Devoir de Philosophie

Est-ce faiblesse que de croire ?

Publié le 12/01/2004

Extrait du document

Introduction.

La philosophie contemporaine a été ouverte par l'ère du soupçon : les analyses de Freud et de Nietzsche ont contribué à marginaliser la croyance, et à marginaliser une foi démasquée et démystifiée. Pourtant, la foi n'estelle que l'expression de la faiblesse humaine ? Ne peut-elle en un autre sens être l'expression d'une force d'âme et d'un courage capable d'en remontrer à tous les rationalismes ? la foi est-elle faiblesse ou force ?

I - L'illusion religieuse cristallise les peurs humaines.

a) La religion est née de la peur : l'idée est à présent courante, tant les penseurs du soupçon que furent Freud et Nietzsche l'ont popularisée. « Toute religion est née de la peur et du besoin, c'est par les voies de la raison égarée qu'elle s'est insinuée dans l'existence « dit par exemple Nietzsche dans Humain trop humain...

La faiblesse, parce qu’elle consiste en une absence de force, d’énergie physique, morale ou intellectuelle permettant à une personne de s’imposer ou d’agir, permet de rendre compte d’un certain type de croyance : celui qui croit est victime d’illusions, de préjugés ou d’opinion car il ne dispose pas de la volonté nécessaire à l’exercice de l’esprit critique et de la raison. Pourtant, croire, en tant qu’il s’agit d’un acte d’attribution d’une valeur de vérité, semble tout de même impliquer la volonté du sujet qui croit. La croyance n’est pas seulement subie mais elle semble aussi d’une certaine façon produite. Dès lors, est-ce faiblesse que de croire ou bien peut-on soutenir que croire implique un investissement ferme et volontaire du sujet ? La croyance doit-elle être valorisée ou dépréciée ?

« III - La certitude est plus consolante que la foi. a) La faiblesse de la croyance peut à bon droit être dénoncée si la foi est refuge ou consolation.

Mais ce que Pascalveut établir, c'est que la vraie foi ne peut pas être une vérité consolante : la consolation est indigne de la croyanceet ne saurait être capable d'assurer le salut.

Or la vraie foi n'a rien de consolant, elle ne se complaît pas dans laplatitude béate du pharisianisme : elle est au contraire tragique.

Pascal peut donc dire : « Athéisme marque deforce d'esprit, mais jusqu'à un certain degré seulement » (Pensée 225).

Le critère est ici celui de la certitude :l'athéisme n'exprime en rien la force s'il est buté d'avance dans une certitude facile.

En ce sens, ce n'est pas la foiqui est faible mais la certitude : une foi trop certaine est aussi suspecte qu'un athéisme trop sûr de lui. Il reste à montrer enfin qu'entre la Foi ou la Théologie et laPhilosophie il n'y a nul commerce, nulle parenté ; nul ne peutl'ignorer qui connaît le but et le fondement de ces deux disciplines,lesquels sont entièrement différents.Le but de la Philosophie est uniquement la vérité ; celui de la Foi,comme nous l'avons abondamment montré, uniquementl'obéissance et la piété.

En second lieu, les fondements de laPhilosophie sont les notions communes et doivent être tirés de laNature seule ; ceux de la Foi sont l'histoire et la philologie etdoivent être tirés de l'Écriture seule et de la révélation (...).La Foi donc reconnaît à chacun une souveraine liberté dephilosopher ; de telle sorte qu'il peut sans crime penser ce qu'ilveut de toutes ' choses ; elle condamne seulement commehérétiques et schismatiques ceux qui enseignent des opinionspropres à répandre parmi les hommes l'insoumission, la haine,l'esprit combatif et la colère ; elle tient pour fidèles, au contraire,ceux-là seulement qui, dans la mesure où leur Raison et leursfacultés le leur permettent, répandent la Justice et la Charité. Vivre selon la raison : telle est pour Spinoza la voie qui mène à la vérité,et donc à Dieu.

Mais quel Dieu ? Et s'agit-il d'une religion ? Spinoza oppose foi et philosophie, tant en ce qui concerne leurs fondements que leur finalité.

La foi repose surla révélation et vise à l'obéissance, et non à la vérité : l'Écriture ne condamne pas l'ignorance maisl'insoumission.

Devant ces deux voies, le choix de Spinoza apparaît entre les lignes : seule la philosophieconduit au salut, c'est-à-dire à la libération à l'égard de la servitude des peurs et des passions.

Cette voierepose sur le gouvernement de la raison, et non sur la soumission de celle-ci à la croyance et aux préjugés.

Deplus, si elle mène à la vérité, elle mène aussi à Dieu.Mais le Dieu de Spinoza n'est pas celui des religions historiques, chrétienne ou autres : il n'est ni transcendant(extérieur et supérieur au monde), ni providentiel (bon et justicier), ni anthropomorphe (sujet personnel, douéde volonté, et que l'on peut prier).

Il est au contraire immanent, c'est-à-dire confondu avec le monde : « Deussive Natura » (« Dieu, ou bien la Nature »).

Dieu est une substance infinie et éternelle, constituée par uneinfinité d'attributs.

Tout « objet », y compris l'être humain, est un mode, une manière d'être de cettesubstance infinie.

Dieu est également présenté comme cause de soi, une essence qui se confère à elle-mêmesa propre existence.C'est à tort que les juifs et les chrétiens de son époque (notamment Pascal ) accuseront Spinoza d' athéisme . Sa philosophie est plutôt de type panthéiste, puisque, selon lui, Dieu est partout présent, les choses produitespar Dieu sont en Dieu, et non en dehors de lui.

Le monde est soumis au déterminisme : il n'y a ni liberté nihasard dans l'univers, mais un enchaînement nécessaire de causes et d'effets.

Et c'est en accédant à laconnaissance de ces lois que l'homme parvient à la libération, au bonheur et au salut.

En ce sens, même si lapensée de Spinoza ne laisse aucune place pour l'au-delà, on peut la considérer comme une religionphilosophique.Pour avoir nettement distingué foi et philosophie, le texte se termine par des allusions à la tolérance : on doitpouvoir librement philosopher, sans égard pour les dogmes.

Le propos de l'ouvrage est en effet, commel'indique son titre, autant politique que théologique ou philosophique : il plaide pour la liberté de penser dans unÉtat libre. b) L'enjeu de la question posée se comprend alors entre deux extrêmes, les deux facilités : le dogmatisme, c'est-à-dire la prétention à détenir une vérité absolue et exclusive ; et le scepticisme, qui professe qu'aucune idée ne vaut.Le scepticisme de Montaigne est un exemple de cette recherche d'équilibre : ce n'est pas un scepticisme de repli,sûr et facile, mais l'affirmation que la vérité ne se possède pas.

Cela n'empêche pas Montaigne d'exalter la valeur dela vraie foi, qui doit refuser la faiblesse : « Quelle foi doit-ce être, que la lâcheté et la faiblesse de coeur plantenten nous et établissent ? Plaisante foi qui ne croit ce qu'elle croit que pour n'avoir le courage de le décroire ! »(Essais, II 12). Il y a trois chemins du philosophe en quête de vérité : dire qu'il l'a trouvée, ou qu'on ne peut la trouver, ou qu'il la. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles