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Extrait d'un discours prononcé le 24 janvier 1937 par V. Basch, président de la Ligue des droits de l'homme

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

discours
« Le Rassemblement Populaire n'est pas autre chose que l'union naturelle, élémentaire, due à un irrésistible réflexe de toutes les forces de gauche, dressées contre l'assaut d'un fascisme non plus camouflé, mais ouvertement, cyniquement avoué. C'est, en réalité, non en juin 35, mais en février 34, que s'est constitué le Rassemblement Populaire comme riposte au 6 février. Il est organisé avec la résolution de ne pas se dissoudre avant que ses mots d'ordre soient réalisés. Il a rédigé un programme sur lequel pût se constituer une majorité et un gouvernement stables. C'est ce programme qui a triomphé aux élections et qui a permis la constitution du gouvernement à la tête duquel est un homme dont ses adversaires, eux-mêmes, reconnaissent la haute, la lumineuse, la pénétrante intelligence toute fleurie d'humanisme et l'extraordinaire subtilité dialectique, et dont nous, ses amis, nous savons le désintéressement et la noblesse d'âme. La victoire remportée, le Rassemblement Populaire a continué l'oeuvre de conciliation et de collaboration des partis et des grandes associations professionnelles et philosophiques qui a été et reste sa tâche propre. Il ne fut pas toujours aisé de maintenir cette collaboration. Il n'y a pas si longtemps que nos adversaires ont pu espérer que notre bloc allait s'effriter, nos troupes se débander, que la cascade des Cabinets allait recommencer, et que la transformation sociale, courageusement entreprise par le ministère de Rassemblement Populaire, allait être suspendue. Mais une fois de plus, l'espoir de la réaction a été déçu. Si, sur tel point de sa politique extérieure, quelques-uns d'entre nous n'étaient pas d'accord avec le gouvernement, non quant au but poursuivi, mais quant aux moyens employés par lui, tous les partis et tous les groupements adhérant au Rassemblement lui conservaient leur fidèle attachement. Aujourd'hui, même sur ce point délicat, la pleine harmonie est faite; j'ai reçu la mission de proclamer, au nom du Rassemblement Populaire unanime, que jamais le bloc qu'il forme n'a été plus solide et plus cohérent, qu'il est résolu à rester uni à travers tous les remous de la vie nationale et internationale et à travailler avec le gouvernement Léon Blum à la réalisation de la paix, pour marquer publiquement et solennellement notre accord. »
discours

« 2 La composition du Front populaire.

En tout, une centaine d'organisations (on ne peut y adhérer individuellement) :des partis politiques (P.C., S.F.I.O., parti radical), des syndicats (C.G.T.

réunifiée en mars 1936, S.N.I....), desassociations culturelles (Ligue des droits de l'homme...).

3 Son programme.

Il est volontairement vague : dissolution des ligues fascistes, restauration de la capacité d'achatdes travailleurs (augmentations des salaires), quelques nationalisations (armement, aéronautique).

Certes, comme ledit V.

Basch, « une majorité et un gouvernement stable » pouvaient se constituer sur un tel programme.

Mais pourdonner au gouvernement les moyens de s'imposer, il aurait fallu des réformes de structures (nationalisations).

Or lesradicaux n'en veulent pas et le P.C.

non plus (il recherche un rassemblement antifasciste le plus large possible et neveut pas effrayer les radicaux et les catholiques).

4 Sa victoire.

Il s'agit des élections de mai 1936.

Les candidats du Front les moins bien placés au premier tour sedésistent au profit de celui qui arrive en tête : la S.F.I.O.

obtient 146 sièges, les radicaux 116, le P.C.

72.

Avec lespetites formations indépendantes, cela fait 381 sièges pour le Front populaire (la droite 222).

Léon Blum, chefincontesté de la S.F.I.O.

prend la tête du gouvernement socialiste et radical (le P.C.

refuse de participer : ilsoutiendra).

V.

Basch fait illusion à L.

Blum (fin du 2e paragraphe) dont il vante les incontestables qualités moraleset intellectuelles, mais le leader socialiste était-il un homme d'État? Les menaces d'éclatement du Front populaire La guerre d'Espagne.

Le discours de V.

Basch est très allusif mais tout le monde, à l'époque, pouvait comprendreque le point de désaccord en politique extérieure concernait la guerre d'Espagne qui éclate en juillet 1936.

Le P.C.,la gauche de la S.F.I.O., une bonne partie de la C.G.T., la Ligue des droits de l'homme souhaitent une interventionde la France aux côtés des Républicains espagnols (l'Allemagne et l'Italie aident puissamment le général Franco).Blum y renonce, car il ne veut pas isoler la France de l'Angleterre (qui y est hostile) et risque l'éclatement de songouvernement (les radicaux menacent dans ce cas de le quitter).

Aussi la France pratique la « non-intervention »relâchée en laissant passer par la frontière les armes et les volontaires des « Brigades internationales ».

Mais Blumest violemment critiqué sur la gauche : « Blum-la-guerre » disent les communistes qui lui reprochent égalementd'avoir reçu le docteur Schacht, ministre des Finances d'Hitler, cinq mois après la remilitarisation de la Rhénanie. 2 Les autres difficultés du Front populaire.

Ce sont les difficultés économiques.

Les grèves, les congés payés et lasemaine de 4o heures entraînent une chute de la production.

L'augmentation des salaires se répercute sur le prixdes produits français et les exportations reculent.

Les possédants, inquiets d'une dévaluation possible,convertissent leur or et leur monnaie en devises étrangères (fuite des capitaux).

En septembre 1936, Vincent Auriol,ministre socialiste des Finances, dévalue le franc d'un tiers, malgré l'hostilité des radicaux et des communistes.

Parailleurs, les socialistes et les radicaux reprochent aux communistes d'être restés en dehors du gouvernement etd'encourager les grèves qui épuisent le pays.

Aussi le climat est-il assez mauvais à l'intérieur du Front populaire audébut 1937. 3 L'optimisme de V.

Basch n'est guère justifié et la « pleine harmonie » dont il parle n'existe que dans son esprit.

Lescritiques du P.C.

redoublent quand, en février/mars 1937, Léon Blum annonce la « pause » de l'oeuvre réformatrice(il y a alors 2 % d'inflation) et les grèves reprennent de plus belle (les pavillons français ne peuvent être terminésavant l'inauguration de l'exposition des Arts et Techniques de mai 1937).

Les radicaux se montrent de plus en plusréservés, les communistes prennent de plus en plus leurs distances vis-à-vis du gouvernement. Conclusion — Un texte peu critique, destiné à soutenir les énergies, à maintenir l'espoir, au moment où la cohésion du Frontpopulaire est menacée.— Blum a échoué, non seulement parce qu'il a dû lutter sur sa droite (capitalistes, patronat) et sa gauche (P.C.

etgauchistes révolutionnaires de la S.F.I.O.), mais aussi et surtout parce qu'il a essayé un système socialiste dans uncadre capitaliste (pas de grandes réformes de structure, pas de taxation des prix).

Il a diminué le travail sansaméliorer la productivité.

« Il a fait appel à la confiance...

de ses adversaires » (Y.

Trotignon).. »

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