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Être conscient de soi, est-ce être maître de soi ?

Publié le 16/08/2005

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Discussion :

Peut-on faire entrer en équivalence les notions de conscience et de maîtrise ? Si conscience n'implique pas maîtrise, l'inverse n'est pas vrai, il ne peut y avoir de maîtrise sans conscience.

Suggestion de plan :

Première partie : Que peut-on appeler conscience de soi ?

Ce qui s'éprouve soi-même se possède au point d'émerger comme un absolu, ce qui a sa raison d'être en soi. C'est ce qui permet d'affirmer je pense, je suis, j'existe, sans aucun doute, puisqu'il n'y a pas une distance à franchir, un écart creusé entre un sujet et un objet. C'est donc dans l'absence de distance que le soi est conscience de soi et qu'il s'éprouve comme conscience de soi : ce que je pense, ce que je connais, ce que je vois ..., s'accompagne d'un sentiment : je connais que je connais, je sais que je sais, je sens que je sens... La seule façon d'exister pour une conscience, c'est d'avoir conscience qu'elle existe affirme Sartre dans L'imagination.

Après avoir constaté mon existence, comme c'est le cas avec le cogito cartésien, je constate que j'ai constaté mon existence : je constate donc qu'il existe en moi une capacité de réflexion sur moi-même. Ce constat n'est pas réfutable car dès le cogito, le "je pense" est pensé par moi, et donc je me pense.

Deuxième partie : La conscience est agir

La pensée de soi nécessite la potentialité d'action sur soi, elle est d'autant plus grande que celle-ci est importante. En effet, si quelqu'un d'autre me pense, cela ne modifie pas mon état, mais si je me pense, cette pensée a lieu en moi, et donc modifie mon état. Comme je suis à l'origine de cette pensée de moi, j'agis sur moi ; si je n'avais pas cette possibilité d'action sur moi-même, je ne pourrais donc pas me penser, et mes pensées seraient une suite linéaire d'idées se succédant mécaniquement les unes aux autres sans que j'en suive le fil, et donc sans que j'en sois conscient. La conscience de soi nécessite donc la possibilité d'agir sur soi.

Si je peux modifier mes pensées, je peux donc faire autre chose que d'obéir à des déterminismes naturels à l'instar de l'animal ; je connais donc les décisions que j'ai prises et peux les modifier (si je ne peux pas les modifier, je ne peux pas agir sur moi et suis donc dans un moment d'inconscience, d'action mécanique). Si je connais et peux modifier mes décisions, j'en suis responsable. Tout sujet conscient d'exister est donc responsable, c'est-à-dire capable de maîtriser ses actions. D'autre part, un être n'ayant pas cette possibilité d'action sur ses pensées ne peut pas se déclarer existant.

Troisième partie : Limites de l'action consciente

Au cours de son histoire, l'homme a tendu à contrôler de plus en plus son environnement et donc ses possibilités d'action sur ses pensées. Or on constate que cette augmentation (et une meilleure maîtrise) de l'action sur soi-même se fait toujours en corrélation avec les activités humaines appelées intelligentes. Cette action sur soi-même ne se réduit pas à une action sur le monde extérieur dont on voit les résultats, mais à une action sur le monde (ou sur notre pensée) dont on observe les résultats. L'homme a donc plus d'existence de soi que l'animal. Mais l'activité intellectuelle mécanique sans conscience de cette activité existe aussi : elle correspond à une modification de ses pensées par soi-même, mais sans que cette modification soit elle-même pensée.

D'un point de vue métaphysique, on modère cette affirmation de soi en faisant appel aux états mentaux que je ne contrôle pas, ce qui prouve qu'un élément extérieur (quel qu'il soit) est à leur origine. Beaucoup de ces pensées, beaucoup de parties de moi-même semblent m'échapper : mes réflexes, les associations d'idées automatiques, voire la mémoire (que j'ai souvent du mal à contrôler), sont en fait extérieurs et sont donc à exclure du "moi". La partie de mes pensées qui m'est présente à l'esprit est en fait très réduite et peut sembler insaisissable (argument de la psychanalyse avec Freud). Existe-t-elle vraiment, alors ?

Conclusion :

Sartre objecte, dans L'Être et le Néant : "Comment discernerait-elle (la censure) les impulsions refoulables sans avoir conscience de les discerner ? Peut-on concevoir un savoir qui serait ignorance de soi ?" L'intuition de ce qui se dérobe à moi prouve simultanément que je ne suis pas dans l'intégrale maîtrise de moi mais que mon sentiment de ne pas être dans cette maîtrise est une forme de cette dernière.

« L'idée de conscience a été explorée, la conscience a été définie de nombreuses fois afin d'essayer de comprendrecet aspect de l'être humain, et l'être humain lui-même.

Les hommes sains s'esprit sont conscient d'eux-mêmes.

Maiscela veut-il dire qu'ils sont maîtres d'eux-mêmes ? Le fait de savoir ce qu'il se passe autour de nous, de savoir quenous pensons, d'être conscients de ce que nous faisons, voyons ou touchons fait-il de nous des individus possédantun total contrôle de ce que nous sommes ? Il peut alors y avoir deux réponses opposées, à savoir : la connaissancede notre conscience seule permet d'être le maître à bord, la conscience étant l'élément clé de l'être pensant, oubien, à l'opposé (ce qui sera donc notre deuxième partie), le fait d'être conscient de soi ne suffit pas à être maîtrede soi, puisque la conscience n'est qu'une infime partie de ce que nous sommes, et que nous ne saurons jamaiscomplètement toutes les intentions de nos actes. La conscience est l'élément clé de notre être, et si nous sommes conscients de nous-même, si nous sommesconscients d'exister et de ce qu'il y a autour de nous, alors, à moins d'être fou, et le fou n'a pas de conscienceréelle, nous sommes conscients de ce que nous pensons, conscients de nos réactions vis à vis du monde qui nousentoure, nous savons ce qui se passe dans notre tête, et ainsi, nous pouvons nous maîtriser.

En effet, je suiscapable d'organiser mes idées, mes pensées, donc les maîtriser, dans le cas de démonstrations logiques oumathématiques par exemple, puisque je suis consciente de ce que je fais.

Et s'il nous arrive de nous tromper, commedans le cas d'un lapsus, c'est par fatigue, ou par inadvertance, car notre état conscient ne possède pas toutes cescapacités.De plus, si nous sommes dans cet état conscient, étant donné que nous sommes beaucoup plus que de simplesanimaux puisque des êtres pensants, et supérieurs, nous savons contrôler nos pulsions, nos instincts animaux, yfaire face.

Nous pouvons croire en ce contrôle de nous-mêmes, car nous dirigeons nos actes, notre pensée nousguide, c'est bien nous qui décidons de faire telle ou telle chose, personne d'autre que nous ne contrôle nosmouvements ! Et à moins d'être fous, nous ne faisons pas des choses insensées sans savoir pourquoi, car nous nousmaîtrisons, à l'aide de nos pensées.

Le corps, considéré alors comme un unique mécanisme sans lequel nous serionsdes êtres purs, est donc la seule chose qui nous rattache au monde animal, la seule chose qui implique que nousdevons nous contrôler, et nous maîtriser.Ainsi, en tant qu'êtres conscients et supérieurs, nous serions totalement maîtres de nous-même.

Mais la réductionde notre corps à un mécanisme pur, la réduction de notre esprit à ce dont nous sommes conscient uniquement, neserait-il pas plutôt une simplification du fonctionnement de la nature humaine, ou son idéalisation exagérée ? En effet, nous avons des instincts naturels souvent utiles et même intéressants, et des intuitions qui adviennentsans que nous en donnions l'explication : nous ne maîtrisons donc pas leur apparition dans notre esprit, nous ne lescontrôlons pas puisque nous ne savons pas d'où viennent ces pensées subites.

De même, nous ne maîtrisons pasnos pulsions animales : nous pouvons y faire face, y renoncer, mais nous ne pouvons pas les empêcher d'exister :nous ne sommes donc pas maîtres de nous-même.L'absence de maîtrise, ou plutôt la maîtrise incomplète de nous-même peut s'expliquer aussi grâce à l'hypothèse del'inconscient : beaucoup de choses en nous nous sont inaccessibles, beaucoup que nous ne connaîtrons peut-êtrejamais.

En effet, le conscient n'est qu'une infime partie de nos êtres, être conscient de soi n'est qu'une infime partde ce que fait notre esprit : quand nous sommes conscients, nous n'avons « sous les yeux » que la plus petitepartie de nos pensées, de nos désirs.

Ainsi, nous sommes conscients de nous mais nous sommes aussi conscientsque la majorité de nous-même nous est cachée, si bien sûr nous admettons l'hypothèse de l'inconscient.

Et lesrêves, dont les images sont si folles qu'on se demande « d'où elles sortent », les lapsus qui sont souventrévélateurs, autant de messages de l'inconscient qui nous prouvent que nous ne sommes pas totalement maîtres denous-même, mais uniquement de notre conscience.. »

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