielle à l'instrument lui-même, la raison, qui se trouve empêtrée dans ses propres contradictions (antinomies : opposition d'une thèse etde son antithèse).

La « Dialectique transcendantale » est donc cette partie de la « Critique de la raison pure » où Kant examine comment la raison se contredit elle-même lorsqu'elle veut connaître au-delà de l'expérience. Et il est bien question ici d'illusion, et non d'erreur, car l'illusion transcendantale est inévitable, incorrigible, àl'inverse de l'erreur.

L'illusion transcendantale est un besoin structurel de la raison pure, et aucun effort d'attentionne peut y remédier. La connaissance est unification.

Pas de connaissance sans données sensibles ; mais les formes a priori de la sensibilité (espace et temps) unifient. »

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