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Etre libre est-ce accepter la nécessité?

Publié le 10/01/2005

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Est-il légitime de dire que l'acceptation des contraintes et déterminismes imposés par la nature et la société nous permet, par l'obéissance aux lois rationnelles, d'agir librement?    Problème    La contradiction apparente entre la liberté et la reconnaissance de la nécessité comme fondement de celle-ci représente le paradoxe qui doit être levé par la discussion. Il faut venir progressivement à l'idée que la nécessité n'est une contrainte aveugle que dans la mesure où elle n'est pas comprise. Le plan proposé sera ainsi du type progressif.  

1. L'ordre nécessaire des choses. L'ordre de la nature. 2. La nécessité dans la vie sociale : les lois. La contrainte des lois de la cité. 3. Par la compréhension des lois (naturelles et sociales), on admet et on accepte la nécessité que l'on utilise pour agir. L'autonomie par compréhension de l'ordre des choses et obéissance à cet ordre.

L'autonomie par acceptation des lois de la cité.

 

« L'autonomie par compréhension de l'ordre des choses et obéissance à cet ordre. Si les phénomènes s'enchaînent nécessairement, l'homme qui acquiesce à ces liaisons semble courbé, dira-t-on,sous un aveugle destin.

0r cette vision paraît naïve et unilatérale. Elle confond le fatalisme, qui enchaîne l'homme, et le déterminisme qui, au contraire, la libère.

Par le travail et latechnique l'homme peut, précisément, sans supprimer la légalité de la nature, sans tenter de lever la contrainte deses lois, se libérer par l'obéissance elle-même.

Hegel a fort bien analysé ce processus par lequel l'homme, sans jamais changer en son fond la contrainte des lois de la nature, peut ruseravec elle et, ainsi s'en rendre maître : C'est la ruse de l'homme : l'activitéaveugle des forces naturelles dont on connaît les lois, est mobilisée auservice de l'homme.

Celui-ci, connaissant les lois et leur obéissant, laisse lanature s'user à son profit.

La large face de la force est attaquée par la pointefine de l'intelligence humaine.

Par l'utilisation des lois naturelles, les hommesrusent.

Sans jamais éliminer cette légalité naturelle, ils la canalisent à leurprofit.

Ainsi, pour reprendre un exemple d'Alain, qui présente des idées fortsemblables, l'homme avance contre le vent par la force même du vent.

Il selibère par l'action, en dominant les choses.

Par le travail et la technique,l'homme domestique la nature et construit sa liberté (se libère) ; il s'affranchitsans jamais s'attaquer à la légalité.

Il se rend maître de la nature en luiobéissant.

L'affranchissement se réalise parce que l'homme, rusé, s'adjoint leslois naturelles comme une médiation.

Hegel a donc fort bien saisi quel'obéissance aux lois permet la vraie liberté, celle qui est une conquête et unaffranchissement.

Engels, dans l'Anti-Dühring, reprendra, en des formulescélèbres, ce même thème, soulignant que la liberté n'est pas dans uneindépendance rêvée à l'égard des lois de la nature, mais dans la connaissancede ces lois et dans le fait de leur obéir et de les mettre en oeuvreméthodiquement.

« Cela est vrai aussi bien des lois de la nature extérieureque de celles qui régissent l'existence physique et psychique de l'homme lui-même » (Engels, Anti-Dühring).

A ce premier niveau d'analyse, paradoxalement, c'est donc la soumission qui conditionne l'autonomie. L'autonomie par acceptation des lois de la cité. Dans la sphère civile, le même processus peut être mis en évidence : si la loi semble nous enchaîner et nousasservir, cette vision des choses est en réalité superficielle et même erronée.

Comme l'ont bien montré les grandspenseurs politiques (Spinoza, Kant, Rousseau ou Hegel) échapper à l'esclavage n'est pas agir selon son bon plaisir etselon le pur principe de la subjectivité, mais obéir à la loi civile qui est celle de la raison.

Quand il obéit aux loisciviles ou politiques fondées en droite raison, alors le citoyen, loin d'être asservi, s'affranchit.

Certes, toute loi nelibère pas, mais la loi de raison fait de l'homme un être véritablement autonome.

Il s'agit ici, non pas de la loi du bonplaisir, mais de celle de la raison.

Pourquoi nous libère-t-elle ? Parce que nous y reconnaissons notre propre volontéraisonnable.

Or, en cette reconnaissance, tout être humain sait qu'il échappe à l'arbitraire et au contingent.

Ilaccède à la vraie autonomie, comme obéissance à la loi universelle de la raison.

Dès lors, l'obéissance à la loiaffranchit profondément l'homme.

« La liberté de l'individu, dans la mesure où celui-ci se refuse à reconnaîtrel'universel et l'objectivité de la loi, où il veut se maintenir dans son individualité en tant que subjective, n'est riend'autre que l'arbitraire » (Eric Weil, Hegel et l'État, p.

53, Vrin).Contre l'arbitraire, la loi civile incarne la raison.

Certes, il est permis d'opter pour la passion ou le désir (contre lavolonté raisonnable), pour l'arbitraire contre la liberté ! Mais alors il faut reconnaître qu'on s'oppose à toute libertépositive.

Par conséquent, c'est bien l'obéissance aux lois qui libère ici l'homme, car elle le fait accéder à la purerationalité. « La liberté n'est pas dans une indépendance rêvée à l'égard des lois de la nature, mais dans la reconnaissance deces lois et dans la possibilité donnée par là même de les mettre en oeuvre méthodiquement » (Engels, Anti-Dühring). Conclusion La reconnaissance de la nécessité est bien le fondement de la liberté pratique, c'est-à-dire de l'autonomie. CITATIONS: « Telle est cette liberté humaine que tous se vantent de posséder et qui consiste en cela seul que les hommessont conscients de leurs désirs et ignorants des causes qui les déterminent.

» Spinoza, Lettre à Schuller, 1674. Pour Spinoza, l'illusion du libre arbitre vient du fait que les hommes sont tout à fait conscients de leurs actions, maisqu'ils ignorent les causes qui les déterminent. « Aucun physicien ou physiologue qui étudierait minutieusement le corps de Mozart, et tout particulièrement soncerveau, ne serait capable de prédire sa Symphonie en sol mineur d'une manière détaillée.

» Popper, L'Univers irrésolu, 1982. Rien, ni dans le cerveau de Mozart ni dans son passé proche ou lointain, ne le prédisposait à. »

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