Devoir de Philosophie

l'état de nature est-il un état de paix ou de guerre ?

Publié le 26/07/2005

Extrait du document

La recherche du profit, de la sécurité, voire de la réputation nous font prendre les armes. Or, en l'absence d'un pouvoir commun, l'égalité des hommes fait que ce combat ne peut connaître ni vainqueur, ni vaincu définitif, qu'à chaque moment chacun craint pour sa vie, que l'état de nature est un état misérable d'insécurité et de peur de la mort violente. Cet état catastrophique, où nulle activité agricole, industrielle ou sociale n'est  possible, où chacun craint constamment pour sa vie, correspond à l'expérience de la guerre civile. A ceux qui refusent d'admettre que « L'homme est un loup pour l'homme », Hobbes répond et par l'exemple de la guerre civile, et par celui des rapports entre Etats ; et surtout par celui de notre propre attitude, peu confiante, quand nous quittons notre domicile ou partons en voyage. Il s'ensuit que le premier souci des hommes, vivant en société, est d'éviter la violence. Le ressort de l'Etat, le fondement du pouvoir, est l'angoisse sécuritaire. Or, comme l'état de guerre provient de deux causes, l'égalité des hommes et la divergence de leurs appétits, la solution réside dans la création d'un pouvoir fort, capable d'inspirer l'effroi, et qui unifie les volontés. Une république bien fondée repose implicitement sur un contrat de soumission. Chaque citoyen promet aux autres d'obéir à la même instance (monarque ou assemblée) qui leur ordonne que faire, c'est-à-dire qui représente leur volonté. L'angoisse sécuritaire, la hantise de se maintenir en vie ne trouvent de remèdes que dans l'érection d'un pouvoir fort, d'une autorité absolue qui s'exerce sur les hommes qu'elle  est censée représenter.

« entre Etats ; et surtout par celui de notre propre attitude, peu confiante, quand nous quittons notre domicile oupartons en voyage. Il s'ensuit que le premier souci des hommes, vivant en société, est d'éviter la violence.

Le ressort de l'Etat, lefondement du pouvoir, est l'angoisse sécuritaire. Or, comme l'état de guerre provient de deux causes, l'égalité des hommes et la divergence de leurs appétits, lasolution réside dans la création d'un pouvoir fort, capable d'inspirer l'effroi, et qui unifie les volontés.

Une républiquebien fondée repose implicitement sur un contrat de soumission.

Chaque citoyen promet aux autres d'obéir à la mêmeinstance (monarque ou assemblée) qui leur ordonne que faire, c'est-à-dire qui représente leur volonté.

L'angoissesécuritaire, la hantise de se maintenir en vie ne trouvent de remèdes que dans l'érection d'un pouvoir fort, d'uneautorité absolue qui s'exerce sur les hommes qu'elle est censée représenter.

Nous sommes en présence d'un modèleorganiciste de l'Etat (où chaque partie est solidaire des autres), où le pouvoir est supposé incarner le corps dupeuple, former une personne. Les hommes sot censés naturellement être autant de volontés autonomes, motivées par la recherche égoïste duprofit personnel.

Accepter cette anthropologie, faire sienne l'angoisse sécuritaire conduit nécessairement à adopterla solution de Hobbes , qui a le mérite de la rigueur : un pacte de soumission.

Chacun accepte qu'une instance unique, qui n'est pas liée au peuple, qui n'est engagée à rien, soit censée le représenter. 2° L'état de nature comme état de paix et de liberté N'allons pas surtout conclure avec Hobbes que pour n'avoir aucune idée de labonté, l'homme soit naturellement méchant, qu'il soit vicieux parce qu'il neconnaît pas la vertu, qu'il refuse toujours à ses semblables des services qu'ilne croit pas leur devoir, ni qu'en vertu du droit qu'il s'attribue avec raison auxchoses dont il a besoin, il s'imagine follement être le seul propriétaire de toutl'Univers.

Hobbes a très bien vu le défaut de toutes les définitions modernesdu droit Naturel : mais les conséquences qu'il tire de la sienne montrent qu'illa prend dans un sens, qui n'est pas moins faux.

En raisonnant sur lesprincipes qu'il établit, cet Auteur devait dire que l'état de Nature étant celuioù le soin de notre conservation est le moins préjudiciable à celle d'autrui, cetétat était par conséquent le plus propre à la Paix, et le plus convenable auGenre humain.

Il dit précisément le contraire, pour avoir fait entrer mal àpropos dans le soin de la conservation de l'homme Sauvage, le besoin desatisfaire une multitude de passions qui sont l'ouvrage de la Société, et quiont rendu les Lois nécessaires.

Le méchant, dit-il, est un Enfant robuste;Quand on le lui accorderait, qu'en conclurait-il? Que si, quand il est robuste,cet homme était aussi dépendant des autres que quand il est faible, il n'y asorte d'excès auxquels il ne se portât, qu'il ne battît sa Mère lorsqu'elletarderait trop à lui donner la mamelle, qu'il n'étranglât un de ses jeunes frères,lorsqu'il en serait incommodé, qu'il ne mordît la jambe à l'autre lorsqu'il enserait heurté ou troublé; mais ce sont deux suppositions contradictoires dansl'état de Nature qu'être robuste et dépendant; L'Homme est faible quand il est dépendant, et il est émancipé avant que d'être robuste.

Hobbes n'a pas vu que la même cause qui empêche lesSauvages d'user de leur raison, comme le prétendent nos Jurisconsultes, les empêche en même temps d'abuser deleurs facultés, comme il le prétend lui-même; de sorte qu'on pourrait dire que les Sauvages ne sont pas méchantsprécisément, parce qu'ils ne savent pas ce que c'est qu'être bons; car ce n'est ni le développement des lumières, nile frein de la Loi, mais le calme des passions, et l'ignorance du vice qui les empêche de mal faire; tanto plus in illisproficit vitiorum ignoratio, quam in his cognitio virtutis.

Commentaire 1.

La question qui fournit la toile de fond de ce texte est classique : les XVIIe et XVIIIe siècles lui ont fait unegrande place dans leurs traités de « philosophie politique », en l'absence d'une véritable théorie de l'histoire.

C'estcelle de l'état de Nature — Rousseau l'indique nommément au passage.

Ici, il convient de la replacer dans unedouble perspective.

D'une part, le problème du droit Naturel qui lui est étroitement lié, où se rencontrent juristes etthéologiens, constitue l'axe de référence auquel il faut rapporter certaines allusions du texte pour les éclairer.D'autre part, on ne peut la séparer d'une interrogation qui parcourt toute l'oeuvre de Rousseau : commentcomprendre la nature humaine, dès lors qu'elle a une histoire, celle de la raison (à ne pas confondre avec laconscience), de l'enfant à l'adulte, du sauvage au citoyen? Dans cette grande affaire, les interlocuteurs deRousseau ne sont pas de moindre importance : Hobbes d'abord, dont le De Cive (1642) et surtout le Léviathan(1651) n'ont cessé, depuis leur publication, d'alimenter les débats les plus âpres; les Jurisconsultes ensuite, c'est-à-dire (pour ne citer que les deux plus célèbres) Grotius (avec son De jure belli et pacis, 1625) et Pufendorf (avec sonDe jure naturae et gentium, 1672).

Mais on ne saurait oublier Locke (et son Deuxième Traité du gouvernement civil,1690), ni non plus Spinoza (et son Traçtatus theologicopoliticus, 1670). 2.

Cela rappelé, notre texte se présente bien, pour l'essentiel, comme une réfutation du « hobbisme », argumentée. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles