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L'État est-il ce qui limite ou ce qui garantit la liberté ?

Publié le 15/02/2004

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Il s'agit, pour l'un comme pour l'autre, de soutenir la monarchie au pouvoir ; ce soutien prend la forme d'un ouvrage théorique qui justifie l'autorité quasi absolue du pouvoir en place.Les deux oeuvres sont donc axées sur le concept de souveraineté (autorité politique, puissance de l'État, pouvoir de commander) dont les auteurs affirment qu'elle est indivisible et quasi absolue. Le parallèle s'arrête là car, pour ce qui est de l'origine de cette souveraineté et ses modalités d'application, les avis de ces deux penseurs politiques diffèrent.Il reste cependant un autre point commun entre les deux hommes. Leurs idées, fondatrices dans le domaine de la pensée politique, seront utilisées ou réinterprétées pour être mises au service de thèses fort différentes des leurs.Avant d'expliquer ce qui fait la spécificité de la pensée de Hobbes, exprimée principalement dans Léviathan (1651), il est nécessaire de préciser quelques points de vocabulaire.* République (« Common-Wealth « dans la version anglaise et « Civitas « dans la version latine) correspond à ce que nous appelons l'« État «. Hobbes lui-même donne le mot « State « comme un équivalent.* Souveraineté (ou souverain) est un mot qui, comme chez Bodin, désigne l'âme de la République, en ce sens qu'il exprime l'autorité de l'État, telle qu'elle existe indépendamment des individus. Le mot « souverain « peut donc, comme le mot « personne « étudié ci-après, se rapporter à plusieurs individus.

« aCette définition du rôle du gouvernement peut toutefois conduire à des situations problématiques, dans la mesure où le jeu des libertés réelles ne permet pas nécessairement à tous de bénéficier des mêmes opportunités ou des mêmes chances.

Si cette situation est la conséquence inévitable du jeu des libertés, elle peut toutefois apparaître comme inacceptable, puisque les individus ainsi malchanceux se retrouvent dans des situations où n'est même plus garantie les conditions de jouissance de leurs libertés politiques de base.

b En outre, de telles situations sont choquantes moralement, et peuvent justifier aux yeux de tous qu'une intervention du gouvernement compense prioritairement les préjudices subis par les plus démunis.

La société est en effet une association qui ne tient pas seulement par le contrat politique, mais vaut également comme association morale dans laquelle les hommes se reconnaissent comme des semblables, et possèdent un sentiment de solidarité qui justifie un interventionnisme étatique plus profond.

c Enfin, au plan économique, les déséquilibres induits par la concurrence des libertés individuelles peut s'avérer contreproductifs.

Autrement dit, il est possible de penser que le rôle du gouvernement n'est ni simplement un rôle politique de garantie des libertés, ni simplement un rôle moral d'assistance sociale, mais également un rôle de garantie du bon fonctionnement économique de la société, en vue d'assurer la meilleure production possible des richesses, afin d'assurer le bien-être collectif. Partie 3 a Cette diversification du rôle du gouvernement risque cependant de créer des tensions entre la souveraineté politique qui lui donne sa légitimité, et les fonctions morales et économiques de compensation des déséquilibres.

À cet égard, il semble impossible de justifier politiquement un interventionnisme étatique dépassant la simple garantie des libertés individuelles.

b Cette façon de concevoir le rôle du gouvernement peut néanmoins être mise en question, dans la mesure où la définition de la liberté que nous avons jusqu'à présent retenu implicitement était une définition individualiste de la liberté naturelle (dont serait par nature doté tout homme).

Or une telle définition est une définition idéale, qui suppose que l'homme a un droit naturelle sur toute chose, et qui ne prend pas en compte le fait que l'exercice réel de la liberté de chacun dépend des possibilités effectives que lui offre l'association avec d'autres individus.

c Dès lors, si le rôle du gouvernement est de garantir les libertés, ce n'est pas tant des libertés individuelles pensées isolément qu'il s'agit, mais des libertés collectives, c'est-à-dire de libertés que tous ont en commun, avant que de pouvoir s'en approprier individuellement les fruits.

En ce sens, le gouvernement a bien pour but de garantir la liberté politique de chacun, à la condition toutefois que cette liberté soit comprise comme une libre disposition des moyens que la société lui offre pour se réaliser.

La garantie des libertés correspond donc, pour tout gouvernement, au droit et au devoir de donner à chacun des chances égales de pouvoir se réaliser.. »

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