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L'État doit-il être bienveillant ?

Publié le 12/09/2004

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Dès lors il faut comprendre que la jouissance de nos droits comme l'exercice de nos libertés engendrent une créance sociale en ce qu'ils résultent d'une action collective, qui pour ne pas être concertée, n'en produit pas moins un patrimoine commun dont nous sommes les bénéficiaires. Il serait par conséquent aussi superficiel qu'erroné de voir dans la société une somme d'individus farouchement indépendants les uns des autres ; dans la réalité il n'en est rien ; la société se présente en fait comme un système de solidarités complexes ou chacun n'existe que par l'action d'autrui. L'Etat en est conscient si les individus ne le sont pas; c'est pourquoi l'équité lui fait un devoir de satisfaire les aspirations des plus défavorisés si ceux qui le sont moins oublient ce qu'ils leur doivent. Aussi les droits sociaux, qu'il s'agisse du droit à la sécurité sociale ou à un minimum de ressource ne sont-ils pas les effets de la charité, mais l'effet d'une dette sociale tant il est vrai que la liberté ne s'arrête pas seulement là ou commence celle des autres, mais que sa condition même passe par l'existence d'autrui. II.  Kant : l'État bienveillant est le pire des despotismes. L'amour de l'État pour le peuple est, au premier abord, séduisant. Mais l'histoire montre que le paternalisme est, au fond, l'alibi du despotisme. Le bonheur est une affaire personnelle. Il appartient à chacun de le chercher dans la voie qui lui semble, à lui, être la bonne, pourvu qu'il ne nuise pas à la liberté d'autrui.

« les conditions qu'on aura déclinées.

Si l'employeur peut faire jouer la concurrence, l'employé est plutôt contraint dela subir.L'harmonie des intérêts dissimule par conséquent un conflit que l'égalité formelle des échanges ne suffit pas àdissiper.

C'est pourquoi les individus auront tendance à demander à l'Etat de tempérer les rigueurs du marché dèslors qu'ils risquent d'en être les victimes.

En ce sens, l'État intervient non seulement pour préserver les règles de laconcurrence, mais aussi pour corriger les inégalités qui empêchent les plus défavorisés d'y faire face, car s'il estpersuadé que les individus sont bien égaux en droit, il ne tient pas du tout pour acquis qu'ils le soient en fait.Comment d'ailleurs en serait-il autrement ? Si on soutient que les lois du marché sont naturelles, on ne voit pas eneffet que la nature qui est dépourvue d'intentions, soit à même de produire la justice sociale dont l'existence dépendd'une volonté de la faire naître.

De ce point de vue l'État est bien l'Anti-Nature, il n'abandonne pas l'homme auxforces aveugles qui la constituent mais l'en arrache au contraire, pour lui permettre d'accéder à ce qu'il y a demeilleur en lui.C'est à cette volonté que pense Condorcet lorsqu'il confie à l'État le soin d'organiser l'instruction publique.

Dans uneRépublique, les hommes sont supposés être des citoyens conscients, rationnels et suffisamment informés desproblèmes politiques pour pouvoir effectuer leurs choix en connaissance de cause.

Pourtant on sait que cetteconnaissance n'est pas également partagée.

Aisée si le capital économique et culturel est élevé, elle estfragmentaire et passionnelle si les individus sont soumis à des contraintes économiques et sociales que double unfaible capital culturel.

C'est pourquoi il revient à l'État d'instruire les individus, non seulement pour favoriser leurtrajectoire individuelle, mais aussi pour en faire des citoyens libres et responsables.S'il en est ainsi, l'État de droit prend avec l'État-Providence une signification toute nouvelle.

Dans la version libéralede l'État, la liberté préexiste au lien social, ou si on préfère, elle est un attribut constitutif de l'homme que l'État seborne à garantir.

Dans l'Etat-Providence, les individus n'ont pas seulement à défendre leurs droits contre l'arbitraire,ils doivent encore reconnaître tout ce qu'ils doivent à ceux qui en rendent l'exercice possible.

Si nous pouvons nousdéplacer librement, c'est parce que des milliers d'individus contribuent à l'entretien des voies de communication; sinous recevons notre courrier régulièrement, si un simple geste nous permet d'y voir la nuit, c'est que nousdépendons en permanence du travail d'autrui.

Dès lors il faut comprendre que la jouissance de nos droits commel'exercice de nos libertés engendrent une créance sociale en ce qu'ils résultent d'une action collective, qui pour nepas être concertée, n'en produit pas moins un patrimoine commun dont nous sommes les bénéficiaires.

Il serait parconséquent aussi superficiel qu'erroné de voir dans la société une somme d'individus farouchement indépendants lesuns des autres ; dans la réalité il n'en est rien ; la société se présente en fait comme un système de solidaritéscomplexes ou chacun n'existe que par l'action d'autrui.

L'Etat en est conscient si les individus ne le sont pas; c'estpourquoi l'équité lui fait un devoir de satisfaire les aspirations des plus défavorisés si ceux qui le sont moins oublientce qu'ils leur doivent.

Aussi les droits sociaux, qu'il s'agisse du droit à la sécurité sociale ou à un minimum deressource ne sont-ils pas les effets de la charité, mais l'effet d'une dette sociale tant il est vrai que la liberté nes'arrête pas seulement là ou commence celle des autres, mais que sa condition même passe par l'existence d'autrui. II.

Kant : l'État bienveillant est le pire des despotismes. L'amour de l'État pour le peuple est, au premier abord, séduisant.

Maisl'histoire montre que le paternalisme est, au fond, l'alibi du despotisme.

Lebonheur est une affaire personnelle.

Il appartient à chacun de le chercherdans la voie qui lui semble, à lui, être la bonne, pourvu qu'il ne nuise pas à laliberté d'autrui.

Le bonheur étant une chose subjective, l'État ne peut décideren quoi consiste le bonheur et ne peut contraindre personne à être heureux.L'État bienveillant ne peut qu'empêcher l'accès à la majorité du peuple.

C'estce que souligne Kant : "Un gouvernement paternel, où par conséquent lessujets, tels des enfants mineurs incapables de décider ce qui leur estvraiment utile ou nuisible, sont obligés de se comporter de manièreuniquement passive, afin d'attendre uniquement du jugement du chef de l'Étatla façon dont ils doivent être heureux, et uniquement de sa bonté qu'il leveuille également, - un tel gouvernement, dis-je, est le plus grand despotismeque l'on puisse concevoir." (Doctrine du droit, chap.

II, 1 ière, section, $ 49.) III.

Tocqueville : l'État bienveillant amollit les volontés. Alexis de Tocqueville (1805-1859), imaginant sous quels traits nouveaux ledespotisme pourrait se produire dans le monde, voit des hommes vivantsrepliés sur la sphère familiale, préoccupés uniquement par de petits et vulgaires plaisirs, et au-dessus d'eux un pouvoir immense et tutélaire, « qui se charge seul d'assurer leur jouissanceet de veiller sur leur sort ».

Il montre alors que l'État protecteur ne peut que maintenir les hommes dans l'enfance etl'irresponsabilité.

Certes, contrairement à l'État violent et ouvertement dominateur, l'État bienveillant ne brise pasles volontés.

Mais il les amollit, les plie et les dirige.

S'il force rarement à agir, il s'oppose sans cesse à ce qu'onagisse.

Il ne détruit point, mais il empêche de naître.

Il ne tyrannise point, mais « il gêne, il comprime, il énerve, iléteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation à n'être plus qu'un troupeau d'animaux timides et industrieux, dontle gouvernement est le berger ».

(De la Démocratie en Amérique). La création d'une nouvelle société en Amérique au milieu du siècle constitue un terrain d'observation privilégié desmutations politiques en Occident.

Les deux fondements idéologiques de la Révolution française, l'égalité et la liberté,y apparaissent dans un rapport qui semble conflictuel : une certaine forme d'égalité nuit à la liberté politique.. »

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