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L'évolution du roman traditionnel au nouveau roman selon Robbe-Grillet

Publié le 14/10/2011

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« Il n'est pas raisonnable, dès lors, de prétendre dans nos  romans  servir  une  cause  politique,   même  une cause qui nous  paraît  juste,  même si dans notre vie politique  nous· militons  pour   son  triomphe.  La  vie politique nous oblige sans cesse à supposer des signifi­ cations connues : significations sociales,  significations historiques,   significations  morales.   L'art  est   plus modeste -    ou plus  ambitieux -   : pour lui, rien n'est jamais connu d'avance. Avant  l'œuvre,  il  n'y  a  rien,  pas  de certitude,  pas de  thèse,  pas  de  message.  Croire   que  le  romancier a  « quelque  chose  à  dire»,  et  qu'il  cherche  ensuite comment le dire,  représente le·plus grave des contre7 sens.  Car  c'est  précisément   ce  «comment»,  cette manière  de dire, qui constitue son  projet d'écrivain, projet obscur entre tous, et qui -ser  a plus tard  le con­ tenu  douteux  de son livre. C'est  peut-être, en fin de compte,  cé  contenu  douteux   d'un  obscur  projet  de forme qui servira le mieux la cause de la liberté. Mais à quelle échéance ? »

 

S'il faut en croire Robbe-Grillet, la cntlque traditionnelle méconnaît les transformations profondes qui se sont accomplies dans le domaine du roman depuis plus d'un siècle. Et de fait, dès le XIXe siècle s'amorce une évolution qui trouvera dans le nouveau roman son aboutissement logique et son épanouissement.

 

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« conscience à la littérature de grande consommation.

Dès qu'un écri­ vain renonce aux formules usées pour tenter de forger sa propre écri­ ture, il se voit aussitôt coller l'étiquette : "avant-garde » .

En principe, cela signifie seulement qu'il est un peu en avance sur son époque et que cette écriture sera utilisée demain par le gros de la troupe.

Mais en fait le lecteur, averti par un clin d'œil, pense aussitôt à quelques jeunes gens hisurtes qui s'en vont, le sourire en coin, placer des pétards sous les fauteuils de l'Académie, dans le seul but de faire du bruit ou d'épater les bourgeois.

>, écrit sans malice le très sérieux Henri Cloua rd.

La branche en question est en réalité morte d'elle-même, sous la simple action du temps; ce n'est pas notre faute si elle est en train de pourrir.

Et il aurait suffi à tous ceux qui désespérément s'y crampon­ nent de lever une seule fois les yeux vers la cime de l'arbre pour cons­ tater que des branches nouvelles, vertes, vigoureuses, bien vivantes, ont grandi depuis longtemps.

Ulysse et le Château ont déjà dépassé la trentaine.

Le Bruit et la Fureur est paru en français depuis vingt ans.

Bien d'autres ont suivi.

Pour ne pas les voir, nos bons critiques ont, chaque fois, prononcé quelques-uns de leurs mots magiques : >, >, > ...

c'est-à-dire : >.

ROBBE·GRILLET , Pour un nouveau roman.

Editions de minuit.

D Résumé Malgré les apparences, la critique littéraire traditionnelle cor­ respond à un système que révèle l'emploi de quelques mots-clés.

L'habitude nous empêche de réagir contre ces concepts qui nous paraissent constituer la « nature » du roman.

Une classification commode permet de ne pas prendre en considération les œuvres dites « d'avant-garde », qui deviennent pour le lecteur les fantai­ sies de jeunes gens farfelus.

Cela n'empêche pas que la tradition soit morte, mais des chefs-d'œuvre étrangers contemporains ont été négligés par notre critique à courte vue.. »

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