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Existe-t-il des violences légitimes ?

Publié le 10/03/2004

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Il revient donc à l'État d'organiser sur un plan juridique les rapports humains afin d'assurer l'exercice du droit. Sans cela, le risque que chacun puisse à sa guise user de la violence ne pourrait être sérieusement écarté. L'opposition a la violence de l'Etat est parfois juste

* Penser le droit, c'est penser qu'il fait parfois des victimes. La notion de justice sociale fait partie intégrante du droit. C'est pourquoi, après la Seconde Guerre mondiale, les officiers nazis sont condamnés, au procès de Nuremberg, au nom de principes valant droit : les droits de l'homme et la notion de crime contre l'humanité.

* La conscience morale s'insurge parfois, à juste titre, contre le droit établi (ex. l'apartheid en Afrique du Sud). Nous avons donc moralement le droit de discuter le droit. Le juste n'est pas toujours ce qui est légal (ex. au xviiie siècle, l'esclavage était légal).

La violence n'est pas seulement un rapport de forces. Par la violence, une seule force est en présence, l'autre étant anéantie ou inexistante. Qu'est-ce qui pourrait légitimer cet excès ? Et qui poserait la légitimité ? Le recours à la violence peut-il être parfois inévitable, et même nécessaire ? L'intitulé montre par le pluriel que l'on ne se demande pas si par nature " la " violence est légitime. Mais, dans certains cas, la violence est-elle acceptable ? Par rapport au problème de la violence, ne faut-il pas distinguer la légitimité de la légalité (légalité comme respect du droit positif, soumission à une autorité ; légitimité comme respect du droit naturel) ? Ce qui est légal peut n'être pas juste ni légitime. Comme ce que l'on suppose légitime pour soi n'est pas toujours légal. En quoi la violence est-elle un type de rapport à autrui qui pose problème ? Est-ce refuser autrui comme personne ? La légitimation de la violence doit-elle être acceptée par la légalité ? Ou d'un point de vue moral, certaines violences ne pourraient- elles pas être légitimées (ex. : la légitime défense) ? Références utiles : Machiavel, Hobbes, Rousseau, Freud.

  • I) La violence qui met fin à la violence est légitime.

a) La légitime défense est souvent une légitime violence. b) La pouvoir politique peut être dans son droit lorsqu'il a recours à la violence. c) L'opposition à la violence de l'Etat est parfois juste.

  • II) La violence n'est en aucun cas un droit.

a) L'échange d'idées contre l'échange de coups. b) Il faut distinguer force et violence.

.../...

« c'est un fait.

Il s'ensuit qu'aucune justice, aucune loi, aucune légitimité ne peuvent être fondées sur la force. La force n'est pas la violenceUne force rationnelle et maîtrisée est une puissance qui cherche à convaincre et qui s'adresse à l'intelligence.Ainsi Rousseau dit qu'il faut forcer les hommes à être libres. On trouve cette formule énigmatique au septième chapitre du premierlivre du « Contrat social ».

Rousseau affirme que celui qui refuse d'obéiraux lois peut y être contraint par le corps social, mais il ajoute quecette contrainte sert en fait la liberté de celui qui y est soumis.

Ceparadoxe met en évidence la tension qui existe entre notre existenced'individu et notre existence de citoyen, et interroge sur la conciliationde l'obéissance civique avec la liberté.Rousseau partage avec les partisans du droit naturel l'idée que l'êtrehumain est naturellement libre et autonome, chacun d'entre nous anaturellement le droit de décider de ses propres actions, dans sonpropre intérêt.

Or, l'intégration à un Etat nécessite une organisationsociale, des lois, un pouvoir commun.

Le problème central qu'examine le« Contrat social » est de savoir ce qu'est une loi légitime, ou encore dedéterminer à quoi chacun de nous s'engage en vivant sous un pouvoircommun.

Qu'est-ce que je donne de mon pouvoir de me diriger moi-même ? à qui ? en l'échange de quoi ? Ou encore, dans quel butvéritable les hommes décident-ils de s'associer, de se donner des loiscommunes ?Alors que Hobbes pense que le souci d'être en sécurité est le principalmoteur de la vie sociale, Rousseau affirme que « renoncer à sa liberté,c'est renoncer à sa qualité d'homme ».

Non seulement la liberté estinaliénable, et nul ne peut vouloir être soumis à un autre, mais surtout les hommes s'associent pour conserver leur liberté et se préserver des rapports de dépendance personnelle.Le problème de la création de l'Etat légitime peut donc s'énoncer ainsi : « Trouver une forme d'association quidéfende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquellechacun s'unissant à tous n'obéisse pourtant qu'à lui-même et reste aussi libre qu'auparavant.

»Or, comment créer des lois et n'obéir à personne ? La réponse de Rousseau est apparemment simple : « Lepeuple soumis aux lois doit en être l'auteur.

»Chaque individu promet d'obéir à la « volonté générale ».

La « volonté générale » est ce qu'il y a de commundans toutes les volontés.

Par exemple, au moment où un groupe d'individus veut s'associer, il existe enchacun de ses futurs membres une volonté commune : créer cette association, quelles que soient par ailleursleurs volontés particulières et différentes, singulières.

En promettant d'obéir à la « volonté générale », je nepromets en fait que d'obéir à moi-même, qu'à une partie de ma volonté, qui se trouve coïncider avec celle desautres.

Sans doute, en obéissant à la « volonté générale », ne réaliserai-je pas toutes mes volontés, je nesatisferai pas tous mes intérêts.

Mais je me réaliserai que ce que je veux, que mes intérêts.

En aucun cas jene serai soumis à la volonté d'un autre.

Bref, je resterai libre.« Tant que les sujets ne sont soumis qu'à de telles conventions, ils n'obéissent à personne, mais seulement àleur propre volonté.

»En obéissant à la loi, qui n'est qu'une déclaration de la « volonté générale », je perds ma liberté naturelle defaire tout ce que je veux ou plus précisément tout ce que je peux , étant donné la force des autres quipeuvent s'opposer à mes projets.

Mais je gagne précisément une liberté politique, qui me permet à la fois den'obéir qu'à moi-même (puisque je peux me considérer comme l'auteur de la volonté générale, qui est unepartie de MA volonté), et ne pas subir la volonté d'un autre (plus fort, plus rusé, plus riche). De plus, il y a fort à parier que les lois seront justes, puisque ceux qui les font doivent les subir ; chaquemembre de l'Etat est à la fois et législateur et sujet.

Son propre intérêt lui commande donc de faire des loisjudicieuses, puisqu'il en subira les conséquences.

Ainsi, l'égoïsme naturel se voit servir l'intérêt commun.On comprend alors la fort belle formule de Rousseau : « L'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté.

»La liberté n'est pas le caprice, mais le respect des lois que l'on se donne à soi-même et qui nous préserventde subir le caprice d'autrui.Cependant, il se peut qu'un individu désobéisse à la loi.

De quel droit le punir ? Est-ce légitime ?Pour comprendre la réponse de Rousseau, il faut comprendre le mécanisme même qui pousse u individu àdésobéir.En désobéissant à la loi, je désobéis à moi-même, à une partie de ma volonté commune.

Cela n'est possibleque parce qu'il y a une différence entre « homme » et « citoyen » : « En effet chaque individu peut avoir unevolonté particulière contraire ou dissemblable à la volonté générale qu'il a comme citoyen.

» Contrevenir auxlois, c'est faire prédominer sa « volonté particulière », son intérêt propre sur l' »intérêt général » qu'oncontinue d'avoir comme «citoyen ».Par exemple, il y a fort à parier que, comme « citoyen », j'ai voulu et continue de vouloir une loi interdisant levol ou protégeant la propriété.

Il se peut que dans le même temps je désire m'approprier le bien de mon voisin.Si je vole, je ferai prévaloir mon intérêt égoïste sur l' « intérêt général » qui est aussi le mien, donc je voudraisà la fois que la loi me protège, et à la fois la violer quand cela m'arrange.

Le raisonnement du contrevenantfait « [qu'] il jouirait des droits du citoyen sans vouloir remplir les devoirs du sujet.

». »

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