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L'existence humaine est-elle structurée par le manque ?

Publié le 25/01/2004

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On pourrait aller plus loin, et soutenir que contrairement au besoin, le désir n'emporte pas avec lui la nécessité de l'assouvissement, ou du moins celle d'une satisfaction immédiate et effective : c'est que le désir, contrairement au besoin, ouvre un champ indéfini à l'imagination et au rêve.Sur le plan des pratiques sexuelles elles-mêmes, c'est pour cette raison que Sartre, s'il ne prêche pas la chasteté, n'en oppose pas moins la symbolique de l'échange des caresses à la jouissance séparatrice, sinon égoïste, du coït. Sartre va même jusqu'à suggérer que le plaisir sexuel proprement dit signale plutôt « la mort et même l'échec du désir » (L'Etre et le Néant). De plus, le plaisir sexuel s'accompagne d'une conscience réflexive de plaisir : jouir, c'est sentir qu'on jouit, et, pour un temps très bref, ne rien sentir d'autre, s'abîmer complètement dans cette jouissance. Or cette attention exclusive prêtée par le sujet à son propre plaisir est aussi « oubli de l'incarnation de l'autre ». A croire que le désir ouvre infiniment à l'autre, mais que la jouissance rappelle l'être humain à sa solitude essentielle. De Sade à Proust et à Claudel, la littérature fournit d'ailleurs de nombreux exemples confirmant que l'étreinte physique, lorsqu'elle vise à satisfaire un illusoire besoin de possession, obéit à une logique d'appropriation et de consommation qui n'est plus celle du désir authentique.On ne peut donc identifier l'amour au désir qu'en distinguant deux types de désirs. Désirer quelque chose ne revient pas au même que désirer quelqu'un. Dans le premier cas, le désir tend à l'appropriation de l'objet, voire à sa destruction, condition, parfois, de la consommation.

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