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L'État est-il la vérité de la société ?

Publié le 02/02/2004

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Ce premier penchant, Kant le nomme sa « sociabilité ».Mais il existe en même temps, chez lui, un second penchant : celui de se détacher des autres en recherchant uniquement la satisfaction de son intérêt privé. Cette tendance à s'isoler, en ne considérant que soi et son bien propre, ce penchant à « vouloir tout diriger dans son sens », Kant le nomme « insociabilité ».La conjugaison de ces deux forces donne ce principe étrange et paradoxal, « l'insociable sociabilité » que ce texte a pour objet de nous présenter. Kant cherche à dégager un principe qui permette de comprendre le mouvement de l'histoire, afin d'essayer de lire, au-delà de la profusion des événements, quelque loi générale qui échapperait au désordre apparent des conduites et des faits. Ce principe, « l'insociable sociabilité », nous offre un angle de vue suffisamment aigu pour nous permettre de saisir toute la complexité de l'histoire, en apparence absurde.Une question mérite alors d'être posée. On admet, en principe, que deux forces ou tendances opposées s'annulent et aboutissent à cette paralysie qu'on appelle « immobilité », en physique. Or, ici, cet antagonisme est au contraire présenté comme un puissant moteur de l'histoire et du progrès humain, car c'est la résistance que chacun rencontre dans la satisfaction de son intérêt propre qui éveille ses forces et le porte à se dépasser. Il cherche alors « à se frayer une place parmi ses compagnons, qu'il supporte de mauvais gré, mais dont il ne peut se passer.

« La réponse de Kant La société est la coexistence des antagonismes "J'entends ici par antagonisme l'insociable sociabilité des hommes, c'est-à-direleur inclination à entrer en société, inclination qui est cependant doubléed'une répulsion générale à le faire, menaçant constamment de désagrégercette société.

L'homme a un penchant à s'associer car dans un tel état, il sesent plus qu'homme par le développement de ses dispositions naturelles.

Maisil manifeste aussi une grande propension à se détacher, car il trouve en mêmetemps en lui le caractère d'insociabilité qui le pousse à vouloir tout dirigerdans son sens ; et de ce fait, il s'attend à rencontrer des résistances de touscôtés, de même qu'il se sait par lui-même enclin à résister aux autres.

C'estcette résistance qui éveille toutes les forcesde l'homme, le porte à surmonter son inclination à la paresse et, sousl'impulsion de l'ambition, de l'instinct de domination ou de cupidité, à se frayerune place parmi ses compagnons qu'il supporte de mauvais gré, mais dont ilne peut se passer.

[...]Remercions donc la nature pour cette humeur peu conciliante, pour la vanitérivalisant dans l'envie, pour l'appétit insatiable de possession ou même dedomination.

Sans cela, toutes les dispositions naturelles excellentes de l'humanité seraient étouffées dans un éternel sommeil." Emmanuel Kant, La Philosophie de l'histoire (1784).

Problématique Comment un être insociable peut-il vivre en société ? Explication L'insociable sociabilité Ce que défend ce texte: L'homme est un être contradictoire : deux principes antagonistes le dirigent et apparaissent chez lui sous la formede « penchants » ou « inclinations ».D'abord celui de s'associer, car il sent que c'est dans l'union avec autrui qu'il peut davantage développer sesdispositions naturelles, en particulier grâce à la division du travail qui favorise dans l'État toutes les activités quil'épanouiront.

Ce premier penchant, Kant le nomme sa « sociabilité ».Mais il existe en même temps, chez lui, un second penchant : celui de se détacher des autres en recherchantuniquement la satisfaction de son intérêt privé.

Cette tendance à s'isoler, en ne considérant que soi et son bienpropre, ce penchant à « vouloir tout diriger dans son sens », Kant le nomme « insociabilité ».La conjugaison de ces deux forces donne ce principe étrange et paradoxal, « l'insociable sociabilité » que ce texte apour objet de nous présenter.

Kant cherche à dégager un principe qui permette de comprendre le mouvement del'histoire, afin d'essayer de lire, au-delà de la profusion des événements, quelque loi générale qui échapperait audésordre apparent des conduites et des faits.

Ce principe, « l'insociable sociabilité », nous offre un angle de vuesuffisamment aigu pour nous permettre de saisir toute la complexité de l'histoire, en apparence absurde.Une question mérite alors d'être posée.

On admet, en principe, que deux forces ou tendances opposées s'annulentet aboutissent à cette paralysie qu'on appelle « immobilité », en physique.

Or, ici, cet antagonisme est au contraireprésenté comme un puissant moteur de l'histoire et du progrès humain, car c'est la résistance que chacun rencontredans la satisfaction de son intérêt propre qui éveille ses forces et le porte à se dépasser.

Il cherche alors « à sefrayer une place parmi ses compagnons, qu'il supporte de mauvais gré, mais dont il ne peut se passer.

»Il y a donc là comme un renversement de tendance, la cause (l'égoïsme) étant contraire à l'effet (le progrès), detelle sorte que c'est son caractère antagoniste qui lui donne sa force et son efficacité.

De ce processus naissent eneffet les grands talents et les grandes oeuvres collectives.

Ce à quoi s'oppose cet extrait: Ce texte de Kant n'est pas sans rappeler ce qu'Hegel appellera le « travail du négatif », expression qui décritcomment les passions humaines aboutissent, chez l'homme, à l'instauration de la raison et au progrès de l'histoire.Mais l'originalité du texte de Kant provient de la conception de la nature qu'il sous-entend : « Le moyen dont lanature se sert pour mener à bien le développement de toutes ses dispositions est leur antagonisme au sein de lasociété, pour autant que celui-ci est cependant en fin de compte la cause d'une ordonnance régulière de cettesociété », écrit Kant juste avant le début de l'extrait présenté ici.. »

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