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Existe-t-il une moralité dans l'art ?

Publié le 04/11/2004

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Ce qui nous conduit à ces deux questions : l'art doit-il s'efforcer d'échapper à l'époque, à la particularité, pour ne considérer que l'éternel, ou doit-il s'efforcer, au contraire, de saisir le passager, l'éphémère ? Autre question : la reconnaissance qu'une époque accorde à telle ou telle oeuvre du temps, ou du passé, n'est-elle liée qu'à sa capacité de se reconnaître elle-même dans cette oeuvre ? N'en va-t-il pas de même, du reste, pour le jugement personnel ?   ROUSSEAU: Les sciences sont le chef-d'oeuvre du génie et de la raison. L'esprit d'imitation a produit les beaux-arts, et l'expérience les a perfectionnés. Nous sommes redevables aux arts mécaniques d'un grand nombre d'inventions utiles qui ont ajouté aux charmes et aux commodités de la vie. Voilà des vérités dont je conviens de très bon coeur assurément. Mais considérons maintenant toutes ces connaissances par rapport aux moeurs [...]. A mesure que le goût [des] niaiseries s'étend chez une nation, elle perd celui des solides vertus : car il en coûte moins pour se distinguer par du babil que par de bonnes moeurs, dès qu'on est dispensé d'être homme de bien pourvu qu'on soit un homme agréable.

« 3) Des œuvres immorales ? De même, Jean-Jacques Rousseau s'insurge contre le théâtre : la comédie étant bannie pour son immoralité, latragédie pour sa complaisance au mal, il prône la fête, le spectacle dont on peut être à la fois acteur et spectateur.Repoussant la catharsis, dans laquelle Aristote voyait cette opération magique qui délivrait le spectateur du mal etde la souffrance par la représentation partagée qu'on en donne, Rousseau ne veut pas que l'homme soit « diverti »de ses préoccupations fondamentales, de sa morale, mais bien qu'il partage en une communauté la joie qui le libèrede la solitude.

Le théâtre était apparu déjà à Pascal comme le divertissement par excellence, au service de l'illusionmalfaisante qui détourne l'homme de la préoccupation.

De ce point de vue, toutes les œuvres d'art mêmes les plusinnocentes peuvent être qualifiées d'immorales pour la simple raison qu'elles éloignent l'homme de la vérité.

Onremarque que cela reviendrait à condamner l'art dans son entier, chose curieuse venant d'un écrivain commeRousseau.

Exemple d'écrivain qu'on qualifie d'immoral : le Marquis de Sade.

Il nie par exemple : l'existence de Dieu, labonté de la Nature.

Le philosophe s'attaque donc à la fois aux religions et à tout un courant de pensée cher au 18 e siècle.

Dieu n'existe pas : rares sont ceux qui l'ont proclamé avec tant de violence.

Si l'idée de Dieu est encoreprésente chez Sade, c'est par la véhémence du sacrilège.

Quant à la Nature, l'écrivain conteste d'abord la notionelle-même - en quoi il est fidèle à la tradition de Pascal et de la libre pensée.

Tout ce qui est dans la nature estnaturel, par le fait même : les forces destructrices, tout autant tout autant que les puissances créatrices.

Ainsi, lesœuvres de Sade peuvent être qualifiée d'immorale, allant contre tous les préceptes de la morale…capables d'inspirerdes comportements sadiques chez les individus.

Mais, en vérité les œuvres immorales ne font en vérité qu'exprimerdes attitudes et des comportements immoraux bien plus qu'il les conditionne.

L'art met au jour et en valeur desattitudes mais ne peut être accusé de les provoquer.

Le Marquis de Sade est le plus célèbre des sadiques, et celasans pléonasme, mais il n'a pas inventé la pulsion qui l'a poussé à écrire ses œuvres.

L'art ne fait que nommer cescomportements. 4) L'art est au contraire subversif. La subversion artistique est une réaction contre l'« hégémonie » culturelle de la classe au pouvoir est en pleinrenouveau aujourd'hui.

Depuis un siècle, anarchistes et surréalistes lui avaient ouvert la voie, mais la résurgencegauchiste » tire sa propre dynamique d'une part des contradictions de la société de consommation, de l'autredes déceptions suscitées par la révolution de type marxiste, embourbée dans la bureaucratie et le dogmatisme.Puisque la révolution politique ne conduit pas à l'« homme nouveau » qu'elle laissait espérer, autant faire naîtredirectement ce dernier, et lui permettre, sans intermédiaire, de s'imposer.

On comprend mieux, dès lors, l'esprit qui ainspiré la révolution culturelle en Chine, mais surtout la contestation culturelle aux États-Unis, tendue non vers uncontre-pouvoir, mais vers une contre-culture, une contre-société réellement libératrices.

Démystification sociale,ethnique, sexuelle, linguistique, culturelle, nationale, etc., tout est bon qui y conduit, des sit in aux séquestrations, de la drogue aux communes hippies, des festivals de pop music aux manifestations pacifistes ou aux bataillesrangées avec la police.

L'action des gardes rouges, l'ampleur du mouvement outre-atlantique, comme en France lesévénements de mai 1968, montrent que cette forme de subversion n'est pas sans portée.

La spontanéité,cependant, n'est pas toujours gage d'efficacité.

Sur ce plan, la supériorité de la subversion politique est manifeste.Aussi, pour une réelle efficacité de la subversion, il faut agir réellement dans les structures, les institutions pourinfluer réellement sur le cours des choses. Conclusion. Certes, si l'art en montrant des actes immoraux peut inspirer des comportements dits « immoraux », ce n'est passon rôle.

S'il fait partie de la société, c'est à elle seule et dans son ensemble, de donner une orientation à la morale.Car, la morale est une affaire personnelle, ce sont les règles que nous choisissons de suivre dans la conduite denotre vie courante.

Et l'art ne peut être qu'une petite source d'inspiration.. »

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