Devoir de Philosophie

Être raisonnable, est-ce renoncer à ses désirs ?

Publié le 22/03/2005

Extrait du document

Mais, se pose alors la question de savoir si c'est une vie que l'homme est prêt à vivre ? En effet, c'est une vie sans artifices, ni confort, une vie ascétique contraire à celle de l'homme, une vie telle que celle des stoïciens qui disaient « abstiens-toi de gémir et supporte avec fermeté les coups du sort«. C'est une vie qui apparaît donc comme une vie difficile, en perpétuel combat contre les désirs qui affluent. C'est une vie dans laquelle on se contente de réaliser ce qui est strictement nécessaire à la vie, ce qui est strictement naturel. C'est une vie que ne veut pas l'homme : c'est un être de désirs. L'homme est effectivement un être de désir pour Spinoza, contrairement à Platon, il refuse de définir le désir à partir de l'objet désiré dont il serait l'expression du manque. Pour Spinoza, le désir est l'essence même de l'homme (ceci est d'ailleurs en désaccord avec Descartes qui pense que l'essence de l'homme est la raison). C'est-ce qui permet à l'homme d'exprimer son degré de puissance, d'exprimer sa propre nature, d'être ce qu'il est, dans une volonté de développement et d'épanouissement de soi. Ainsi, le rapport objet désiré/désir est tout autre. D'après Spinoza, « Ce n'est parce que nous jugeons qu'une chose est bonne que nous la désirons, mais c'est parce que nous la désirons que nous la jugeons bonne«.

Etre raisonnable, est se conduire conformément à la raison et à la loi morale, de manière prudente, en faisant preuve de discernement. De plus on remarque, en voulant définir un désir, qu’il n’y a pas qu’un seul désir mais des désirs multiples, qui présentent des variations selon les individus. Les désirs sont donc multiples et imprévisibles. En effet un désir peut-être un manque éprouvé : souffrance, inquiétude ou des besoins ; le désir peut-être considéré également comme une puissance, une énergie ou une force ; en dernier lieu celui-ci peut-être violent, être lié à une vengeance, ou une pulsion mortelle. Mais est ce que la raison exclut-elle, pour autant, tout désir? De plus le désir n’est il pas quelque chose de non sensible, qui serait le fruit de l’esprit de chaque homme et du sens qu’il donne à sa vie? L’homme aurait-il raisons de vivre et d’agir sans désir ? D'où le paradoxe. Soit on affirme que la raison et le désir sont incompatibles, d’où possibilité du renoncement. Soit désir et raison sont compatibles, mais cette compatibilité est-elle complète ou partielle ? Etre raisonnable c’est renoncer à certains de ces désirs ? La raison serait donc censée impliquer une capacité de maîtrise. Afin de résoudre ce problème nous verrons en premier lieu la relation entre la raison et les désirs, et à la lumière de ceci nous expliquerons pour quelles raisons il semble raisonnable de renoncer à ses désirs et en dernier lieu, malgré ceci, nous montrerons le fait que l’homme ne peut vivre sans désirs.

« de l'objet désiré dont il serait l'expression du manque.

Pour Spinoza, le désir est l'essence même de l'homme (ceci est d'ailleurs en désaccord avec Descartes qui pense que l'essence del'homme est la raison).

C'est-ce qui permet à l'homme d'exprimer son degré depuissance, d'exprimer sa propre nature, d'être ce qu'il est, dans une volontéde développement et d'épanouissement de soi.

Ainsi, le rapport objetdésiré/désir est tout autre.

D'après Spinoza, « Ce n\'est parce que nousjugeons qu'une chose est bonne que nous la désirons, mais c\'est parce quenous la désirons que nous la jugeons bonne».

Ainsi, ce qui rend les objetsdésirables à nos yeux n'est pas dans les objets désirés, mais en nous-mêmes,par le fait qu'ils nous servent à exprimer notre degré de puissance.

Désirerpermet donc à l'homme d'étendre pleinement ses capacités.

L'homme cherchedonc réaliser son essence et à l'augmenter, ce qui donne une dynamique, unepuissance à la vie de l'homme.

Mais, cette théorie pose problème puisqu'on avu que le désir a un impact parfois négatif sur la vie de l'homme. Pour Spinoza, « le désir est l'essence même de l'homme, en tant qu'elle estconçue comme déterminée, par une quelconque affection d'elle-même, à fairequelque chose ».

Le désir est le terme générique englobant tous « les efforts,impulsions, appétits et volitions de l'homme ».

Il constitue l'essence del'homme parce qu'il est le mouvement même par lequel ce dernier s'efforce depersévérer dans son être.

Chacun désire ce qu'il juge utile à la conservationde son être et susceptible d'en accroître la perfection, c'est-à-dire ce qui luisemble bon, ce qu'il aime.

En revanche, il désirera éviter ou détruire ce qui lui paraît faire obstacle au maintien deson être ou entraîner son amoindrissement.

Ainsi « chacun désire ou tient en aversion nécessairement par les lois desa nature ce qu'il juge être bon ou mauvais ».

Le désir est donc une disposition naturelle, et tout désir est en soilégitime.

Cependant ce que l'homme désire parce qu'il le juge comme lui étant utile n'est pas nécessairement ce quilui est vraiment utile.

C'est que communément « chacun juge selon son propre sentiment ce qui est bon, ce qui estmauvais », non selon sa droite raison.

Or le sentiment, en tant que passion de l'âme, est une « idée inadéquate »,c'est-à-dire mutilée et confuse, et qui est donc cause d'erreur et de fausseté.

C'est pourquoi les hommes, encroyant observer leur intérêt, désirent souvent comme utile ce qui leur est en fait nuisible. LE « CONATUS » OU EFFORT DE L'ÊTRE. Rien ne va au néant.

Le nihilisme est absurde : « Nulle chose ne peut être détruite, sinon par une causeextérieure » (Éthique, III, P.

4).L'essence d'une chose est une manifestation limitée de l'essence de la Cause de soi, qui est puissance infinie :« Tant que nous considérons seulement la chose elle-même, et non les causes extérieures, nous ne pouvonsrien trouver en elle qui puisse la détruire » (ibid.).De là découle la proposition 6, justement célèbre: « De par son être, chaque chose s'efforce de persévérerdans son être » L'être est désir d'être. « Cet effort, rapporté à l'esprit seul, s'appelle volonté ; mais quand il se rapporte à la fois à l'esprit et aucorps, il s'appelle tendance (appetitus) ; la tendance n'est donc rien d'autre que l'essence même de l'homme ;de cette essence découlent nécessairement les actes qui servent à sa conservation; et ainsi l'homme estdéterminé à les faire.

De plus, entre la tendance et le désir (cupiditas) il n'y a nulle différence, sinon que ledésir se rapporte généralement aux hommes dans la mesure où ils sont conscients de leurs tendances et c'estpourquoi on peut donner la définition suivante : Le désir est la tendance accompagnée de la conscience decette même tendance.

Ainsi il est établi que nous faisons effort en vue de quelque chose, la voulons, tendonsvers elle, la désirons, non pas parce que nous jugeons qu'elle est bonne : au contraire, nous jugeons qu'unechose est bonne parce que nous faisons effort pour l'avoir, la voulons, tendons vers elle et la désirons.

»(Éthique, III, P.

9, Sc.).

Ainsi le désir, reconnu par toute la philosophie comme le dynamisme immanent à lanature, exprime directement l'essence de l'être fini, ou puissance finie. III/ Faut-il donc peut-être se pencher sur ce que désir vraiment l'homme ? En effet, le désir n'est un désir que si nous rêvons de l'objet (matériel ou non) de satisfaction, il faut qu'il nousmanque vraiment, ce doit être ressenti comme une véritable frustration; sinon ce n'est qu'une banale envie.

Le désirs'exprime sur le long terme et peut donc être inconscient; on comprend bien là notre impossibilité de contrôle, demaîtrise sur le désir.

Et ce qui donne à l'homme de tels sentiments, c'est son désir de reconnaissance dans laquelle ilpense pouvoir exprimer pleinement son essence, son degré de puissance.

Pour cela, l'homme va passer par un désirde connaissances.

Il ne peut donc pas vivre en se contentant des désirs liés aux besoins purement naturels.Nous avions donc un doute sur le degré de raison des désirs, mais en fait, la raison elle-même est désir.

La raisonest la faculté de connaître, de juger, c'est une faculté intellectuelle, et pour pouvoir connaître ou juger encore faut-il avoir les capacités pour.

Or, c'est ce que désir l'homme.

Ainsi, l'homme désir être raisonnable et par conséquent,on peut dire qu'il n'y a que la raison (elle-même un désir) et la volonté qui permettent de rendre chaque désirraisonnable.

Etre raisonnable, ce n'est donc pas renoncer aux désirs, mais c'est les éclairer.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles