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Etre libre consiste-t-il à se suffire à soi-même ? (Liberté et autonomie)

Publié le 05/02/2004

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* L'enjeu de l'interrogation est ici décisif : en effet, si nous répondons et à la question et au problème, nous sommes en mesure de mieux comprendre la signification de la pratique même de notre vie, de mieux en faire, en fonction de la réponse, un exercice spirituel authentique. A. Examen du niveau métaphysico-psychologique.Étymologiquement, déjà, l'idée d'autonomie nous renvoie à la condition d'une personne ou d'une collectivité déterminant elles-mêmes la loi à laquelle elles se soumettent. L'autonomie véhicule donc toujours l'idée de règles ou de lois internes, par opposition à des formes de contraintes externes.Convenons d'appeler libre tout acte émanant du moi et du moi seulement, toute détermination provenant de nous-mêmes et non point de contraintes externes. Être libre, c'est être à l'origine de choix non contraints, ne relevant que de nous, c'est ne pas être le jouet de puissances externes. Encore reste-t-il à creuser cette idée d'un choix se rattachant au moi. Nous faudra-t-il relier la liberté à la totalité de nos actes ou bien à l'autodétermination selon la raison ? Rappelons, par exemple, que selon Sartre, être libre désigne une puissance de dire oui ou non, en toute situation, dans la passion comme dans le désir, dans l'irrationnel comme au sein de la maîtrise de soi.

« favorisées, font la vertu et le bonheur.

» (Platon, Gorgias, Budé-Belles Lettres, pp.

173-174).

Tel est le message,non point certes de Platon, mais du sophiste imaginaire qu'est Calliclès.Ainsi, être libre, ce peut être dépasser, en toute situation, le donné, dire « oui » ou « non », d'une manièregénérale, sans que soit opérée une référence à la raison (Sartre), mais ce peut être aussi privilégier la satisfactionde nos désirs, comme nous venons de le voir avec Calliclès.Qu'est-ce donc qu'être libre ? Il semble que ce soit, au contraire, et en opposition avec la thèse de Calliclès, opterpour la raison et l'autonomie.

Être autonome, en effet, c'est déterminer et maîtriser, par la raison, nos volontésparticulières et ainsi les rendre libres.

Je suis libre lorsque, en chaque situation, en chaque état, je sais quelles sontmes authentiques possibilités, celles qui sont issues d'un choix rationnel.

Être libre, c'est, par exemple, par l'effort desa réflexion, se donner des principes d'action rationnels et raisonnables.

L'individu autonome, loin de rejeter toutesles règles comme Calliclès, obéit aux normes et principes qu'il a choisis après un examen, et adapte tous ses choixet toutes ses décisions à cesrègles et principes.

A-t-il opté pour des principes de travail, d'effort, de volonté en vue d'un but ? Dans ce cas, sedégageant de l'emprise servile des impulsions qui ne conduit généralement qu'à l'échec, il choisira en fonction de cesprincipes rationnels.Choisir la passion contre la règle, le désir contre la loi, le caprice contre le choix raisonnable, oui, ceci est possible,mais cette forme de liberté, qui met à distance l'autonomie, met aussi à distance toute construction rationnelle denous-mêmes.

Le choix libre se définit à partir de la raison et de l'autonomie et désigne l'accès à une constructionpétrie de raison.

Être libre, c'est se décider après réflexion, en connaissance de cause, obéir à des raisons qu'onapprouve.Toutefois, ce niveau « métaphysico-psychologique » sous-entend déjà l'examen de la sphère morale, qu'il postule etqu'il nous faut maintenant prendre en compte.

Car la liberté possède aussi un sens éthique.

À vrai dire, la libertéspirituelle est indissolublement métaphysique et morale. B.

La liberté morale. Si la liberté spirituelle est autonomie, si être libre, c'est se déterminer à partir de raisons qu'on approuve etauxquelles on apporte une adhésion réfléchie, qu'est-ce qu'être libre du point de vue moral, quand nous forgeonsnos valeurs et tentons d'accéder à une vérité morale valable et authentique ?Ici encore, être libre, ce n'est pas construire arbitrairement ses valeurs, mais accéder à un énoncé moral valablepour tous, en obéissant à une loi que nous nous prescrivons à nous-mêmes : être libre, ici encore, c'est êtreautonome, choisir la vraie rationalité et la privilégier totalement dans la recherche des valeurs.C'est bien, en effet, ce que nous montre Kant dans des analyses célèbres développées dans les Fondements de lamétaphysique des moeurs et dans la Critique de la raison pratique.

Dans la sphère morale, qu'est-ce qu'être libre ?Liberté, raison et autonomie sont profondément liées.

Une volonté libre, loin de se soumettre aux indicationssensibles et aux désirs, obéit, bien au contraire, à une loi morale rationnelle et universelle.

Alors qu'une volontés'inclinant devant les désirs sensibles est « pathologique », au contraire une volonté libre obéit à la loi rationnellequ'elle se donne.

La liberté morale ? Un pouvoir de la raison.

Être libre, c'est obéir au devoir, être autonome.

Sedéterminant en vertu de sa propre loi et se conformant ainsi à une loi morale universelle, le sujet s'affirme libre.« L'autonomie de la volonté est cette propriété qu'a la volonté d'être à elle-même sa loi (indépendamment de la nature des objets du vouloir).

Le principede l'autonomie est donc d'opter toujours de telle sorte que la volonté puisseconsidérer les maximes qui déterminent son choix comme des lois universelles,dans ce même acte de vouloir [...] Lorsque la volonté cherche la loi qui doit ladéterminer ailleurs que dans l'aptitude de ses maximes à former une législationqui lui soit propre, et qui en même temps soit universelle, lorsque, parconséquent, sortant d'elle-même, elle cherche cette loi dans la nature dequelqu'un de ses objets, il y a toujours hétéronomie.

» (Kant, Fondements dela métaphysique des moeurs, Delagrave, p.

176).Ne pas être autonome, ne pas légiférer sous le signe de la raison souveraine,c'est tomber dans l'attitude subjective et dans le choix de valeurs arbitraires,c'est ne point accéder à la vraie liberté.

L'essence de la liberté est donc la loide la raison dans laquelle s'affirme tout être raisonnable.

C'est seulement enreconnaissant l'universel de la loi et en s'y soumettant que le sujet échappe àl'arbitraire et devient libre. KANT : le devoir comme impératif catégorique Selon Kant, la volonté n'obéit pas toujours naturellement à la raison.

Dans cecas la raison exerce une contrainte sur la volonté.

Cette contraintes'appelle un impératif.

Les impératifs sont de deux sortes :— les impératifs hypothétiques expriment la nécessité pratique de certaines actions considérées non en elles-mêmesmais pour leurs résultats, c'est-à-dire comme des moyens subordonnés à une fin (par exemple, je dois prendre cemédicament pour guérir, si je veux guérir).

Les impératifs hypothétiques serattachent à la prudence et visent le bonheur de l'individu ;— les impératifs catégoriques, en revanche, commandent les actions non pour leurs résultats, mais pour elles-mêmes.

Ils ordonnent sans condition et sont d'une évidence immédiate : dès qu'ils sont aperçus, la volonté saitqu'elle doit s'y soumettre.

En outre, étant indépendants de toute fin, les impératifs catégoriques s'imposeront àn'importe quelle volonté particulière.

Ils se caractérisent donc par leur universalité.

C'est pourquoi il n'y a au fond. »

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