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Y a-t-il une explication rationnelle à tout ?

Publié le 27/02/2008

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Le hasard, les rêves, les miracles et d'autres faits réputés inexplicables semblent accréditer l'idée que la raison ne peut tout expliquer. Mais on peut se demander si ces faits sont vraiment inexplicables, ou s'ils paraissent tels parce que nous ne disposons pas encore de la méthode qui permet de les comprendre. Y aurait-il une explication rationnelle à tout ? La question est de savoir si la raison peut tout expliquer, jusqu'à rendre compte du tout lui-même, c'est-à-dire du monde en général et pas seulement de chaque fait en particulier, ou s'il faut reconnaître que certains lui sont incompréhensibles, comme le tout auquel ils appartiennent, soit parce qu'ils sont par nature inexplicables, soit parce qu'ils relèvent d'une autre faculté que la raison. Faut-il donc penser que rien n'est sans raison et que celle-ci est souveraine, aucun fait ne pouvant échapper à son empire ni à son pouvoir d'explication ? Ou faut-il convenir que celui-ci est limité et que la raison ne peut tout expliquer parce que certains phénomènes relèvent d'une autre juridiction que la sienne ? Il s'agit ici d'analyser le rapport de la raison au réel pour mesurer l'étendue de notre pouvoir de connaître. L'enjeu est de savoir si tout peut s'expliquer à l'aide d'un principe rationnel, ou si l'on peut seulement tendre vers la totale intelligibilité du monde comme un marin vers l'horizon. Tous les domaines de l'Être sont-ils arraisonnables, de l'éthique à l'esthétique en passant par la politique ? Qu'en est-il du vrai, du bien, du beau et de l'Être en général. Est-ce une illusion que de vouloir les soumettre à l'empire de la raison ? Y a-t-il autant de formes de rationalité qu'il est de domaines et de valeurs ?

« n'est que le signe de notre ignorance des causes.Leibniz distingue en effet deux types de nécessités, dépendantes elles-mêmes de deux principes distincts.

Lapremière qu'il appelle la nécessité mathématique, « métaphysique » et absolue, dépend du principe de non-contradiction qui dit que l'on ne peut simultanément affirmer et nier un prédicat d'un même sujet.

Est logiquementnécessaire ce dont la négation implique contradiction, c'est-à-dire ce qui ne peut être autre que ce qu'il est, ou cedont l'opposé est impossible.

C'est ainsi qu'il est logiquement nécessaire qu'un triangle ait trois angles.

La secondenécessité, qualifiée de « morale », dépend en revanche du principe du meilleur, aussi appelé principe de raison,d'économie, de moindre action ou de l'optimum, qui dit que la nature cherche partout à réaliser le maximum avec leminimum.

S'il n'est pas absolument nécessaire que les bulles de savons soient naturellement rondes, car on peut lesimaginer carrées sans contradiction, leur forme sphérique s'explique cependant rationnellement par le fait qu'ellesréalisent le maximum avec le minimum conformément au principe du meilleur.

Cette forme est donc moralementnécessaire, au sens où sa négation implique l'imperfection.

C'est une forme optimale.

Elle contient le maximum devolume dans le minimum de surface et s'avère donc plus économique que le cube, qui devrait avoir une surface plusgrande pour envelopper un volume égal.

C'est aussi la raison pour laquelle la lumière se propage en ligne droite, ensuivant le chemin le plus court entre deux points.Leibniz découvre ainsi que la nature est toute entière soumise au principe de moindre action, qui en explique lesformes, l'histoire, et l'existence même.

C'est le sens de l'optimisme leibnizien.

Il existe différents mondes possibles,tous non contradictoires, mais Dieu crée nécessairement le meilleur, c'est-à-dire celui qui réalise le maximum d'effetavec le minimum de dépense et optimise les possibles.

C'est notre monde, le seul réel, régi par le principe del'optimum qui commande l'existence, tandis que celui de non-contradiction règne sur les essences.

Ce monde est, ilest vrai, contingent, mais rien n'y est laissé au hasard.

Tout s'y explique rationnellement à l'aide d'un principe unique: le principe de raison suffisante qui justifie tout par l'optimum, de la beauté jusqu'à la liberté, qui n'est nil'indifférence ni le caprice, mais le choix du meilleur.

C'est le principe de la réalisation de soi et de l'optimisation deson être, conforme au principe général de la création.Mais suffit-il qu'une explication soit rationnelle pour être scientifiquement valable ? La raison suffit-elle à toutexpliquer ? ou n'engendre-t-elle que des illusions lorsqu'elle prétend expliquer seule le monde ? Sa souveraineté neréside-t-elle pas dans son autonomie et la connaissance de ses limites, plutôt que dans son pouvoir absolu ? III.

Kant : une explication purement rationnelle n'est pas nécessairement vraie Kant explique dans la Critique de la raison pure comment la raison, que l'on pensait garante de la vérité, produit desillusions dès qu'elle croit pouvoir tout expliquer seule.

Ses principes n'ont en effet de sens qu'en rapport àl'expérience et perdent toute valeur quand on les affranchit de cette dernière.

Penser n'est donc pas connaître,conclut Kant, et s'il y a une explication rationnelle à tout, cela ne signifie pas qu'elle soit vraie.La raison est en effet la faculté des principes, nous dit-il.

Les lois de la nature et les principes de la science n'ontpas selon lui leur source dans l'expérience, mais en elle.

Ces lois, comme le principe de causalité qui affirme que «tout ce qui arrive a une cause », ne peuvent en effet logiquement dériver de l'expérience, puisqu'ils sont universelset nécessaires tandis qu'elle est particulière et contingente.

Ils sont inscrits « a priori », c'est-à-direindépendamment de l'expérience, dans la raison même.

Ils sont purement rationnels, mais la raison peut en fairedeux usages différents, poursuit Kant.

Elle peut les utiliser soit en rapport à l'expérience et au monde sensible, pouren faire un objet d'étude, soit sans rapport à lui, pour le dépasser et s'aventurer dans le supra-sensible.

La raisonfait dans le premier cas un usage immanent de ses principes et constitue « l'expérience », tandis qu'elle en fait unusage transcendant dans le second et construit des « Idées ».

C'est ainsi que naît l'idée de Dieu : la raison estnaturellement conduite à faire un usage transcendant du principe de causalité qu'elle trouve a priori en elle.

Si toutce qui arrive a en effet une cause, comme le dit ce principe, chaque cause peut elle-même être conçue commel'effet d'une autre qui la précède, puisqu'elle arrive, ainsi à l'infini, sans que l'on puisse jamais trouver dans la sériedes causes une cause qui soit première.

La raison, qui l'exige cependant en vertu de son principe, forge donc l'idéed'une cause première, c'est-à-dire celle d'une cause qui ne soit pas elle-même l'effet d'un autre et qui soit donccause d'elle-même.

Cette cause de soi ne peut cependant appartenir à la série des causes et des effets quiconstituent le monde, car elle devrait pour cela avoir une cause, ce qui est exclu.

La cause du monde doit donc setrouver en dehors du monde, conclut Kant, et la raison parvient ainsi à tout expliquer seule.Mais le fait est que l'on ne parviendra jamais à vérifier ni à réfuter cette conclusion en la confrontant à l'expérience,poursuit Kant.

Son objet se trouve en effet en dehors du monde de l'expérience et le concept de Dieu n'est en cesens qu'une « Idée », c'est-à-dire un concept de la raison auquel on ne peut faire correspondre aucun objet dansl'expérience.

Il est parfaitement logique et cohérent, puisqu'il s'accorde avec les principes a priori de la pensée, dontla raison a fait un usage transcendant.

Mais il n'a aucune valeur objective puisqu'il ne peut nous faire connaîtreaucun objet dans le monde ni étendre la connaissance que nous en avons.

La distinction des Idées et des objetsconduit ainsi Kant à distinguer la connaissance et la pensée, la science et la métaphysique.

Penser consiste àraisonner de façon purement logique, en accord avec les principes a priori de la raison, mais sans rapport àl'expérience, et la raison prend alors le nom de « raison pure », tandis que connaître consiste à raisonner enrapportant ces principes a priori aux conditions de possibilités de l'expérience, c'est-à-dire à l'espace et au tempsqui sont les formes a priori de la sensibilité irréductibles à de simples concepts.

La raison qui fait alors un usageimmanent de ses principes prend le nom « d'entendement ».

C'est ce qui distingue la science de la métaphysique,conclut Kant : les théories de la première ont une valeur objective, parce que l'on peut leur faire correspondre unobjet dans l'expérience, à l'inverse de celles de la seconde qui en sont dénuées bien qu'elles soient purement. »

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