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L'État résulte-t-il d'un contrat passé entre individus ?

Publié le 27/01/2004

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Si on considère que l'Etat se caractérise avant tout comme le rassemblement d'individus, alors ce dernier résulte non pas d'un acte officiel, mais de la nature de l'homme. L'homme pour Aristote est « un animal politique » : cela signifie à la fois qu'il est un vivant (animal), et qu'il se distingue des autres par sa capacité et son besoin de vivre en société. L'Etat ne résulte donc pas d'un contrat, c'est tout simplement l'organisation rationnelle, l'actualisation de la nature de l'homme. ● C'est pour cela qu'Aristote décrit la Cité comme étant « naturelle ». En effet, un étant se définit par sa fin, et cette fin est l'actualisation de la forme de l'étant, à savoir la réalisation de son être. L'homme est un étant : la fin qui le définit est la recherche du souverain bien. L'homme vise le souverain bien, le souverain bien correspond donc à la nature de l'homme. La cité est le moyen pour réaliser cette fin, elle est donc naturelle parce qu'elle réalise la nature de l'homme. En effet, l'homme n'est tel que lorsqu'il parvient à sa fin. N'étant pas qu'un être de besoin, mais aussi « un animal politique par nature » I, 2, la cité, qui permet la réalisation complète de l'humanité des hommes est la fin de toutes les autres associations humaines.

Le sujet admet l’existence d’un Etat rassemblant les individus, et pose la question de l’origine de cet Etat. En effet, pour parvenir à fonder une société, les volontés individuelles ont dû rompre avec la nature où les hommes étaient égaux, pour s’assembler. Ce rassemblement des individus constitue la base mouvante de l’Etat qui se doit d’être une puissance permanente. Pour surmonter cette fragilité, toute autorité doit être consentie. Autrement dit, il faut fonder la légitimité de l’autorité souveraine de l’Etat.     Se pose donc la question de savoir quels ont été les moyens mis en œuvre pour passer d’une multitude d’individus à une société organisée. Comment est-on parvenu à organiser la pluralité des ces volontés individuelles pour les regrouper dans une structure : l’Etat ?

« l'avenir.

Le désir de l'homme est donc inquiet car il se lie à une conscience du temps.

Le désir se lie ainsi au pouvoirqui permet une maîtrise des choses et donc une garantie des satisfactions dans le futur.

L'homme en vient à désirerce qui lui permet d'avoir toutes les choses possibles : le pouvoir.

« Je place au 1 er rang et à titre de penchant universel de tout le genre humain, un désir inquiet d'acquérir puissance après puissance, désir qui ne cesseseulement qu'à la mort.

» Léviathan XI.

● Etant donné que les ressources de la nature sont rares et que les hommes désirent tous la même chose, il en découle que les hommes se battent pour obtenir ce qu'ils veulent.

Chacun a le droit d'utiliser toute sa force pourparvenir à ses fins.

N'ayant pas de lois, mes possessions ne dépendent que de ma force.

S'installe donc un climat dedéfiance où chacun cherche à garantir ce qu'il a : c'est « l'état de guerre ».

Les hommes prennent alors conscienceque cette manière de vivre est dangereuse, puisque je peux tout faire pour obtenir ce que je veux, y compris tuerautrui.

La peur de la mort violente invite donc les hommes à réfléchir à un moyen pour l'éviter : c'est abandonnerson droit sur toute chose à tu abandonnes aussi ton droit sur toute chose, et que nous n'usions plus de la violencepour posséder les choses.

C'est ce que l'on appelle le pacte social.

Les individus remettent à un tiers toute leurforce et leur pouvoir, et promettent d'avoir ainsi entre eux des rapports dénués de violence.

« J'autorise cet hommeou cette assemblée, et je lui abandonne mon droit de me gouverner moi-même, à cette condition que tu luiabandonnes ton droit, et que tu autorises toutes ses actions de la même manière » XVI.

Le Léviathan ainsi désignéa le pouvoir absolu, il est la force qui gouverne les individus unis par un contrat social. ● Pour Hobbes, les individus ne peuvent donc s'unir et constituer un Etat que par le biais d'un contrat qui leur garantit la paix et la sécurité.

L'homme est donc la cause de l'Etat, et pour le comprendre il faut comprendrel'homme.

Il y a quoi qu'il en soit un lien d'essence entre la souveraineté et les individus puisque la volonté souverainea sa source et sa légitimité dans la volonté des individus qui composent l'Etat.

Le souverain tient sa puissance del'union des volontés et le droit de gouverner du contrat social.

(Possibilité aussi d'utiliser le Contrat social deRousseau, qui a à peu près la même pensée, avec cette différence essentielle : l'Etat n'aliène pas les individus deleur liberté, et le pouvoir n'est pas absolu et totalitaire, ce sont les individus qui dirigent l'Etat qui est tout de mêmené d'un contrat passé entre eux.) III/ L'Etat est une idéologie : ● Mais cette manière de penser la constitution de l'Etat a tout de même pour fondement une fictionthéorique destinée à expliquer le regroupement des individus en une société organisée.

Si l'on remet en cause cettefiction et que l'on décide de ne pas l'accepter parce qu'elle n'a jamais existé et qu'elle n'est donc pas un moyencrédible pour expliquer la constitution de l'Etat, alors toute la théorie s'effondre.

Il serait possible d'envisager laconstitution de l'Etat comme progressive.

Ce dernier a peu à peu pris sa lace dans les esprits par le biais del'influence quelques uns.

● C'est ce que montre Marx dans Le Capital.

Dans son ouvrage, il explique comment l'Etat est en réalitéune idéologie qui a été créée non as par tous les hommes, mais seulement par une classe sociale déterminée, celledes riches ou des nobles, ou encore des bourgeois.

Autrement dit, ce sont les plus favorisés qui ont peu à peuimposés ce modèle aux autres pour servir leurs intérêts.

Ainsi, Marx critique la conception de l'Etat comme idéologie,il n'est qu'un ensemble de représentations destinées à justifier les intérêts de la classe sociale dominanteéconomiquement.

Il s'agit de présenter l'intérêt particulier des dominants comme l'intérêt universel.

Autrement dit,l'Etat se fait passer pour nécessaire alors que ce n'est pas le cas, il dit servir les intérêts de tous, alors que cesintérêts ne sont en réalité que les intérêts de quelques uns.

Le peuple s'est donc fait manipulé, puisque lesdominants ont en plus présentés leur domination comme anhistorique, naturelle, et donc incritiquable.

● L'Etat ne sert donc que les intérêts des dominants, il est ainsi une puissance d'aliénation qui séparel'homme de sa propre essence universelle et des autres hommes.

Il s'agit de donner une vision générale du mondealors qu'il ne s'agit que d'une vision particulière d'une classe liée à ses intérêts.

La classe matériellement puissanteétant aussi la classe spirituellement la plus puissante, Marx explique que l'Etat existe pour servir ses intérêts, maisque cela est caché sous des raisons plus correctes.

L'Etat ne serait donc pas né d'un contrat, mais simplementd'une manipulation des classes dominantes qui l'ont fait apparaître comme nécessaire.

Conclusion : Finalement, le but de ce sujet n'est as réellement de savoir si l'Etat est ou non le résultat d'un contratpassé entre les individus.

La question de l'origine de l'Etat est impossible à résoudre, puisque c'est un phénomènequi s'est étalé et dans le temps et dont il est difficile, à moins d'être caricatural, de décider d'une date précise poursa naissance.

Cependant, la question que sous-tend le sujet est plus abordable.

Il s'agit de savoir comment l'Etat aété légitimé.

Autrement dit, il s'agit de savoir comment les hommes ont accepté une puissance de domination, quelssont les caractéristiques qui font que l'Etat s'avère être une puissance nécessaire au bon fonctionnement d'unesociété.

La réponse dépend du point de vue que l'on adopte, mais si on considère que l'état de nature est unesimple fiction sans validité scientifique ou théorique, alors la réponse de Marx semble plus réaliste, à savoir laconstruction progressive d'une domination d'une classe sur l'autre.. »

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