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Qu'est-ce qu'expliquer ?

Publié le 27/02/2005

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), des formes facteurs d'unité et d'activité (formes substantielles). À l'époque suivante, on a vu, dans ces substances, formes et actions, autant d'abstractions réalisées, d'ailleurs peu sûres : les énoncés sur ces entités sont invérifiables et n'ouvrent la voie à aucune activité pratique. Descartes admet encore deux substances qui se diversifient entre les phénomènes individuels. Dans le cadre du paradigme cartésien (l'explication par figure et mouvement), on ne peut pas comprendre comment la modification de l'état d'un corps a pour effet la modification d'un autre corps. Leibniz et Malebranche montrent que les relations importent plus que les substances. À l'action d'une substance qui se transporte dans une autre, et qui est inintelligible, Leibniz substitue une harmonie, c'est-à-dire une loi de correspondance entre les modifications d'individus (les monades), tous reliés entre eux. Les rationalistes classiques ne pouvaient être que très sélectifs en matière d'admission de causes, puisqu'ils exigeaient qu'elles fussent en même temps des raisons : « causa sive ratio », l'expression se trouve dans Spinoza et dans Leibniz, peut-être déjà dans Descartes (Newton lui-même emploie les termes cause ou raison pour désigner la recherche d'une explication). Les analyses psychologiques de Hume vont dans le même sens que l'épuration effectuée par l'école cartésienne ; elles suppriment la causalité transitive et ne conservent que des successions ou des concomitances constantes. Tous préparaient, à leur insu, le positivisme de l'époque suivante, qui élimine tout bonnement les causes. La réussite de la physique newtonienne contribue à faire délaisser la recherche des causes agissantes pour celles des relations quantitatives entre les phénomènes.

Loin de fournir une définition de l’explication, qui serait aussi une explication et ainsi à l’infini, il faudrait s’interroger sur son statut et aux domaines auxquelles elle s’applique. Expliquer, c’est donner les causes, rester aux plans des phénomènes et en rendre raison. Aussi, pour les mêmes phénomènes, il a existé plusieurs explications successives et parfois concurrentes. Mais, cela évite encore le problème plus fondamental, qui est ce sur quoi porte l’explication, sur les causes. Mais connaissons-nous les causes ? Avons-nous une idée du moteur de toutes choses ? N’est-ce pas faire preuve de prétention de connaître les causes dernières des choses ? Aussi, la science ne devrait se contenter que de décrire les choses et non de les expliquer. Il faudrait délimiter les domaines de la connaissance.

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