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Est-il facile de penser librement ?

Publié le 31/01/2004

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                Mais cette impression vient peut-être plutôt du fait que l'aliénation de la pensée est difficile à percevoir. A.      Spinoza, dans sa célèbre Lettre à Schuller nous explique que la liberté est une illusion, et rend compte du processus de cette illusion par une comparaison : celle de l'homme avec une pierre. Imaginons une pierre qui roule parce qu'on lui a donné un coup de pied. Si, tout en roulant, la pierre prenait conscience du fait qu'elle roule, elle en déduirait que, si elle roule et si elle sait qu'elle roule, c'est parce qu'elle a choisis de rouler.  Peut-être en est-il de même de la pensée : sous prétexte que nous savons que nous pensons et que tout ce que nous croyons, nous sommes conscients de le croire, nous nous imaginons que c'est librement que nous pensons. B.      Pourtant, il est évident que certaines de nos pensées sont déterminées par les circonstances sociales et historiques dans lesquelles nous vivons. C'est peut-être là le plus grand danger : c'est justement ce qui nous semble le plus naturel dont nous sommes le moins conscient. Marx dans la Préface à la contribution de la critique de l'économie politique explique qu'il faut distinguer entre une infrastructure, qui est constituée par les modes de production historiquement déterminés (par exemple le fait qu'à une certaine époque on vit de l'agriculture, à une autre plutôt de l'industrie).

Spontanément, nous avons l’impression de penser librement. En effet, si nos gestes, nos déplacements, nos actions, peuvent être empêchées par divers obstacles, par la force, par des lois ou par des règles. On peut encore contrôler et diriger nos dits et écrits. Mais nos pensées, elles, semblent entièrement libres. Pourtant, peut-être qu’au-delà de ces contraintes physiques qui ne sauraient convenir à la pensée, il existe d’autres types de contraintes à la liberté de la pensée : l’endoctrinement, la manipulation, l’éducation même sont autant de marques de l’influence d’autrui sur nos pensées. Est-il donc si facile de penser librement ? N’est-ce pas toujours prendre un risque ? Quels sont au juste ces obstacles qui nous empêchent de penser librement, puisqu’ils ne sont pas de nature physique, et comment les surmonter ? En somme, toute la question consiste à se demander ce qu'est une pensée libre, et s’il est vraiment facile de la soutenir.

« aucune trace écrite n'existe de l'ancienne alliance avec Estasia.

Or, Winston a pu trouver dans sa chambre un petitcoin qui échappe à la surveillance des caméras, un angle mort, et en profite pour tenir un journal intime.

Dans cejournal, il peut écrire que la liberté consiste à pouvoir penser que « 2+2=4 ».

Nos pensées semblent donc être notredernier retranchement face au totalitarisme : rien ne peut les contrôler. Transition : Pourtant, aux côtés de Winston, on voit d'autres personnages qui reconnaissent, sur demande expresse du parti, que 2+2=5, et Winston lui-même, à la fin du roman, finit par le reconnaitre sous la torture.

Est-il donc siévident qu'il y parait que nos pensées sont libres ? II.

Mais cette impression vient peut-être plutôt du fait que l'aliénation de la pensée est difficile à percevoir. A.

Spinoza, dans sa célèbre Lettre à Schuller nous explique que la liberté est une illusion, et rend compte du processus de cette illusion par unecomparaison : celle de l'homme avec une pierre.

Imaginons une pierre quiroule parce qu'on lui a donné un coup de pied.

Si, tout en roulant, la pierreprenait conscience du fait qu'elle roule, elle en déduirait que, si elle roule et sielle sait qu'elle roule, c'est parce qu'elle a choisis de rouler.

Peut-être enest-il de même de la pensée : sous prétexte que nous savons que nouspensons et que tout ce que nous croyons, nous sommes conscients de lecroire, nous nous imaginons que c'est librement que nous pensons. B.

Pourtant, il est évident que certaines de nos pensées sont déterminées parles circonstances sociales et historiques dans lesquelles nous vivons.

C'estpeut-être là le plus grand danger : c'est justement ce qui nous semble le plusnaturel dont nous sommes le moins conscient.

Marx dans la Préface à la contribution de la critique de l'économie politique explique qu'il faut distinguer entre une infrastructure, qui est constituée par les modes de productionhistoriquement déterminés (par exemple le fait qu'à une certaine époque onvit de l'agriculture, à une autre plutôt de l'industrie).

Ces modes deproduction, nous ne les choisissons pas : ils sont déterminés par les progrèstechnologiques et scientifiques.

Or, ce sont ces conditions matériellesd'existences qui déterminent ce que la tradition a appelé la superstructure (par opposition à l'infrastructure) : lesrapports juridiques (la propriété par exemple) mais aussi les idéologies : la religion, l'histoire, la politique, laphilosophie etc.

Tout ce qui relève de la pensée est donc déterminé par les conditions matérielles d'existence.

C'estpourquoi les hommes pensent le plus souvent que le système dans lequel ils vivent est un système naturel : pour legrec du Vème siècle avant JC, l'esclavage est un mode de production naturel, de même que les valeurs qu'ilcontient.

Pour un économiste du XIX, le système capitaliste est le seul possible et ainsi de suite.

Nous ne pouvonsdonc pas penser librement tant que nous avons le sentiment que la façon dont on vit est la seule possible et estnaturelle. C.

Platon distingue entre l'opinion et le savoir : ce qui relève de l'opinion, c'est ce que nous pensons sans trop savoir pourquoi, cela est bien souvent suffisant pour les ouvrages quotidiens que nous avons à accomplir.

Mêmecette pensée reste une pensée qui n'est pas libre, puisqu'elle n'est pas entièrement voulue et réfléchie.

Toute laméthode de Socrate consistera à faire passer de l'opinion au savoir en montrant à ses interlocuteurs que si l'onconsidère sérieusement ce qu'ils disent, on en arrive à de grandes contradictions.

Tout le processus revient àmontrer à celui qu'il interroge que ce qu'il pense, il ne sait pas pourquoi il le pense, et qu'il ne connait pas lesvéritables enjeux de ce qu'il croit. Transition : il ne va pas du tout de soi que l'on puisse penser librement sans un effort réel.

La pensée libre n'est jamais première : elle exige une sorte d'arrachement à notre comportement « naturel ».

Penser librement n'est doncpas facile, car cela comporte toujours un risque. III. Penser librement est toujours un risque A.

Kant dans Q u'est-ce que les Lumières ? définit le courant philosophique, historique et littéraire des Lumières comme la sortie de l'homme de sa minorité.

Par minorité, il faut entendre l'état dans lequel se trouve l'homme lorsqu'ilest incapable de penser par soi-même.

Dans la minorité, l'homme pense par le biais d'autrui, et non par ses propresmoyens, or, cela constitue une faut dont l'homme est responsable, parce que cela n'est nullement dû à uneincapacité de son entendement, mais « dans un manque de décision et de courage de s'en servir sans la directiond'autrui.

Sapere aude ! (ose penser) Aie le courage de te servir de ton propre entendement.

Voilà la devise des Lumières.

» Pourquoi ne pense-t-on pas librement ? par paresse et lâcheté : il est en effet plus facile de se laisser. »

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