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Est-il de l'essence de la vérité d'être impuissante ?

Publié le 27/01/2004

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L'essence de la vérité postule l'adéquation de la pensée à l'être. Non seulement le vrai porte l'empreinte du réel, mais surtout l'affirmation d'une réalité que rien ne modifie. Est vrai tout ce qui nécessaire ou irréfutable. Est vrai tout ce qui nous interdit de pouvoir penser ou agir autrement. La vérité donc, en consacrant le réel (l'ordre des choses) le confirme dans sa nécessité indéfectible. Le vrai ressasserait ainsi l'être dans sa nécessité. La vérité n'est ce qu'elle est qu'à la condition de revendiquer un ordre du réel qu'elle s'interdit de contrer et qu'elle ne cherche pas à dépasser. C'est bien le motif de cette impuissance à défier le réel qui constitue le gage de vérité Par essence, la vérité serait-elle alors seulement condamnée à paraphraser la réalité ? Elle serait ainsi une manière de lire l'impuissance humaine confrontée au réel.  La vérité ne serait donc pas par essence une interprétation en plus du réel (une façon intelligible de s'y rapporter) mais une lecture en moins de nos propres capacités. Plus le recours que nous ferons à celles-ci se fera dans un registre étroit, plus elles seront aisément vérifiables. Voyez, par exemple, comment une chaîne des raisons (catena rationis) à l'oeuvre dans la discursivité mathématique, sert le plus souvent de modèle à la vérité. En revanche, moins un discours ou une pensée se déploie more geometrico, davantage prend-il de liberté vis-à-vis de lui-même, et davantage est-il douteux. Est-il donc de l'essence de la vérité de ne jamais pouvoir inventer et toujours de répéter le nécessaire ?

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