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L'expression « règne de la technique » signifie-t-elle l'absence de toute autre forme de pouvoir ?

Publié le 16/02/2004

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technique

POUR DÉMARRER    Parler de la domination souveraine de l'ensemble des procédés par lesquels on applique des connaissances scientifiques pour obtenir un résultat déterminé signifie-t-il que tous les autres modes par lesquels se manifeste la capacité de s'imposer à autrui se soient effacés ? Ce sujet se réfère à une idée dominante de notre époque, qui semble être celle du triomphe de la technique, technique qui a donné à l'homme une puissance sans précédent dans tous les domaines.    CONSEILS PRATIQUES    Réfléchissez sur la multiplicité des pouvoirs et autorités. Le concept de pouvoir est coextensif à toute la société. La domination de la technique implique d'autres formes de domination : politique, idéologique, etc. Le règne de la technique, c'est aussi celui du savoir, des idéologies, des savants, etc. Quelle notion multiple que le pouvoir, qui n'est jamais un !

* "Règne de la technique" : cette expression fera l'objet d'un examen le plus approfondi possible. La technique est d'abord un procédé économique et efficace pour produire un effet recherché. Le mot désigne aussi l'ensemble des objets artificiels et des machines.  Le mot "règne" suggère l'idée d'un envahissement, mais aussi celle d'une domination. En quel sens la technique exerce-t-elle une domination ?  * Pouvoir : capacité de contraindre, d'imposer une volonté.  * Toute autre forme de pouvoir : il peut s'agir du pouvoir politique, du pouvoir de la science, du pouvoir moral, ...  * L'absence : à travers ce mot, le sujet suggère que la technique est en mesure d'anéantir tout autre pouvoir, en tous cas de les supplanter.  

technique

« des machines a contraint à adopter de nouvelles formes de travail, dans lesquelles ce sont les impératifs defonctionnement de la machine qui s'imposent plus que le rythme du corps ou le respect du travailleur ? Dans un telcas, quel est le choix que la technique a commandé ? La réponse ici n'est pas simple car on s'aperçoit que cequ'impose la technique va de pair avec les impératifs d'une économie de productivité, de rendement et deconcurrence.

De telle sorte que si la fin souhaitable est le respect de l'homme, elle est oblitérée par les fins d'unsystème qui utilise les moyens performants de la technique.

Où l'on voit que la technique, en ce domaine, ne règnepas seule, mais conjointement avec le pouvoir économique.On peut trouver d'autres domaines où la technique impose sa loi.Sous son emprise, la politique risque de se transformer en une gestion efficace des affaires publiques confiée à deshommes reconnus pour leur compétence technique.

Les grands choix risquent d'être faits en fonction de ce qui estpossible techniquement, au détriment de ce qui est désirable pour le bien de tous.Le jugement moral risque de subir l'influence du pouvoir de la technique en prenant comme critère du bien ce qui esttechniquement réalisable. Conclure : on peut dire que la technique supplante les autres formes de pouvoir dès lors que la puissance qu'elle donne à l'homme commande ses choix, tant au niveau des moyens que des fins. Critiquer cette conclusion en réfléchissant sur le couple moyen/fin. Un moyen est destiné à être utilisé.

Mais ce qui donne sens à son usage, c'est la fin que l'on poursuit.

Ce qui donnevaleur à une action, ce n'est pas tant l'efficacité des moyens mis en oeuvre que le projet que cette action réalise.S'il en est ainsi, la réflexion sur les fins et le pouvoir de juger ce qui est le meilleur à atteindre doivent s'imposerdevant le choix des moyens à prendre.

Sinon l'action est aveugle et irrationnelle.

On peut illustrer cette idée par laquestion que Socrate pose à ses amis avant de boire la ciguë: "pourquoi suis-je ici ?".

Il serait insuffisant d'invoquerles causes mécaniques, muscles, os et tendons, pour rendre raison de sa présence dans sa prison.

La véritableraison est le jugement qu'il a fait sur ce qui était bien, en l'occurrence obéir aux lois de la Cité.

Il faut distinguer,ajoute Platon, le "ce sans quoi" quelque chose ne pourrait pas être et le "pourquoi" de cette chose. Lire : Platon, Phédon, 97-101. Perdre de vue cette distinction, c'est tomber dans l'erreur de Gorgias qui se prétendait plus puissant que le médecindu fait que lui seul était capable, par son art, de persuader le malade d'ingurgiter la potion amère.

La technique depersuasion n'est sans doute pas à condamner, faut-il encore savoir de quoi l'on persuade ! Lire : Platon, Gorgias, 455-457. Conclure : se laisser envahir par la technique, n'est-ce pas pervertir la juste hiérarchie qui doit régner entre la fin et les moyens ? Le danger d'une telle perversion existe ; c'est pourquoi il faut rétablir le pouvoir des choix politiqueset moraux en face du pouvoir de la technique.

Il en va de la conscience de l'homme. • Ce qui était en jeu. La nécessaire vigilance que la conscience doit exercer dans un monde que la technique envahit pour affirmer laprédominance des fins sur le règne des moyens.. »

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