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L'expérience scientifique doit-elle rompre avec l'expérience immédiate ?

Publié le 19/08/2009

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scientifique

 

            L’expérience représente les connaissances acquises par l’individu grâce au temps et à l’usage de la vie. Mais elle désigne aussi, sous une seconde acception, la connaissance acquise par les sens. Une troisième panière de définir l’expérience est de voir qu’elle est le fruit d’un expérimentateur, c’est-à-dire qu’elle est construite par un esprit actif et non passif contrairement à l’expérience immédiate. Bien plus, l’expérience scientifique vise le savoir, elle est épistémologiquement féconde tandis que l’expérience immédiate est le fruit simplement de la sensation et revient souvent à une indistinction entre l’apparence et le réel ne nous permettant pas de distinguer ce qui relève de l’opinion ou de la pensée discursive.

Dans ce cas, l’expérience scientifique devrait rompre avec l’expérience immédiate (1ère partie). Cependant, une expérience scientifique peut-être ne pas faire référence à l’expérience première et immédiate, c’est-à-dire se couper de la réalité quotidienne ? (2nd partie) Si l’expérience immédiate est souvent critiquée, il n’en demeure pas moins qu’elle constitue l’unique critérium de vérité pour une théorie scientifique dont l’expérience scientifique est un moment (3ème partie).

scientifique

« avec l'empirisme, que c'est en observant la nature qu'on peut en dégager les lois et les vérifier.

Contre cette idée,Kant veut mettre en évidence le rôle actif de la raison dans la construction scientifique du monde.

S'il ne peut yavoir véritablement de rupture avec l'expérience immédiate c'est bien parce tout notre savoir ne commence qu'avecl'expérience.

Toutefois, l'expérience en elle-même ne suffit pas à nous faire connaître quoi que ce soit.

L'empirisme atrop insisté sur l'aspect passif du savoir.

Il en a trop minimisé la face active et dynamique.

Il faut que l'espritintervienne, que le concept ordonne l'expérience pour que le savoir se constitue.

L'empirisme pur est la négation dela science.

L'empirisme est donc une doctrine fausse.

Ainsi Kant , dans la Critique de la raison pure : « Il n'est pas douteux que toutes nos connaissances ne commentent qu'avec l'expérience, car par quoi la faculté de connaîtreserait-elle appelée à s'exercer si elle ne l'était par des objets qui frappent nos sens… Mais, si toutes nosconnaissances commencent avec l'expérience, il n'en résulte pas qu'elles dérivent de l'expérience.

En effet, il sepourrait bien que notre connaissance expérimentale elle-même fût un assemblage composé de ce que nous recevonspar des impressions, et de ce que notre propre faculté de connaître tirerait d'elle-même.

»c) Or une théorie scientifique a un rôle unificateur, donnant cohérence aux diverses lois et aux divers secteursscientifiques : elle synthétise différents domaines de la réalité et les soumet au même formalisme mathématique ;elle intègre comme autant de cas particulier les théories antérieures comme c'est le cas avec la théorie de larelativité restreinte et généralisée.

Pour Bachelard , c'est le dialogue de l'expérimentateur et du théoricien qui constitue la base de tout travail scientifique.

Le premier est évidemment plus proche du concret et le second del'abstrait.

C'est à la croisée des chemins qu'il faut comprendre et analyser la science.

Si le théoricien annonce biensouvent un phénomène nouveau, inversement l'expérimentateur peut modifier la théorie scientifique régnante commeon peut le voir à travers l'expérience de Michelson et Morley.

Ainsi, comme le note Bachelard , dans Le nouvel esprit scientifique : « Quel que soit le point de départ de l'activité scientifique, cette activité ne peut pleinement convaincre qu'en quittant le domaine de base : si elle expérimente, il faut raisonner ; si elle raisonne, il fautexpérimenter.

Toute application est transcendance.

Dans la plus simple des démarches scientifiques, nousmontrerons qu'on peut saisir une dualité.

» Transition : Ainsi l'expérience immédiate est nécessaire tout de même à la science et constitue l'élément premier de l'expériencescientifique bien qu'elle doive s'en méfier mais prendre appui sur elle.

Il ne s'agit pas de douter hyperboliquement,donc de rompre un lien qui existe mais bien de dépasser l'alternative entre une expérience pure et immédiate et uneexpérience rationnelle.

III – Expérience, expérimentation et observation a) Si l'expérience scientifique ne doit pas rompre totalement avec l'expérience première, mais bien la dépasser, c'estparce que l'expérience immédiate ne nous instruit pas des causes et des phénomènes du monde.

Elle constitue ledivers, l'immédiat, elle ne fait que montrer.

En ce sens, l'expérience immédiate n'est qu'une observation, elle n'a pourbut que de montrer tandis que l'expérience scientifique, conduite par la raison doit nous instruire.

C'est bien ce quel'on peut comprendre à travers Claude Bernard dans son Introduction à l'étude de la médecine expérimentale lorsqu'il écrit : « L'homme ne peut observer les phénomènes qui l'entourent que dans des limites très restreintes ; leplus grand nombre échappe naturellement à ses sens, et l'observation simple ne lui suffit pas.

Pour étendre sesconnaissances, il a dû amplifier, à l'aide d'appareils spéciaux, la puissance de ces organes, en même temps qu'il s'estarmé d'instruments divers qui lui ont servi à pénétrer dans l'intérieur des corps pour les décomposer et en étudier lesparties cachées.

[…] L'expérience [scientifique], au contraire, implique, d'après les mêmes physiologistes, l'idée d'une variation ou d'un trouble intentionnellement apportés par l'investigateur dans les conditions des phénomènes naturels.

[…] L'observateur et l'expérimentateur répondraient donc à des phases différentes de la rechercheexpérimentale.

L'observateur ne raisonne plus, il constate ; l'expérimentateur, au contraire, raisonne et se fonde sur les faits acquis pour en imaginer et en provoquer rationnellement d'autres.

Mais, si l'on peut, dans la théorie etd'une manière abstraite, distinguer l'observateur de l'expérimentateur, il semble impossible dans la pratique de lesséparer, puisque nous voyons que nécessairement le même investigateur est alternativement observateur etexpérimentateur ».b) Ainsi on pourrait comprendre la distinction entre l'expérience scientifique et l'expérience immédiate comme ladistinction entre la passivité et l'activité.

L'expérience scientifique suppose toujours au moins une activité potentielde l'individu.

Il est à l'origine de l'expérience, elle est provoquée tandis que l'expérience immédiate ne connaîtjustement pas la médiation de la raison, elle est pure passivité.

Claude Bernard dans son Introduction à l'étude de la médecine expérimentale nous dit effectivement que : « Avoir de l'expérience, est-ce la même chose que faire des expériences ? Dans le premier cas, il s'agit simplement de savoir raisonner sur les faits, y compris les faits de tousles jours ; dans le second, il s'agit de se livrer à une recherche pour confirmer une hypothèse.

Etre unexpérimentateur signifie autre chose qu'être expérimenté.

Mais quelque soit son sens, l'expérience reste toujours lepoint d'appui d'un esprit rationnel ».c) Or c'est bien en ce sens encore que Duhem dans la Théorie scientifique, son objet, sa structure , nous dit que : « Une théorie physique n'est pas une explication.

C'est un système de propositions mathématiques, déduites d'unpetit nombre de principes, qui ont pour but de représenter aussi simplement, aussi complètement et aussiexactement que possible, un ensemble de lois expérimentales.

[…] Il est une circonstance où se marque, avec unenetteté particulière, notre croyance au caractère naturel d'une classification théorique ; cette circonstance seprésente lorsque nous demandons à la théorie de nous annoncer les résultats d'une expérience avant que cetteexpérience n'ait été réalisée, lorsque nous lui enjoignons cet ordre audacieux : " Prophétise-nous ".

Un ensembleconsidérable de lois expérimentales avait été établi par les observateurs ; le théoricien s'est proposé de lescondenser en un tout petit nombre d'hypothèses, et il y est parvenu ; chacune des lois expérimentales est. »

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