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Est-il facile de penser librement ?

Publié le 25/03/2004

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  • a) L'opinion commune ne met guère en question notre liberté intérieure : s'il y a bien un domaine dont nous sommes maîtres, c'est celui de notre réflexion, de nos pensées, de nos « idées de derrière la tête «. Il semble évident qu'il est facile de penser librement. Penser n'est-ce pas expérimenter une liberté du vouloir ?
  •  b) Toutefois, on peut observer que nous ne choisissons pas toujours les idées qui nous viennent à l'esprit. « Hasard donne les pensées, hasard les ôte «, remarque Pascal (éd. Brunschvicg, n° 370).
  •  c) Le problème, de façon générale, se pose alors de savoir s'il est facile, voire possible, de penser librement.
  • I. Il est facile de penser librement. Penser, c'est expérimenter son libre arbitre.
  • II. Les obstacles à la libre pensée: le préjugé, l'idéologie, le fanatisme.
  • III. La liberté de penser comme maturation et conquête.

 

« c) Prénotions et idéologie • Les prénotions, nous dit le sociologue Durkheim, sont « ces fausses évidences qui dominent l'esprit du vulgaire »,et qui ont « avant tout pour objet de mettre nos actions en harmonie avec le monde qui nous entoure ».Elles nous en masquent donc la réalité, parce qu'elles ne sont pas construites pour répondre à un souci du vrai, maispour faciliter nos relations avec les autres et avec lemonde. • L'idéologie, au sens marxiste, est « la pensée théoriquequi croit se développer abstraitement sur ses propres données mais qui est en réalité l'expression de faits sociaux,particulièrement de faits économiques, dont celui qui la ni n'a pas conscience, ou du moins dont il ne se rend pascompte qu'ils déterminent sa pensée.» d) Les catégories intellectuelles de notre langue Les linguistes contemporains, rappelant que nous apprenons en même temps la parole et la pensée, suggèrent que «les "catégories mentales" et les "lois de la pensée" ne font dans une large mesure que refléter l'organisation et ladistribution des catégories linguistiques.

Nous pensons un univers que notre langue a d'abord modelé.

Les variétésde l'expérience philosophique ou spirituelle sont sous la dépendance inconsciente d'une classification que la langueopère du seul fait qu'elle est langue et qu'elle symbolise » (E.

Benveniste.

Problèmes de linguistique générale.

I, p.6).

(Cf.

les éléments d'explication du sujet 5). Transition On voit que si le « hasard » nous donne nos pensées, il n'est pas entièrement indéterminé.

Mais prendre conscienceque les pensées qui nous viennent d'abord ne viennent pas de nous, ne serait-ce pas déjà faire la preuve que, s'ilest difficile de penser librement, ce n'est peut-être pas impossible ? 2) construire et conduire sa pensée a) Se libérer des pseudo-pensées• En un sens, toute philosophie nous invite à surmonter ces pensées qui aliènent notre pensée, donc à accéder àune pensée libre, cette pensée dont tous les hommes sont capables. • Exemples :1) L'ironie de Socrate, cette pensée qui met en lumière les contradictions des « pensées » de la doxa.2) La méthode de Descartes : sa première règle est « d'éviter soigneusement (...) la prévention », de ne pas tenirpour vrai des jugements dont noue pensée n'a pas examiné librement la valeur de vérité (Discours de la méthode, 11).3) L'esprit en général, qui construit ses concepts en refusant les pièges des catégories de l'opinion, en se méfiantdes "idées" que véhiculent les mots familiers.

« Quand il se présente à la culture scientifique, l'esprit n'est jamais jeune.

Il est même très vieux, car il a l'âge desses préjugés (...) L'opinion pense mal ; elle ne pense pas : elle traduit des besoins en connaissance (...).

L'espritscientifique nous interdit d'avoir une opinion sur des questions que nous ne comprenons pas » (G.

Bachelard, LaFormation de l'esprit scientifique). • La pensée philosophique classique nous libère donc des « pensées » de l'opinion en nous montrant que cesdernières ne sont que de pseudo-pensées, des fantômes de pensées qui ne résistent pas à l'examen. b) Une pensée libre, mais non gratuite ou insensée • La difficile libération de la pensée ne conduit pas nécessairement à penser n'importe quoi, n'importe comment.

Unepensée facile, parce que gratuite, contradictoire, est-elle une pensée véritable ? Pour le philosophe, une vraiepensée est intelligible : à la fois ma pensée et celle que tu peux penser, celle que tu pourrais comprendre comme jel'ai moi-même comprise, telle que tout homme pourrait la faire sienne. • Un exempleLorsque je connais la démonstration d'un théorème ou lorsque je comprends un raisonnement philosophique, je nereçois pas une pensée étrangère, extérieure, plus ou moins aliénante pour ma propre pensée ; rien n'est en effet «entré » dans mon esprit : simplement, mais c'est essentiel, une pensée est devenue ma pensée ; cette pensée n'estni une idée toute faite, sans fondement, ni une idée gratuite, également sans fondement Ainsi ma pensée est librequand elle obéit à ses propres exigences, qui sont les exigences de toute pensée.

Telle serait la difficile autonomiede la pensée. c) Transition Pour définir ce qu'est un être qui pense, Descartes nous dit que c'est un être « qui doute, qui affirme, qui nie, quiconnaît (...), qui ignore (...), qui aime, qui hait, qui veut, Oui ne veut pas, qui imagine aussi, et qui sent »(Méditation III).

Le mot pensée, en un sens large, déborde les opérations intellectuelles de connaissance pour. »

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