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L'étude objective des sociétés peut-elle fonder la politique ?

Publié le 28/02/2004

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OBJECTIF, OBJECTIVITÉ

Phi. Pour les scolastiques et les cartésiens, s'applique aux idées ou représentations de l'esprit, objets de pensée, et non aux choses elles-mêmes qui sont représentées. Ainsi, seules les idées ont une « réalité objective ». Par ex., l'idée objective de soleil est le soleil « en tant qu'il existe dans l'entendement » et non « en tant qu'il est au ciel ». S'oppose ici à formel. Crit. Kant n'appelle pas objective une réalité subsistant indépendamment de toute connaissance (car une telle réalité ne peut précisément pas être connue), mais ce qui est valable pour tous les esprits. Dès lors, si subjectif s'applique à ce qui est une propriété de la pensée en général (par opposition à ce qui est sans être pensé), alors objectif et subjectif ne s'opposent pas. En revanche, quand subjectif désigne ce qui est propre au sujet individuel (contrairement à ce qui est commun à tous les êtres raisonnables), l'opposition de ce qui est objectif et de ce qui est subjectif a un sens. Ainsi, cette distinction est ici davantage une distinction de droit que de fait. Est objectif ce qui est commun à plusieurs êtres pensants, et pourrait de droit être commun à tous : ce qui peut fonder un accord universel. Mor. L'opposition de subjectif et objectif recoupe dans la morale kantienne celle des fins strictement individuelles et des fins universellement valables, qu'elles soient ou non reconnues de fait pour telles. Les principes pratiques sont subjectifs quand le sujet considère qu'ils ne valent que pour sa seule volonté; ils sont objectifs quand leurs prescriptions sont reconnues comme valables pour tout être raisonnable.

POLITIQUE (gr. polis, cité)

Hannah Arendt, commentant Aristote, distingue le politique qui est l'espace public (polis), commun à tous les citoyens, lieu où chacun délibère en vue de l'intérêt général, de la politique qui est l'art de délimiter cet espace et de conserver son intégrité. Cette distinction révèle l'essence du politique. S'il faut en effet protéger cet espace, c'est que le politique risque toujours d'être corrompu par le non-politique, par ces intérêts privés que sont les intérêts économiques. Ainsi, l'antagonisme des volontés partitique est en puissance l'espace de la raison, il est en fait le lieu où s'affrontent les passions qui naissent des différences sociales entre les hommes. Le politique est donc moins une réalité effective qu'une tâche infinie et impossible en raison des effets déviants de l'économique sur le politique, du privé sur le public. Il est par essence une valeur , la limite idéale vers laquelle tend la vie sociale. La citoyenneté, alors, est elle-même une conquête qui requiert le désintéressement et cette ferme volonté de résister aux pressions de l'intérêt privé qu'on appelle la vertu ou esprit civique et qu'on exige de chacun, vertu dont l'abandon, si l'on en croit Montesquieu, signale la mort des républiques.

SOCIÉTÉ (lat. societas, association, société)

Groupe humain organisé selon des institutions culturellement établies. L'expression « société animale » semble impropre dans la mesure où les lois qui régissent les rapports des individu à l'intérieur d'un groupe animal ne sont pas fixées par convention, mais déterminées par l'instinct». De même qu'ils communiquent entre eux par un code invariable et sans équivocité et non par un langage susceptible d'interprétation (de discussion), de même les animaux occupent, à l'intérieur de leur espèce, une place déterminée par les lois infaillibles de la nature. Au contraire, la situation d'un homme au sein d'une société n'est pas naturellement nécessaire mais culturellement contingente.

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