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Qu'est-ce qu'un événement historique ?

Publié le 23/07/2004

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.../... il n'en est pas moins vrai qu'il faut un recul notable pour juger de l'historicité au sens du mot dans le contexte actuel. Parfois, sans doute, il nous semble assister ou même nous attendre à un événement historique : c'est que, dans ce cas, nous transportant par la pensée dans l'avenir, nous apprécions l'événement, tel que, à notre sens, il sera alors jugé. Prévision bien audacieuse, étant donnée la complexité de l'histoire. II. - N'est historique, en effet, que l'événement qui intéresse une société humaine, et la modifie d'une façon notable. Si dramatique soit-il, on ne considère pas comme un événement historique le meurtre d'un individu, à moins qu'il ne s'agisse d'un souverain ou d'un grand homme d'État dont la disparition criminelle risque d'entraîner de graves troubles dans le domaine national ou international. Mais dès que l'existence d'un important groupe humain se trouve notablement modifiée, l'événement qui est à l'origine de cette modification prend, quel qu'il soit, une dimension historique : il peut être d'ordre physique, comme un tremblement de terre, un vaste incendie, une sécheresse entraînant la famine...; ce furent, plus souvent, provoquées par l'ambition de conquérants ou d'hommes politiques, des guerres ou des révolutions intestines, principal objet de l'histoire d'autrefois ; il a même suffi, venant d'une haute instance politique, d'un discours de quelques minutes, d'une communication par la voie diplomatique, voire d'un document altéré intentionnellement - telle la fameuse dépêche d'Ems -, pour que soit retournée la situation de tout un peuple. Ce furent là des événements historiques. Conclusion.

« Introduction: À propos d'un fait marquant de l'actualité, les journalistes parlent volontiers d'« événement historique ».

Mais à quoi sereconnaît le véritable événement historique ? Tout événement est-il par nature historique ? L'histoire est-elle faite d'unesuccession d'événements ? On critique toujours « l'histoire événementielle » : faire de l'histoire, c'est tenter d'expliquerl'enchaînement des événements ; c'est donc résorber le caractère abrupt et soudain de l'événement dans une continuitéaccessible à la raison.

L'événement n'est-il pas par définition ce qui aurait pu ne pas se produire ? Dès lors, la tâche del'historien n'est-elle pas de faire apparaître les continuités et les tendances lourdes de l'histoire, en dissipant ce qui frappeau premier abord le profane : l'événement comme rupture ? 1) À quelles conditions peut-on parler d'événement ? A) Un événement n'est pas un fait. 1) Un fait peut être une constante, ou une tendance, ou une donnée chiffrée. 2) Un événement est ce qui se produit.

L'événement arrive, il survient, et par définition il tranche par rapport à ce qui l'aprécédé.• « Un événement est toujours une différence, un écart.

» (Paul Veyne) B) L'événement est porteur d'une temporalité qui lui est propre. 1) Par opposition au fait qui peut être durable, l'événement est fugace.• L'événement n'a pas d'autre épaisseur temporelle que lui-même : il a ceci de commun avec la parole et l'action qu'ildisparaît sans reste aussitôt accompli, et ne subsiste que par la mémoire et le récit de ceux qui en ont été les témoins.

(H.Arendt) 2) Ce qui ne veut pas dire que l'événement n'ait aucune durée, au contraire : il y a une montée de l'événement, comme ilpeut y avoir un lent retour à la vie quotidienne. C) L'événement est toujours singulier, unique. 1) Alors que le fait peut être une synthèse d'une myriade de petits faits singuliers, l'événement est toujours singulier : ilest ce qui ne se produit qu'une fois.• D'où la situation singulière et paradoxale de l'histoire par rapport aux autres sciences : alors que pour la science, penserune singularité, c'est toujours la ramener à des lois générales (« Il n'y a de science que du général.

» Aristote), l'histoireau contraire, pour penser l'événement, devrait parvenir à souligner ce qu'il a d'unique et d'irréductible. 2) L'événement est toujours ce qui aurait pu ne passe produire, donc ce qu'on ne peut que constater sans pouvoir leprédire ou l'annoncer.• En ce sens, le passage à l'an 2000, même s'il ne se produit qu'une fois, ne constitue pas en lui-même un événement. 3) L'événement est donc constitué par le double caractère de l'unicité et de la contingence.

D'où le paradoxe de l'histoire :comprendre un événement, n'est-ce pas surmonter son unicité et sa contingence apparente ? Mais le comprendre ainsi,n'est-ce pas le dissoudre comme événement ?• « L'événement est contingent parce qu'il a trop de sens.

» (Pierre Thévenaz) C'est cette pluralité de sens qui fait sonnon-sens apparent, et qui rend nécessaire l'effort d'interprétation. II) À quelles conditions un événement est-il historique ? A) Tout événement est-il historique ? 1) Un événement qui survient dans ma vie, quelle que soit son importance pour moi, n'est pas pour autant historique. 2) L'événement historique est au contraire ce qui nous arrache au cours ordinaire de l'existence privée pour nous jeterdans l'histoire. B) En quel sens l'événement est-il historique ? 1) Est historique non pas ce qui vient prendre place dans le cours de l'histoire, mais au contraire ce qui ouvre une histoire,ce par quoi il y a histoire.• Ex.

: la fondation de Rome, la découverte de l'Amérique.

L'événement authentique est toujours fondateur d'une histoire. 2) L'événement le plus décisif est donc par nature celui qui passe tout d'abord le plus inaperçu.• « Je ne crois pas à la grandeur de vos "grands événements".

» (Nietzsche).. »

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